Ces hallucinations marocaines sur des «mercenaires» algériens en Ukraine
Par Kamel M. – Les services secrets marocains sont à court d’imagination. Pour accabler l’imperturbable voisin de l’Est, ils inventent des histoires à dormir debout. Ainsi, selon un organe de propagande directement rattaché à la DGED, «l’Algérie fournit le deuxième contingent en Afrique de mercenaires pour l’Ukraine» (sic). Objectif hypothétique : semer la zizanie entre Alger et Moscou. Cette «révélation fracassante» est venue s’ajouter à une information sur la récupération par les autorités marocaines d’un terrain appartenant à l’Algérie à Rabat. Une information censée être interprétée comme une réponse à l’affaire d’El-Arja, en ce mois de Ramadhan où le Makhzen est perturbé par l’engouement des Marocains pour les dattes algériennes, les meilleures au monde, malgré une campagne enragée des moucherons du couple Hammouchi-Mansouri sur une prétendue contamination aux pesticides. A Alger, on affirme qu’il sera répondu à cette énième provocation en temps voulu.
Pour revenir aux «mercenaires algériens» qui «se battent aux côtés de l’armée ukrainienne contre la Russie», la propagande marocaine se fourvoie dans un jeu puéril, en balançant de faux tuyaux vite démentis par la Russie elle-même. En effet, l’armée russe a rendu publique une liste de mercenaires tués ou arrêtés, dépassant les 13 000, dont près de 6 000 ont été abattus depuis le début de l’opération militaire spéciale, nous apprend Sputnik, qui se réfère aux statistiques du ministère russe de la Défense.
Détaillant les chiffres, le média russe francophone précise que la Pologne occupe la première place avec 2 960 mercenaires, suivie par les Etats-Unis (1 113), la Géorgie (1 042), le Canada (1 005), la Grande-Bretagne (822), la Roumanie (784), la France (356), l’Allemagne (235), la Croatie (335), la Colombie (430), le Brésil (268), le Nigeria (97) et l’Australie (60). Comme il est facile de le constater, il n’y a donc point de mercenaires algériens, ni en Ukraine, ni à Gaza, ni ailleurs. Cependant qu’Ali Lmrabet a révélé que des soudards marocains participaient aux crimes contre l’humanité aux côtés de l’armée israélienne à Gaza. Selon le journaliste marocain, des dizaines d’entre eux ont été tués ou faits prisonniers par la résistance palestinienne. L’information rapportée par cet opposant rejoint celle du journal en ligne espagnol El-Mundo, qui confirme la présence de nervis espagnols, albanais, français, indiens, arabes et africains recrutés par le régime de Tel-Aviv pour appuyer ses troupes dans son massacre contre les populations civiles dans l’enclave palestinienne assiégée.
L’enrôlement de mercenaires marocains, avec le plein consentement du Makhzen, corrobore ce qu’affirmait l’écrivain et penseur antisioniste Jacob Cohen à Algeriepatriotique, lorsqu’il faisait remarquer que «la monarchie marocaine n’a plus rien à refuser à son protecteur et allié israélien». De son côté, Mohamed Salem Ould-Salek, l’ancien ministre sahraoui des Affaires étrangères, indiquait, dans un entretien à notre site, en 2016 déjà, que «des dizaines de conseillers israéliens sont dans les services de renseignement et dans l’armée marocaine». «Par conséquent, expliquait-il, ce sont eux les faiseurs de la politique intérieure et extérieure du Maroc.»
«C’est pour cette raison, d’ailleurs, que le Maroc avait renoué, d’une manière rapide, avec Israël. Il n’y a qu’à lire la presse marocaine qui parle de la facture des importations marocaines en provenance de l’Etat hébreu, qui frôle les 400 millions de dollars. Il y a une politique de rapprochement très apparente entre les deux pays», faisait constater l’actuel conseiller diplomatique du président Brahim Ghali, qui précisait que «les militaires israéliens les plus extrémistes sont des séfarades marocains».
Le recrutement de ces mercenaires et leur envoi sur le terrain des opérations se font par le biais de la société Black Shield, a fait savoir le journal espagnol El-Mundo, une entreprise spécialisée dans la sécurité privée et de gardiennage qui forme et emploie «des agents de sécurité, des conducteurs de chien, des agents de sûreté et d’autres profils».
Les mercenaires marocains ont, faut-il le rappeler, déjà fait parler d’eux durant la guerre civile espagnole, quand ils se sont enrôlés par milliers dans les rangs des milices du général Franco, entre 1936 et 1939. Ils ont également les mains maculées du sang des Algériens massacrés le 8 mai 1945, prenant part aux côtés de l’armée coloniale française, qui a tué 45 000 manifestants pacifiques à Sétif, Guelma et Kherrata.
K. M.
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