Israël hors-la-loi ou l’antimonde dans une bulle d’impunité
Une contribution de Mourad Benachenhou – «Nous sommes des juifs antisionistes et nous voyons un génocide se dérouler à Gaza. En tant que juifs, nous condamnons ce qu’Israël fait à Gaza. Tout massacre de masse ne salira pas seulement les mains d’Israël, mais également celles de l’Amérique. Nous rejetons également l’hyperfixation sur le Hamas qui a englouti la politique américaine, et nous considérons que cette récente attaque comme le résultat de crimes et de sièges israéliens qui ont duré des décennies. Ce fait a été affirmé par les dirigeants de l’opposition israélienne, les groupes d’anciens combattants et les journaux. Entre 2000 et la récente vague de violence, plus de 40 000 Palestiniens ont été tués par des Israéliens, selon le groupe de défense des droits de l’Homme B’Tselem, contre 1 329 Israéliens par les Palestiniens – une différence huit fois supérieure.» «Les décennies entre 1948 et 2000 sont remplies de dizaines de milliers de morts supplémentaires – en grande partie Palestiniens. L’histoire de ce conflit, les chiffres le montrent clairement, a été l’histoire d’une mort et d’un déplacement écrasants de Palestiniens.» (Ellen Brotsky et Ariel Koren.) (*)
Selon le Traité international de 1948, le génocide est un crime contre l’humanité si horrible qu’il est non seulement imprescriptible, mais qu’il oblige les Etats signataires à intervenir directement contre le pays où il est commis, compte tenu du droit de ce pays à arguer du fait que sa souveraineté nationale ne saurait être violée en quelque circonstance que ce soit.
Israël : un membre de l’ONU exempt des lois internationales
Bien que n’étant qu’une colonie de peuplement, dont 84% de la population juive ont une double nationalité, et dont l’histoire de sa création n’a rien d’inconnu, «Israël» est un «membre légal de la communauté internationale» ; il a sa place dans les organismes internationaux comme l’ONU. Aussi est-il sujet légal international, jouissant des mêmes droits et tenu aux mêmes obligations que tous les autres Etats.
Qu’il soit en train de commettre le crime de génocide, et qu’il soit, au sens du droit international, un occupant armé de la Palestine, dont Gaza fait partie, nul ne le conteste, y compris l’Etat qui assure son protectorat et qui lui fournit 80% de ses armes et de ses munitions.
Pourtant, il semble bien qu’il jouisse d’un statut spécial dont on ne trouve aucune trace dans le vaste compendium du droit international écrit ou coutumier. Et il échappe totalement à la législation internationale et aux mesures sanctionnant les récalcitrants de la «communauté internationale» qui en violent les lois.
L’holocauste et l’antisémitisme ne peuvent justifier le génocide du peuple palestinien
Même lorsqu’il proclame qu’il commet délibérément un crime contre l’humanité en continu, reconnaissant sa culpabilité, il se présente comme la «victime d’attaques non justifiées» dont la seule motivation serait «une haine incassable» contre le «peuple juif» de la part de «fanatiques extrémistes» irrationnels qui «chercheraient sa perte» par purs «sentiments d’antisémitisme» et pour «répéter l’holocauste» dont les juifs n’ont, d’ailleurs, pas été les seules victimes.
Toute cette rhétorique ne prouve ni l’innocence d’Israël, ni son droit à une immunité permanente, quelque condamnable que soit son objectif déclaré d’éliminer radicalement le peuple palestinien.
Alors que l’on fait croire que l’on soutient sans réserve l’Ukraine contre un «Etat hors la loi» et qu’on tente d’abattre cette puissance nucléaire, en lui imposant un état de siège total, et en soumettant ses dirigeants à des mandats d’arrêt internationaux, la clique de criminels qui règne en Israël demeure non seulement impunie, mais continue à bénéficier d’un soutien politique et militaire illimité de la part de cette même «communauté» qui crie jour et nuit au scandale de ce qui se passe en Ukraine.
En conclusion
Tout en se proclamant «membre de la communauté internationale, Israël est protégé par une bulle et forme un antimonde où toutes les lois internationales et les règles éthiques universellement acceptées sont foulées aux pieds, où les droits de l’Homme sont les privilèges exclusifs d’une seule catégorie de groupe ethnico-religieux, où les bourreaux jouent aux victimes, et où les victimes sont traitées comme des bourreaux, etc. Jusqu’à quand cet antimonde va-t-il continuer à être toléré par cette fameuse «communauté internationale» ?
Devant la barbarie «juive» qui a atteint une violence rare depuis le 7 octobre 2023, peut-on encore proclamer, comme le font les dirigeants «des démocraties avancées» qu’Israël partagerait avec elles «des valeurs communes» qui justifieraient l’appui illimité, tant politiquement que militairement et sans réserve, qu’elles lui apportent, tout en multipliant les déclarations rhétoriques verbales «humanitaires» et les paroles de commisération envers le peuple palestinien ?
Le comble de la cruauté, du cynisme et de l’hypocrisie «humanitaire» que n’accompagne aucune sanction directe et immédiate contre les perpétrateurs juifs sionistes n’atteint-il pas des sommets qui enlèvent toute crédibilité à la gesticulation actuelle autour du drame du peuple palestinien ?
Alors qu’Israël insiste, et persiste, dans sa volonté d’achever le génocide programmé du peuple palestinien, quoi qu’il en coûte, et quelles que soient les protestations timides des puissances du monde, les appels à «une solution politique», sans mesures concrètes de coercition puissantes qui les accompagnent, ne sont-ils pas en fait un encouragement aux dirigeants sionistes de compléter ce génocide ? Une tape sur les mains du criminel ne l’empêche pas de continuer à commettre ses crimes, et n’innocente pas celui qui l’admoneste de l’accusation de complicité active avec lui.
Le temps n’est-il pas venu de proclamer qu’Israël est un Etat voyou qui mérite d’être banni de la communauté internationale, et dont tous les dirigeants devraient faire l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cours pénale internationale ?
Il est difficile, sinon impossible, de comprendre que le chef d’Etat d’une superpuissance et ses collaborateurs soient l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la Cour pénale internationale pour avoir fait évacuer des enfants en péril dans des zones de guerre, tandis que les dirigeants sionistes qui, en cinq mois d’opérations d’extermination contre le peuple palestinien, ont déjà à leur actif le meurtre de plus de 12 000 enfants sur les quelque 33 000 victimes, sans compter les disparitions, la famine, l’épouvante et la terreur qui font partie de chaque seconde du quotidien des survivants, et les destructions massives, continuent à perpétrer leur projet génocidaire, qu’ils ne cachent nullement.
K. B.
(*) We’re anti-Zionist Jews and we see genocide unfolding in Gaza | Ellen Brotsky and Ariel Koren
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