A qui profite la dégradation des relations entre l’Algérie et ses voisins malien et nigérien ?
Une contribution de M. Boumaza – Disons-le d’emblée et sans ambages : pourquoi tous ces faux procès, tous ces mensonges contre l’Algérie ? D’abord, les nouvelles autorités maliennes ont accusé l’Algérie d’attenter à l’intégrité du Mali à travers les accords d’Alger. Or, comme nous l’avons rapporté dans un précédent article, rien n’est plus faux.
Les accords stipulent clairement que les parties signataires doivent «se soumettre sans conditions au principe d’intangibilité des frontières». Aussi, à moins de souffrir de cécité ou de grave myopie, il n’est pas possible de distordre, ni d’occulter cette réalité.
Sauf à considérer que les recommandations d’Alger d’intégrer les Maliens du Nord dans l’armée et autres institutions nationales ou de développer cette région sont, par je ne sais quel lien logique, de nature à menacer l’intégrité territoriale du pays.
Pour ce qui nous concerne, nous pensions pourtant de bonne foi que cela participait, au contraire, de la cohésion nationale. Mais sans doute quelque chose nous échappe-t-elle ? Peut-être exclure et combattre une partie de la population qui demande une meilleure répartition des richesses est-elle une meilleure stratégie ?
Mais allons jusqu’au bout du raisonnement selon lequel l’Algérie aurait des intentions hostiles. Ne pense-t-on pas qu’il lui serait aisé de fournir en armes et moyens logistiques tous les mouvements séparatistes ou de leur ouvrir des représentations officielles sur le territoire algérien ? Elle pourrait encore appuyer leurs revendications au sein des institutions internationales, etc. Mieux, ou pis encore : en restant tout simplement neutre dans le conflit opposant la France et la CEDEAO au Mali et en laissant son ciel ouvert aux avions militaires français, elle aurait, sans bouger le petit doigt, atteint cet obscur objectif hostile qu’on lui prête.
Que les autorités maliennes s’interrogent. Qui a armé, formé et financé des groupes terroristes dans la région (Mujao, Boko Haram, etc.) ? Ceux-là même qui sont derrière ces attaques contre l’Algérie. Des Etats croupions, sans envergure, à la solde de l’impérialisme et du sionisme. Car c’est ainsi que procèdent les maîtres occidentaux : lorsqu’ils sont chassés par les populations enfin conscientes et réveillées, ils envoient leurs vassaux pour les ramener insidieusement et subrepticement dans leur précarré.
Or, aucun de ces pays fantoches artificiellement créés par l’impérialisme, principales sources de financement et de formation (mais non pas les cerveaux, ceux-ci en étant dépourvu), n’a souffert des affres du terrorisme comme l’Algérie. Et dans la lutte contre ce fléau, elle a une expérience reconnue à l’échelle internationale.
Néanmoins, les autorités maliennes ont décidé de se passer de l’aide algérienne après qu’elles l’aient sollicitée dans un premier temps. Enième revirement après une énième ingérence des puissances coloniales et de leurs vassaux.
L’Algérie en prend acte et, même si elle ne le comprend pas, respecte leur choix, car il n’est pas dans sa doctrine de s’imposer, ni de s’ingérer dans les affaires internes de pays tiers. Nous souhaitons donc le plus grand succès au peuple malien car, nous le répétons à qui veut l’entendre, un Mali (de même qu’un Niger) stable et prospère est dans notre plus grand intérêt.
Autre coup d’éclat médiatico-diplomatique : le rappel de l’ambassadeur algérien par les autorités nigériennes. Ici, l’on reproche à l’Algérie la reconduite aux frontières des migrants illégaux.
Comment qualifier ces agissements lorsque l’on sait que cette reconduite aux frontières entre dans le cadre des relations bilatérales établies de longue date entre les deux pays, qu’elle est par conséquent régie par un accord avec le Niger, qu’elle se fait en coordination avec les institutions, notamment militaires, de ce pays, et que ces dernières doivent prendre en charge les migrants à partir de l’endroit convenu et préalablement communiqué par les homologues algériens ?
Aussi est-il inutile de diffuser de faux témoignages de mauvais traitements ou des vidéos tronquées laissant accroire que l’Algérie a laissé des dizaines, voire des centaines d’individus à l’abandon au milieu du désert. Ces «preuves à conviction» ne pourront avoir in fine comme conséquence que d’incriminer les autorités qui ne les prendraient pas en charge au plus tôt dans leur territoire. Et soit dit en passant, le Niger n’a pourtant pas hésité à voler à l’appel du Maroc, un royaume criminel qui a assassiné des centaines de migrants, dont des ressortissants nigériens…
Qu’est-ce donc qui a changé ? Pourquoi ces revirements, ces retournements dans les relations entre nos pays ? Et pourquoi sont-ils si rapprochés et semblent coordonnés, comme sous l’impulsion d’un mot d’ordre ? Un mot d’ordre émanant d’ennemis qui ne veulent pas du bien, ni à ces pays ni à la région.
Quant à l’Algérie, nous savons qu’elle est la cible de l’impérialisme depuis son accession à l’indépendance car elle fait obstacle à leur projet de recolonisation du continent. Que cela plaise ou non, c’est l’Algérie qui a protégé le Mali et le Niger d’une agression militaire imminente, et c’est encore ce pays qui s’est proposé pour développer les infrastructures et, partant, la sous-région en consacrant un budget conséquent pour la réalisation de ce projet, un projet, dont les principaux bénéficiaires sont les populations locales.
Et le pays des martyrs, qui a payé le prix fort pour arracher son indépendance, continuera de lutter pour sa souveraineté ainsi que celle de pays amis, au grand jour comme dans la discrétion, quelles que soient les contingences du moment car les dirigeants vont et viennent mais les peuples restent.
L’histoire jugera et prouvera, une fois de plus, la justesse de la vision algérienne ; quant aux peuples du Sahel qui connaissent les Algériens, ils savent déjà qui sont leurs vrais amis.
M. B.
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