De nouvelles manifestations de sujets marocains demandant à vivre en Algérie
Par Houari A. – Les échos qui parviennent des Marocains émigrés en Algérie à ceux qui sont restés là-bas incitent de plus en plus de sujets de Mohammed VI à vouloir tenter leur chance et chercher une vie meilleure chez nous. Des mouvements de foule sont constatés régulièrement non loin des frontières terrestres, dont un vient de se produire à nouveau. En effet, des centaines de Marocains manifestent, sous un blackout médiatique total, contre la misère et l’injustice et demandent à entrer en Algérie, où ils disent vouloir vivre dignement. «On crève de faim, ouvrez-nous les frontières et laissez-nous partir en Algérie !» crient ces manifestants de plus ne plus nombreux à se plaindre des conditions de vies intenables au royaume du haschisch et de la prostitution.
Ils sont déjà près d’un million sur le territoire algérien. En situation irrégulière pour la plupart. Leur nombre pourrait doubler en peu de temps, si l’on en croit les échos alarmants qui nous arrivent du Maroc, où la situation sociale est explosive. Non seulement l’écrasante majorité des Marocains souffre d’une paupérisation rampante, mais les vidéos postées par leurs concitoyens établis en Algérie les poussent à chercher à franchir coûte que coûte la frontière pour s’y installer à leur tour.
En effet, les ressortissants marocains établis dans notre pays s’efforcent de démontrer à leurs compatriotes que les informations relayées par les outils de propagande marocains et les moucherons des services secrets de Yassine Mansouri au sujet de la situation en Algérie ne sont qu’un tissu de mensonges et que la vie chez le voisin de l’Est est nettement meilleure que chez eux. Ces Marocains vivant en Algérie filment notamment l’abondance des produits de large consommation et comparent leurs prix avec ceux pratiqués au Maroc, souvent trois fois plus cher.
Les Marocains se plaignent de l’absence de toute protection sociale et du grand écart qui sépare une fine couche de Marocains privilégiés, généralement proches de la famille régnante prédatrice, et une écrasante majorité de citoyens qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, en raison d’une inflation exponentielle et d’une répartition inégale du peu de richesses dont jouit ce pays surendetté, qui vit d’un tourisme en déclin et de l’exploitation illégale des ressources naturelles sahraouies.
Certains d’entre eux vont jusqu’à exhorter le président Tebboune à intervenir pour mettre fin à l’injustice qu’ils subissent de la part de responsables politiques locaux véreux qui règnent en véritables roitelets, accaparant les biens d’autrui et empêchant les pauvres citoyens marocains d’exercer une activité qui leur permette de nourrir leur famille, leur saisissant leurs commerces de fortune et les poussant parfois au suicide, comme ce fut le cas à Al-Hoceima, en 2017. Un Marocain en colère, victime d’un déni de droit, a supplié des passeurs de l’aider à franchir la frontière clandestinement pour se réfugier en Algérie. «Dussé-je vivre dans une décharge là-bas, je serais plus heureux qu’ici», a-t-il clamé, aigri.
Dans les villes frontalières de l’est du royaume, les populations qui vivaient tant bien que mal de la contrebande, ont vu leur activité illégale – mais tolérée – interrompue, après que les autorités algériennes ont décidé de verrouiller hermétiquement la frontière déjà fermée, à cause de l’arrogance du régime monarchique de Rabat. Des familles entières menacent de franchir cette dernière pour s’établir en Algérie, où la vie est plus clémente, estiment-elles. «Nous vivions grâce aux produits alimentaires et au carburant que nous faisions rentrer d’Algérie et, à cause du Makhzen, nous en sommes désormais privés et aucune alternative ne nous a été offerte par nos dirigeants», s’insurgent ouvertement ces Marocains abandonnés par leur gouvernement et qui sont dans un désarroi tel qu’ils n’ont plus peur d’exprimer leur ras-le-bol.
H. A.
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