Ce message que Mohammed VI a chargé Benkirane de transmettre aux Algériens
Par Abdelkader S. – Tout ne se passe pas comme les conseillers avaient promis au roi du Maroc. Après la décision de l’Algérie de fermer les vannes du gaz naturel, le Makhzen croyait pouvoir se passer de cette ressource qui lui était fournie à un prix préférentiel via le gazoduc qui relie l’Algérie à l’Espagne en traversant le territoire marocain, et compter sur l’Espagne, Israël, la France et même les Etats-Unis pour compenser la rupture des livraisons par l’Algérie. Il n’en fut rien. Si, durant les premiers mois, la situation semblait gérable, avec le temps, les caisses se vidant et les solutions de rechange s’amenuisant, le régime monarchique de Rabat fait face, désormais, à une situation sociale explosive, en raison de son incapacité à continuer à subventionner la bouteille de gaz butane.
Ne pouvant avouer sa déconvenue lui-même, au risque de subir une avanie, le roi du Maroc a chargé son ancien Premier ministre Abdelilah Benkirane de transmettre un message lénifiant à l’Algérie, dans un enregistrement vidéo diffusé à large échelle. L’ancien chef du gouvernement islamiste explique, dans sa sortie médiatique sur les réseaux sociaux pour éviter de conférer à son appel un caractère officiel, avoir été reçu par Mohammed VI qui lui a indiqué que le Maroc «ne soutient pas le mouvement séparatiste [MAK], ne nourrit aucune intention hostile envers l’Algérie et ne vise pas à porter atteinte à son intégrité territoriale». Benkirane a ajouté que ni le Maroc ni l’Algérie ne devaient chercher à prendre le dessus l’un sur l’autre et que le salut des deux pays «réside dans une entente pérenne, d’autant que les deux peuples se vouent une grande estime mutuelle».
Ce discours élogieux s’apparente à un appel du pied venant d’un voisin de l’Ouest aux abois, qui fonce droit vers une crise sociale inédite porteuse d’un soulèvement violent pouvant aller jusqu’à la chute du trône. Les conséquences des choix hasardeux de Mohammed VI et son mauvais conseilleur André Azoulay commencent à transparaître au travers du déclin économique et de l’isolement diplomatique sur le plan international. Un isolement confirmé par l’intrusion du représentant permanent du Maroc aux Nations unies dans une réunion sur l’UNRWA à laquelle il n’avait pourtant pas été convié. Signe d’une terrible décadence d’un pays livré aux lubies d’un roi et de son entourage qui mènent une guerre sourde pour la succession.
Il va de soi que le message que Mohammed VI a tenté de transmettre à travers son ancien Premier ministre est un énième coup d’épée dans l’eau. La position de l’Algérie envers le Makhzen ne changera pas tant que ce dernier ne rompra pas ses relations avec Israël, ne cessera pas ses actions hostiles menées avec son complice émirati et ne se départira pas de son attitude arrogante mal placée. Pour pouvoir réintégrer l’espace maghrébin, il devra admettre la taille réelle qui est la sienne : celle du pays pauvre qui ne peut se passer de l’aide de l’Algérie.
A. S.
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