Comment Emmanuel Macron a porté l’extrême-droite au pouvoir en France
De Paris, Mrizek Sahraoui – Le verdict des élections européennes est tombé ce dimanche soir : un raz-de-marée en faveur de la liste des racistes de l’extrême-droite. La liste du parti présidentiel n’a, elle, recueilli que 15,4%, loin derrière celle du parti du clan Le Pen – 32%, résultats à affiner –, désormais premier parti de France, dont le chef a parlé, après l’annonce des résultats, de «vent d’espérance», quand les faits, eux, parlent de vent de désespoir. La flûte désenchantée – qui n’amuse plus les Français – n’a pas sauvé la liste macroniste, bien que le Président lui-même n’en ait pas fini de prêcher et de patrociner jusqu’à la veille du scrutin. C’est même un crash-test fatal que vient d’essuyer le régime de Macron, idéologie abstruse, un euphémisme dont l’avenir se conjugue au passé.
Non seulement Emmanuel Macron a perdu, mais il voit l’extrême-droite raciste et xénophobe s’installer définitivement dans le paysage politique comme une force politique normale, prête à gouverner, un péril majeur pour la République. Plane, en effet, le spectre, le jour où le Rassemblement national sera à l’Elysée, d’une guerre civile, la société ayant été fracturée à cause d’une politique d’une brutalité inouïe menée au pas de charge par un Président soucieux de gaver les riches, tout en appauvrissant les pauvres. Un Président qui, dans le même temps, est plus enclin à s’agenouiller devant Benyamin Netanyahou qu’à dénoncer le génocide qui se commet à Gaza, plus porté à faire de son pays le vassal des Etats-Unis qu’à garder le statut de la France gaullienne.
D’aucuns prédisent même à la France un scénario semblable à celui de l’Allemagne des années 1930. D’évidence, l’extrême-droite est aux portes du pouvoir, avec les conséquences que chacun peut imaginer. Et avec, donc, la forte probabilité que le Rassemblement national gagne les législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet prochains – Macron ayant décidé de dissoudre l’Assemblée nationale – et en 2027, l’actuel pensionnaire de l’Elysée pourrait, dit-on, passer dans l’histoire comme le Paul Von Hindenburg français.
Les connaisseurs de la vie politique française ont alerté depuis un moment sur le danger de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en France. Ils parient sur une victoire de celle-ci bien plutôt que prévu. Les sondages, l’un après l’autre, ont confirmé leurs dires, à ce stade en tout cas. Et les élections européennes de ce 9 juin servent, en réalité, de première étape avant le sacre final : la présidentielle de 2027.
Si la victoire, ou les victoires électorales des partis d’extrême-droite sont inévitables, comme l’eurent pressenti les observateurs, ce que personne n’a vraiment vu venir, c’est cette nouvelle configuration politique qui voit cette alliance mortifère lepéno-sioniste prendre corps. Une alliance opportuniste aux intérêts convergents, dont les liens d’amitié et d’affaires politiques se sont davantage tissés et renforcés depuis l’attaque de la résistance palestinienne d’octobre dernier.
Si les Français, avec cette gifle électorale, ont clairement fait de ce scrutin européen un référendum anti-Macron, avec l’objectif de lui rendre la monnaie de sa pièce à celui qui, pendant un mandat et presque la moitié du second, les a malmenés – un euphémisme là aussi –, la réalité est que, par cette victoire électorale et celles à venir à n’en pas douter, c’est la France qui se dirige vers le régime de Vichy sans le maréchal Pétain, avec un ennemi à pourchasser différent : le musulman.
M. S.
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