Ces sept événements qui annoncent un coup d’Etat rampant ou inédit en Israël
Une contribution d’Ali Akika – Je laisse la liberté aux lecteurs de choisir entre les deux qualificatifs du coup d’Etat ou de guerre civile présents dans les analyses. Les trois élections successives de l’an 2022 dans cet Etat en moins de trois ans en étaient les prémisses. Depuis le 7 octobre, l’histoire s’est accélérée et a ébranlé les structures étatiques aussi bien dans l’armée que dans l’appareil politique israélien. Avant d’énumérer les derniers événements qui ont motivé le titre de l’article, je signale mon dernier article dans Algeriepatriotique intitulé «Fin de partie pour Netanyahou», qui peut se résumer en une phrase : Netanyahou a devant lui la résistance mais aussi Benny Gantz, l’ex-chef d’état-major d’une armée qui est le bouclier et l’épée. Les informations du week-end et de ce lundi matin éclairent encore plus le dit ébranlement cité plus haut.
– «Libération» de quatre otages au prix de massacres de centaines de Palestiniens, mais aussi de sévères pertes de soldats israéliens, évidemment non divulguées.
– Samedi, onze morts, huit à Rafah, dans leurs véhicules blindés et trois au nord de Gaza.
– Dimanche, l’armée instaure une trêve «humanitaire» pour masquer les pertes de la veille et l’épuisement et le manque des effectifs. Trêve critiquée par le gouvernement.
– Bisbilles entre la Cour suprême et le Parlement sur la prolongation de la mobilisation des réservistes.
– Samedi 15, immense manifestation demandant la démission de Netanyahou et de nouvelles élections.
– Lundi 17, Netanyahou annonce la dissolution du cabinet de guerre déserté par Gadi Eizenkot et Benny Gantz depuis déjà une semaine.
– Déclaration du fils de Netanyahou contre la décision de la Cour suprême de reporter une enquête sur le 7 octobre, qui met en cause l’armée et «blanchirait» Netanyahou qui n’aurait pas été informé par les renseignements sur l’attaque du 7 octobre.
Tous ces évènements concourent aux ingrédients politiques qui vont nécessairement entraîner des conséquences à l’avenir. Comme Israël se veut «démocratique», il est difficile à son armée de prendre ouvertement le pouvoir. Cependant, comme je l’ai écrit, cette armée a un pouvoir immense et Netanyahou l’a confirmé et a ironisé en disant : «Nous avons un pays avec une armée et non une armée avec un pays. Afin de parvenir à l’élimination du Hamas, j’ai pris des décisions qui ne sont pas toujours acceptées par l’échelon militaire.»
Avec ce genre de graves déclarations, aucun observateur ne peut occulter ensuite la profonde fracture au sein de l’Etat profond d’Israël. Je dis aucun, sauf évidemment ceux qui sont victimes des trolls de la désinformation et restent attachés à l’image d’un Etat «démocratique» par ignorance ou aliénation de leur esprit formaté.
Tous ces ingrédients méritent un à un de longs traitements qui ont été développés par des articles de journalistes et contributeurs parus dans Algeriepatriotique. Je préfère consacrer le reste de l’article à la fois à l’admirable résistance de toutes les formations combattantes, mais aussi à leur ingéniosité à exploiter les faiblesses et erreurs de leur ennemi. La dernière action qui s’est soldée par la mort de huit soldats illustre les capacités tactiques de la résistance. Le nombre de morts élevé s’explique par la cible choisie. C’était un véhicule de troupe qui servait la nuit de repos pour les soldats. Un simple tir d’une roquette fabriquée localement sur le véhicule a pu le percer et les munitions des soldats ont explosé, d’où le nombre de victime.
Ce genre d’erreurs de l’armée d’occupation vient d’être signalé, à bonne heure, par la presse israélienne. Elle découvre que les ruines occasionnées par les bombardements et l’absence d’espace de cantonnement protégé pour l’armée étaient des cibles faciles pour la résistance. Cette armée «invincible» a simplement oublié l’impératif de l’art de la guerre signalé par Sun Tzu, à savoir les camps d’hébergement des soldats et la logistique qui va avec.
Un dernier point pour conclure. Le feu au sens propre et figuré dans le nord, qui est sous les attaques de la résistance libanaise, pousse l’extrême-droite israélienne à travers deux ministres dans le gouvernement à attaquer le Liban. La menace est prise au sérieux par les Américains qui ne veulent pas de l’extension du conflit, ont envoyé leur négociateur chargé des «affaires» du Liban pour calmer les ardeurs bellicistes des va-t-en-guerre autour de Netanyahou.
Cette fuite en avant est dans la logique de la défaite qui s’annonce. Ce n’est pas une vue de l’esprit de ma part, mais l’avis de stratèges et de spécialistes militaires de journaux israéliens. Il faut espérer que les voix dans le monde, y compris parmi les manifestants israéliens, qui réclament un cessez-le feu immédiat et total, soient enfin entendues.
A. A.
P.-S. : Les habituels perroquets nous ont «offert» des vacances en oubliant l’Ukraine et la Palestine et leurs obscurs «lumières» sur ces conflits majeurs qui vont, du reste, conditionner pour une part les élections du 30 juin et du 7 juillet en France.
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