Ce que signifie le message apolitique du président Tebboune au roi du Maroc
Par Kamel M. – Les condoléances du président Tebboune au roi du Maroc ont fait s’emballer la machine médiatique marocaine qui y a vu l’esquisse d’un réchauffement dans les relations brouillées entre l’Algérie et le Maroc. Il ne s’agit, expliquent de fins connaisseurs des arcanes des relations internationales, ni plus ni moins, que d’une diplomatie des communiqués qui n’a aucun impact sur la nature des rapports tumultueux entre les deux pays. Ces observateurs soulignent que la décision du défunt Bouteflika de se rendre à Rabat, en 1999, trois mois à peine après son avènement au pouvoir, pour prendre part aux obsèques de Hassan II, avait donné l’impression que le président fraîchement élu allait opérer un virage à 180 degrés et qu’il allait tourner la page de son prédécesseur, Liamine Zeroual, qui avait décidé, en 1994, de fermer la frontière en représailles à l’imposition d’un visa aux Algériens désirant se rendre au Maroc.
La suite des événements a démontré que la nouvelle direction politique n’avait nullement l’intention de céder aux sentiments et qu’elle allait, au contraire, maintenir les frontières fermées en dépit des incessantes suppliques de Mohammed VI et de son régime. Au refus de l’Algérie de répondre positivement aux sollicitations marocaines, le Makhzen s’est livré à une série de provocations qui se sont poursuivies durant tout le règne du roi actuel, poussant les dirigeants algériens à réagir par des mesures plus sévères, allant de la rupture unilatérale des relations diplomatiques à l’expulsion des paysans marocains de la palmeraie d’El-Arja, en passant par l’interdiction de l’espace aérien aux aéronefs battant pavillon marocain ou immatriculés au Maroc.
Le message de condoléances du président Tebboune – qui n’est ni un appel du pied ni une main tendue – intervient, par ailleurs, au lendemain d’un échange avec l’homme fort d’Abu Dhabi, à Bari, en Italie, en marge du Sommet du G7. Un bref échange qui a fait dire à certains que la courte entrevue était un prélude à un dégel des relations entre l’Algérie et les Emirats arabes unis et allait marquer la fin de la guerre froide après que le président a ouvertement dénoncé le comportement inamical de ce «pays frère». Mohammed Ben Zayed avait répondu par le truchement de son conseiller qui a tenu des propos irrespectueux à l’égard de l’Algérie. Tout comme les condoléances adressées au roi du Maroc suite au décès de sa mère à Paris, la courte discussion qui a eu lieu entre Tebboune et son homologue émirati n’a pas débordé du cadre des bons usages en vigueur dans ce genre de circonstances.
Enfin, si le geste du président Tebboune peut être compris comme une preuve de la bonne foi des dirigeants algériens qui ne tiennent pas rigueur au régime de Rabat malgré ses agissements hostiles qui menacent jusqu’à la sécurité de l’Algérie, celui-ci tend à démontrer, dans le même temps, qu’hormis le différend politique, les Algériens continuent de considérer les voisins de l’Ouest comme des frères, mais des frères dont le comportement malveillant mérite bien une belle correction.
K. M.
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