Le Monde évoque trois dossiers qui vont crisper la relation entre Alger et Paris
Par Houari A. – «L’arrivée aux affaires du parti de Marine Le Pen, dont l’origine est très liée à l’Algérie française, plongerait la relation entre Paris et Alger dans une zone de turbulences», écrit Le Monde dans un article fleuve intitulé «Entre le RN et l’Algérie, le risque d’une épreuve de force». «A priori, le cadre d’une épreuve de force se met en place», présage le quotidien français, selon lequel «entre l’Algérie et le Rassemblement national (RN), au seuil du pouvoir, c’est comme une plaie mal cicatrisée qui se ravive, un retour de mémoire vénéneuse».
«Comment imaginer que la relation bilatérale sorte indemne d’une éventuelle arrivée aux affaires du RN ? Qu’elle soit épargnée par les visées d’un parti dont le fondateur, Jean-Marie Le Pen, fut para lors de la bataille d’Alger (1957), mis en cause de surcroît pour avoir été associé à la torture et qui recycla en son sein nombre d’anciens cadres de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) ?» s’interroge Le Monde. «Une telle ADN Algérie française, qui vaut aujourd’hui au mouvement d’être surreprésenté dans les localités de la France méridionale à forte concentration de pieds-noirs, va immanquablement peser sur le lien entre Paris et Alger dans l’hypothèse d’un gouvernement Bardella», explique le journal de gauche.
«La question migratoire s’imposerait d’emblée comme une priorité d’un pouvoir RN vis-à-vis de l’Algérie. Les dirigeants de la formation d’extrême-droite n’en font nul mystère», étaye Le Monde, qui ajoute que «le parti de Mme Le Pen envisage d’abattre une carte […] : la remise en cause de l’Accord franco-algérien de 1968, qui attribue aux Algériens un régime dérogatoire au droit commun des étrangers en matière de circulation, de séjour et d’emploi sur le sol français».
«Le second dossier qui promet de crisper la relation bilatérale dans le scénario d’un gouvernement Bardella est celui de la mémoire. Au nom de son refus de la repentance, le RN n’a cessé de rejeter tout effort d’apaisement mémoriel avec l’Algérie, esquissé par la gauche, puis amplifié par Emmanuel Macron», poursuit Le Monde, en rappelant la réaction de l’anti-Algérien Louis Alliot, après que Benjamin Stora avait remis son rapport au président français, qualifiant le travail de l’historien de «honteux». Le maire raciste de Perpignan avait accusé Macron d’avoir «décidé de déclarer une guerre mémorielle à des familles françaises durement éprouvées par les atrocités du FLN et leurs porteurs de valises».
«Dans ces conditions, on voit mal ce qui pourrait rester de la tentative de réconciliation mémorielle du chef de l’Etat français, à moins que ce dernier ne décide d’en faire un enjeu de combat dans une cohabitation conflictuelle», préjuge Le Monde, estimant qu’un gouvernement RN «bloquerait de toute manière inévitablement toute initiative» et que «l’avenir de la commission franco-algérienne d’historiens […] serait dès lors ouvertement menacé».
«Enfin, troisième pomme de discorde prévisible avec Alger : le Maroc, pays dont Mme Le Pen avait déclaré en 2022 qu’il était cher à la France, l’Algérie n’ayant pas droit à pareil qualificatif de sa part», note le quotidien français, pour lequel «si un Jordan Bardella Premier ministre devait reconnaître la marocanité du Sahara Occidental, […] l’affrontement avec l’Algérie serait inévitable».
H. A.
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