Polémique : le mépris de classe dans le livre crasse d’Inâam Bayoud
Une contribution de Khider Mesloub – Faux procès médiatique instruit contre l’Algérie. L’Algérie, autrement dit le peuple algérien, est accusée d’avoir orchestré une opération d’autodafé du livre Houaria, un roman en langue arabe écrit par Inâam Bayoud.
A la vérité, les autorités algériennes tout comme le peuple algérien n’ont jamais instruit quelque procès contre le livre Houaria. Bien au contraire, le roman Houaria d’Inâam Bayoud a remporté, le 9 juillet 2024, le premier prix Assia-Djebar dans la catégorie roman en langue arabe, prix décerné sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune
La controverse est née sur les réseaux sociaux. Elle a été initiée par des internautes anonymes qui ont fustigé le roman Houaria pour ses passages jugés obscènes. Les internautes se sont principalement focalisés sur l’utilisation par l’auteure d’un langage familier, qualifié de «vulgaire» voire d’«immoral».
Le roman d’Inâam Bayoudh, Houaria, raconte la vie d’une jeune femme dans les milieux populaires d’Oran des années de la décennie noire. Le roman Houaria d’Inâam Bayoud a remporté, le 9 juillet 2024, le premier prix Assia-Djebar dans la catégorie roman en langue arabe.
Depuis l’attribution de ce prix, l’écrivaine algérienne Inâam Bayoud subirait, selon les médias, une violente campagne de haine et de dénigrement. Au vrai, ces attaques proviendraient uniquement des réseaux sociaux. D’aucuns accusent certains auteurs algériens, «frustrés de ne pas être sur la liste des lauréats», épaulés par quelques journalistes et internautes de la mouvance islamiste, d’avoir fomenté ces violentes fustigations contre l’écrivaine lauréate.
Les internautes lui reprochent d’avoir employé, dans les dialogues, des mots crus, souvent à connotation sexuelle. Certes, depuis la polémique n’a cessé d’enfler, au point d’avoir pris des proportions nationales. Les politiques commencent à s’en mêler. En particulier au sein de la mouvance islamiste.
Certains religieux se sont emparés de l’affaire pour fustiger le roman d’Inâam Bayoudh. «Un roman qui n’a rien de littéraire, plein de mots vulgaires et d’insultes contre la ville d’Oran qui a combattu la France et ce qu’elle a laissé traîner comme spermatozoïdes», accuse le religieux Ahmed El-Djazaïri.
D’autres pour exiger sa condamnation pénale. «Il faut appliquer la loi : l’article 333 bis du Code pénal punit de deux mois de prison toutes productions écrites ou représentations contraires à la décence», appelle le «chercheur» Zine El Abidine Khodja.
En quelques mots : le roman d’Inâam Bayoudh raconte la vie difficile d’une frange de la population de la ville d’Oran durant la décennie de terrorisme en Algérie, pendant les années 1990. Le personnage central, une femme, pour survivre, se livre à la prostitution.
D’emblée, on peut s’interroger sur le choix de cette activité dégradante. L’auteur laisse penser que la prostitution est la seule voie de salut pour la femme algérienne. Pis, elle laisse entendre que la prostitution est un métier respectable et légal répandu en Algérie.
Il est vrai que, ces deux dernières décennies, sous l’influence de l’Occident formaté par les mouvements LGBT, le monde culturel, notamment le cinéma et la littérature, met en scène abondamment l’intime et le sexe. L’époque est à la valorisation de la vulgarité et de la sexualité.
Sous couvert de culture, le sexe est devenu le totem des fabricants d’images et de mots, c’est-à-dire des réalisateurs et des écrivains. Tous ces fabricants d’images et de mots se surpassent dorénavant dans l’indécence pour produire des œuvres où l’érotisme le dispute à la pornographie. Où la prostitution de l’âme et de la dignité est érigée en unique conduite humaine.
Les scènes érotiques et pornographiques constituent le cache-sexe de leur indigence intellectuelle. L’obscénité leur marque de fabrique. La crudité langagière leur lubie littéraire.
De nos jours, pour écrire, il faut être narcissique. Et pour intégrer les maisons d’édition, il faut être pervers. Et certains écrivains algériens semblent avoir adopté cette pernicieuse structure mentale occidentale où le narcissisme s’est conjugué avec la perversité pour produire leurs œuvres détraquées. L’homosexualité et d’autres thèmes comme le changement de sexe ou la bisexualité sont privilégiés par les fabricants de mots. Ces thématiques sexuelles colonisent la littérature contemporaine. Sans oublier la prostitution.
Baudelaire l’a dit : «Qu’est-ce que l’art ? Prostitution.» Parce que les écrivains se prostituent avec aisance et complaisance pour se faire un nom auprès de leurs maîtres, arracher quelques étoiles de notoriété, ils pensent que la prostitution est l’apanage de tout le monde. Ils versent ainsi dans la projection. Ils fabriquent des fictions selon l’image qu’ils se font de leur être asservi au monde marchand. Un monde marchand où tout se vend, y compris l’intelligence.
Des centaines de métiers que Houaria, personnage central du roman d’Inâam Bayoudh, pouvait exercer pour subvenir aux besoins de sa famille, le seul métier que l’auteure lui a assigné est la prostitution. Et le seul vocabulaire dont elle a doté Houaria est celui de la vulgarité. Il s’agit là d’un mépris de classes.
Cette fabricante de mots donne une image dégradante de la femme algérienne. Si les islamistes la réduisent à son organe reproducteur, tout juste bonne à enfanter de nouveaux adeptes endoctrinés pour agrandir la Oumma, l’auteure de Houaria, prétendument moderne, la réduit également à son organe sexuel pour arrondir ses fins de mois, assouvir les plaisirs de ses clients. A lire l’universitaire bourgeoise Inâam Bayoud, la femme algérienne n’existe socialement que par son entrejambe tarifé et son entregent obscène.
Pour conclure. Il est utile de rappeler que ce sont les Grecs qui ont légué le terme «péripatéticien» (prostituée). Péripatétikos désignait, à l’origine, un disciple de l’école philosophique fondée par Aristote en 335 avant J.-C. à Athènes, celui «qui aime se promener en discutant».
Sous la plume d’Inâam Bayoud, Houaria, dénuée de toute sagesse, est non seulement une prostituée, mais elle est incapable de mener une discussion sans l’enrober de vulgarité.
Victor Hugo a écrit : «On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s’appelle prostitution.»
L’écrivaine Inâam Bayoud semble suggérer le même constat : «On dit que le colonialisme a disparu de l’Algérie européanisée. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s’appelle prostitution.»
K. M.
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