Kaylia Nemour : l’angélique gymnaste en or
Une contribution de Boudjema Tirchi – Il était une fois en région Centre-Val de Loire une adolescente qui rêvait de participer aux JO de Paris, confortée par sa victoire aux Jeux méditerranéens de Cagliari (septembre 2019).
Lors du championnat de France de 2021, elle assura la première place aux barres asymétriques de la catégorie Elite (seniors), alors qu’elle était haute comme trois pommes et évoluait encore en juniors.
L’enfant prodige semblait promis à un brillant avenir !
Contre toute attente, le sort frappa à sa porte pour subir une délicate opération chirurgicale aux deux genoux, suivie de huit mois de rééducation. Satisfaits des résultats, ses médecins traitants l’autorisèrent à reprendre les entraînements. Mais depuis leurs bureaux parisiens, les pontes de la Fédération s’opposèrent à cette décision sans la moindre auscultation. Ils venaient de briser la passion de Kaylia (qui pratiquait la gym depuis l’âge de quatre ans) alors qu’elle n’avait pas encore bouclé ses quinze ans.
Abasourdie, abattue, elle ne comprenait plus ce qu’il lui était arrivé. Plus elle essayait de comprendre et plus elle se sentait prise dans une spirale de découragement et d’épuisement qui l’entraînait vers l’inconnu. Fort heureusement, sa maman (Stéphanie) veillait : telle une lionne en furie, elle sillonna toutes les directions afin d’offrir à son adorable fille un dénouement heureux.
Finalement, le salut vint de l’Algérie (pays d’origine de son papa Djamel) : les parents optèrent pour un changement de nationalité (sportive) de leur fille. Sollicitée, la Fédération algérienne de gymnastique (FAG) fut ravie d’accueillir l’un des siens en promettant de lui fournir tous les moyens qui lui conviennent.
La Fédération internationale (FIG) valida ce changement (juillet 2022), mais la FFG exigea, sans raison, un délai de carence d’un an. Rester encore une année sans compétition était un suicide pour une jeune athlète de très haut niveau, surtout que les championnats d’Afrique de gymnastique (qualificatifs aux Jeux olympiques) étaient prévus pour mai 2023.
Stéphanie reprit son bâton de pèlerin en sensibilisant toutes les bonnes volontés, y compris sur la Toile en initiant une pétition qui suscita une forte adhésion. Finalement, la ministre française des Sports ordonna à la FFG de libérer cette enfant otage qui donnait de la France sportive une bien désastreuse image.
A quelques jours de la compétition, Kaylia obtint enfin sa libération et ce fut le début des consécrations : championne d’Afrique à Pretoria (en validant un élément qui portera son nom), vice-championne du monde à Anvers, trois médailles d’or lors des étapes de la Coupe du monde 2024 (Cottbus, Bakou, Doha).
Certes, elle n’a pas défendu son titre de championne d’Afrique, car l’Algérie avait boycotté la partie à cause des errements du Makhzen honni. Néanmoins, elle s’est brillamment rachetée au pays de naissance de Nadia Comaneci en raflant quatre médailles d’or au Romgym Trophy (juin 2024).
Cette formidable éclosion est due aux qualités de Kaylia, mais également à sa nouvelle fédération qui a tenu tous ses engagements : reçue et choyée par les plus hautes autorités, élue meilleure athlète 2023 du pays, engagement de ses entraîneurs pour la coacher : tous les moyens lui sont fournis pour qu’elle puisse exprimer toutes ses possibilités.
Mais après tant de succès, certains pronostiquent déjà une belle moisson en lui créant forte pression. La réalité est autre, car la récolte de médailles sera rude face aux meilleures gymnastes de la planète, surtout l’étoile montante chinoise Qiu Qiyuan, la championne du monde en titre. Des concurrentes peuvent se surpasser en réalisant l’exploit de leur vie, en sus d’autres paramètres comme le mental ou les effets du hasard. Nous sommes sûrs d’une chose : elle donnera le meilleur d’elle-même et c’est cela l’essentiel.
Finalement, quels que soient les résultats, le camp de Kaylia Nemour est déjà gagnant.
Elle-même qui est en train de savourer chaque instant passé aux JO, y compris le sommeil sur son lit en carton ; son environnement familial et social d’Avoine Beaumont fier de ce dénouement heureux ; ses entraîneurs, Gina et Marc Chirilcenco, qui furent traînés dans la boue et même devant les tribunaux : réhabilités, ils sont de la fête à Paris pour encadrer leur protégée ; l’Algérie qui voit son drapeau flotter haut parmi ceux de grandes nations ; ses admirateurs à travers le monde éblouis par sa grâce et ses performances.
Ce qui s’ajoutera à ce pactole ressemblera à des fruits sur le gâteau (la 2e passion de notre idole).
B. T.
Auteur de Réplique au Livre noir de la psychanalyse
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