Le Makhzen révèle le contenu de la lettre de soutien de Macron à Mohammed VI
Par Kamel M. – Encore une fois, c’est par le biais d’une lettre «confidentielle» que le président français a annoncé son soutien officiel à l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc. Emmanuel Macron a emboîté le pas au Premier ministre espagnol qui avait fait de même, dans une missive qui n’avait pas été rendue publique mais dont la teneur avait été dévoilée par le quotidien El-Pais.
Cette fois-ci, c’est le régime de Rabat qui informe sur le contenu du message du locataire de l’Elysée au monarque marocain, dans lequel il dit apporter son soutien total au plan d’autonomie au Sahara Occidental, en réalité occupé par la France par Makhzen interposé, comme l’a expliqué un de nos contributeurs dans une tribune datée de 2018 et que nous avons publiée à nouveau, actualité oblige (voir article par ailleurs).
Que dit la lettre de Macron à Mohammed VI ? Un communiqué du cabinet royal, diffusé ce mardi, nous apprend que le chef de l’Etat français a «fait savoir» au roi qu’«il considère que le présent et le futur du Sahara Occidental s’inscrit dans le cadre de la souveraineté marocaine». Le texte ayant été retranscrit en arabe et repris par l’agence officielle marocaine, on ne sait pas si la traduction respecte à la lettre les propos de son auteur. Mais la virulence de la réaction de l’Algérie à cette volte-face française laisse penser que ses termes ont été respectés à la lettre.
Dans la même adresse, qui coïncide avec la célébration de ce que les Marocains appellent la «fête du trône», Emmanuel Macron insiste sur la «constance de la position de la France au sujet de cette question liée à la sécurité nationale du royaume». Il ajoute que son pays «est résolu à œuvrer en harmonie avec cette position aux niveaux national et international». Le président français, dont le parti a été battu à plate couture lors des dernières législatives, a poursuivi en affirmant à Mohammed VI que «pour la France, l’autonomie sous la souveraineté marocaine constitue le cadre qui doit servir au règlement de cette question». «Notre soutien au plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 est clair et incontestable», a renchéri Emmanuel Macron, pour lequel ce plan «représente désormais la seule base pour parvenir à une solution politique juste, pérenne et autour duquel devront tourner les négociations, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies».
Le président français n’hésite pas à agrémenter son message d’un mensonge qu’il espère lui faire gagner la sympathie du roi, auquel il assure, faussement, qu’un «consensus international est en train de se cristalliser [autour du plan d’autonomie] et de s’élargir de plus en plus», tout en jurant que la France «assumera son rôle plein et entier dans toutes les institutions concernées, notamment à travers le soutien aux efforts de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU». Macron entend donc convaincre Staffan de Mistura de la nécessité de fouler aux pieds le droit international et approuver la solution fourbe que le Makhzen cherche à imposer à la communauté internationale, sous forme d’une colonisation déguisée qui profiterait tout autant au Maroc qu’à la France.
Emmanuel Macron est pressé. «Il est temps d’aller de l’avant», crie-t-il, en disant «encourager toutes les parties à se réunir pour parvenir à un règlement politique possible». Par «toutes», le président français veut impliquer l’Algérie comme partie au conflit, s’alignant, là aussi, sur les thèses perfides du Maroc qui ne trouvent un écho favorable qu’en France dont il est un des départements d’outre-mer.
Macron est allé plus loin dans sa lettre, faisant l’apologie de l’occupation illégale des territoires sahraouis où, argue-t-il, le Maroc «consent de grands efforts pour le développement économique et social», en s’engageant à «accompagner le Maroc dans cette démarche pour le bien des populations locales». Des populations locales qui souffrent de l’oppression du régime tortionnaire de Rabat et réclament leur indépendance. Mais le président français, nostalgique de l’ère coloniale, est sourd et aveugle à ces deux réalités qui lui exploseront à la figure ainsi qu’à celle de son ami le roi.
K. M.
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