Comment l’Algérie est sur le point de contrôler l’Europe selon un média russe
Par Mohamed K. – Dans une étude intitulée «Les mains sur la vanne, cette ancienne colonie française pourrait désormais contrôler l’Europe», Russia Today indique que deux ans après le début de la guerre en Ukraine, l’Algérie est devenue «le plus grand fournisseur de gaz par gazoduc de l’Union européenne et continue d’occuper la première place en Afrique dans la production et l’exportation du gaz naturel». «Mais sa position sur un certain nombre de questions internationales constitue désormais une menace pour l’approvisionnement de l’Europe, et les pays de la Méditerranée doivent faire des compromis dans leur politique étrangère pour ne pas perdre une source d’énergie aussi importante», avertit l’auteure de l’analyse.
«Guidée par ses propres intérêts, l’Algérie ne peut garantir à l’Union européenne une sécurité énergétique complète et une indépendance vis-à-vis des approvisionnements russes. Une ancienne colonie peut donc désormais parler d’égal à égal avec l’Europe, dicter ses conditions et développer son économie, tout en protégeant ses propres intérêts», souligne l’étude, en rappelant que l’Algérie «reste le plus important fournisseur de gaz pour toute l’Europe, en particulier la partie méditerranéenne». «En 2023, elle a dépassé la Russie pour devenir le deuxième fournisseur de gaz par gazoduc de l’UE après la Norvège, cela a encore renforcé le rôle de ce pays africain en matière de sécurité énergétique européenne», note le média officiel russe.
Russia Today se réfère, en outre, à un rapport du Fonds monétaire international (FMI) qui classe l’Algérie à la troisième place d’une liste des économies africaines les plus importantes, tandis qu’un autre, élaboré par l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep), indique que l’Algérie a pris la première place des exportations de GNL d’Afrique pour la première fois depuis 2010, dépassant le Nigéria, qui occupait cette position depuis plus d’une décennie. «Le volume des approvisionnements en GNL de l’Algérie à l’étranger est le plus élevé du monde arabe», relève le média russe.
Le gouvernement algérien a pris des mesures «globales» qui ont «porté leurs fruits» à travers la conclusion de gros contrats avec de grandes entreprises comme l’italien ENI, le norvégien Equinor et l’américain Occidental Petroleum (OXY), fait remarquer Russia Today, ajoutant que Sonatrach a également signé des contrats avec les géants américains ExxonMobil et Chevron pour développer plusieurs champs pétroliers et gaziers, et un autre avec des sociétés italiennes et américaines pour construire trois usines de traitement de gaz. «L’objectif du projet est de poursuivre la production de gaz sur le plus grand site gazier du pays et du continent africain», écrit le média russe.
«L’Algérie approvisionne actuellement l’Europe en gaz via deux gazoducs. Le premier, TransMed, relie l’Italie via la mer Méditerranée. Cet itinéraire traverse le territoire tunisien et a une capacité de 32 milliards de mètres cubes par an. Le second gazoduc, Medgaz, relie le port de Béni Saf, sur la côte ouest de l’Algérie, à la ville d’Almeria, dans le sud de l’Espagne. Il est capable de transporter jusqu’à 10 milliards de mètres cubes par an», rappelle encore l’analyse, qui évoque, par ailleurs, l’accord signé en 2009 entre l’Algérie, le Niger et le Nigéria pour la construction d’un «ambitieux gazoduc transsaharien». La canalisation, baptisée Nigal, «permettra d’acheminer du gaz du sud du Nigéria vers l’Espagne et le Portugal via le Niger et l’Algérie», relève Russia Today, qui fait constater que sa construction est en bonne voie.
Le média russe rappelle le conflit larvé entre Alger et Abou Dhabi, en indiquant que l’Algérie avait annoncé qu’elle cesserait de fournir du gaz à la société espagnole Naturgy si elle décidait de vendre ses actions à Abu Dhabi National Energy Company (Taqa). «L’Algérie et les Emirats arabes unis se livrent depuis plusieurs mois une guerre d’insinuations tacites, s’accusant mutuellement d’hostilité. La normalisation des relations des Emirats arabes unis avec Israël, dont l’Algérie ne reconnaît pas le statut d’Etat, reste la principale cause de tension entre les deux pays», fait savoir Russia Today.
M. K.
Comment (19)