Pourquoi la victoire est hors de portée des occupants de Koursk et de Gaza

Biden Ukraine
Joe biden et Vlodomyr Zelensky. D. R.

Une contribution d’Ali Akika – En dépit de l’éloignement géographique entre le Moyen-Orient et l’Ukraine, ces deux régions sont deux piliers d’un même théâtre de guerre des Américains qui veulent rester maîtres des horloges de la scène internationale. Pour une grande puissance qui a les moyens de franchir déserts et océans, seule compte la géopolitique qui est la boussole qui guide l’Oncle Sam dans ses objectifs. Ainsi, l’Ukraine, qui a fait partie pendant des siècles de la Russie, est une base idéale pour matérialiser son rêve de démembrer la Russie. La démembrer pour ses immenses richesses mais aussi pour l’isoler de la Chine politiquement et stratégiquement, une Chine rivale et prochain adversaire des Etats-Unis.

Et le deuxième pilier de la région à dominer, c’est le Moyen-Orient. Et ce n’est pas un hasard si cette région est à «défendre» car l’Iran est chez lui, la Chine est dorénavant présente et la Russie est aussi presque chez elle par l’histoire, ses bases militaires en Syrie et l’approvisionnement des armées du coin. Iran, Chine et Russie, des adversaires redoutables qui ont les moyens de troubler le jeu de l’Oncle Sam. Et dans la région, il y a aussi Israël, l’enfant gâté des Américains qu’il faut protéger en dépit de sa conduite en Palestine et ses échecs politiques qui annoncent probablement sa cuisante défaite militaire devant une résistance, grand dieu peu armée !

Voilà donc les liens géopolitiques et stratégiques entre l’Ukraine et la Palestine où l’issue de la guerre dans ces deux pays aura des incidences sur le poids des Américains dans leurs rivalités avec la Russie et la Chine. Ce qui se passe actuellement à Koursk et à Gaza, est une source d’infos sur les grands équilibres entre les grandes puissances et leurs effets sur le reste du monde. La guerre en Ukraine a révélé au grand public la gloutonnerie des Américains qui ont exploité la disparition de l’URSS pour neutraliser cet immense continent comme le fit Napoléon grisé par la puissante armée de la Révolution française en allant à la conquête de ce pays continent. Les Etats-Unis avaient, ont en Ukraine des alliés sur qui reposer et compter pour transformer ce pays en base militaire grandeur nature le lendemain d’une conquête «pacifique» à travers un coup d’Etat en 2014 contre un gouvernement qui venait d’être élu. Mais la Russie de Poutine n’est plus celle d’Eltsine. La guerre va commencer en Ukraine et autres régions russophones et l’Ukraine va payer cher non pas une erreur mais une faute politique dont elle va mesurer l’ampleur un certain 24 février 2022.

Si je traite en parallèle ces deux conflits ,c’est parce que les Etats-Unis sont derrière le feu qui alimente ces deux contrées. Outre les enjeux et les retombées politiques déjà visibles, il n’est pas inutile de s’arrêter sur l’actualité militaire qui nous renseigne sur la conduite de la guerre d’un régime ukrainien soutenu par un Occident qui veut avoir sa victoire sur la Russie. Ainsi en Ukraine, depuis le début de la guerre, Zelensky le «chef de guerre» répétait ses certitudes en la victoire. Mais le monde assistait plutôt à ses défaites au fur et à mesure que les jours s’écoulent ? Et pour contredire les mauvaises langues et remonter le moral de ses troupes, il sortit un plan d’invasion de la région de Koursk, en plein mois d’août 2024. Pourquoi Koursk qui possède une centrale nucléaire ? Fabulation ? Pas pour Zelensky adepte des mots qui sont moins fatiguant à dire que la réalité à transformer. Il a juste oublié que les mots sont des abstractions qui doivent être l’expression d’un rapport de force et non un masque qui détourne le regard des exigences de l’art de la guerre et de l’ignorance des leçons de l’histoire. Il surprit, certes, les Russes par son opération à Koursk qui n’avait pas un grand intérêt stratégique. Les Russes ont pensé que la rationalité de la guerre empêcherait les Ukrainiens de lancer dans une pareille opération.

Quand les stratèges russes ont vu des brigades entières s’engouffrer dans leur territoire, ils ont transformé l’audace ou la bêtise de l’ennemi en piège coûteux pour le faire retraverser la frontière en sens inverse. Déjà un mois en territoire russe et les résultats ne sont pas au rendez-vous mais plutôt c’est une gigantesque défaite qui s’annonce. On mesurera alors la bêtise d’un Zelensky qui voulait avoir sa bataille de Koursk, pour sans doute entrer dans l’histoire et rivaliser avec les officiers et les soldats soviétiques qui ont brisé à Koursk précisément la colonne vertébrale de l’armée allemande en 1943. Entre les officiers soviétiques adeptes de la tactique qui se met au service de la stratégie et un Zelensky à la recherche du coup d’éclat médiatique, un monde les sépare, celui de la guerre théorisée par des acteurs qui se sont coltiné les secrets sur les champs de bataille. Zelensky a sans doute confondu la guerre et ses cortèges de morts avec les salles de théâtre remplies de spectateurs joyeux, applaudissant frénétiquement.

Dans cette guerre en Ukraine, on a affaire à deux mondes dont les visions idéologiques sont aux antipodes l’une de l’autre. Ainsi, on a un président ukrainien qui croit dur comme fer que la guerre de l’info remplace la guerre tout court. Il a été du reste félicité par des admirateurs qui ont qualifié son opération sur Koursk de manœuvre militaire géniale. Ces flatteurs récidivistes ont déjà oublié la piteuse contre-offensive de l’été 2023, la perte de 27% de son territoire, etc. Dans la propagande comme dans la mauvaise littérature, on fait appel aux mots ronflants pour construire un récit qui finit par battre de l’aile devant la complexité de la réalité qui a horreur de la médiocrité. Qui va mordre la poussière dans la région de Koursk ? Est-ce l’Ukrainien ex-acteur de télévision ou bien l’ex-colonel du KGB ?

L’artiste habitué à faire du simple calcul en comptant le nombre de spectateurs venus applaudir son show ou bien l’ex-agent des renseignements et joueur d’échecs, préférant l’algèbre au calcul arithmétique. Dans le jeu d’échecs, le joueur sait sacrifier des pions pour s’emparer ou neutraliser des pièces maîtresses pour encercler ou acculer le roi, etc. L’Ukrainien a concocté son opération risquée à Koursk, pardon sa manœuvre «géniale», pour échanger du territoire qu’il espère conquérir contre des territoires conquis par les Russes depuis belle lurette. Croire que le président russe allait céder des régions habitées par des Russes à un Zelensky aux abois, c’est d’une naïveté désarmante.

La pratique de «nos» deux mondes se retrouve forcément dans les domaines des relations internationales et les rapports de l’époque coloniale continuent de produire leurs sales effets. Dans le droit international, par le biais de la politique des deux poids deux mesures, dans le droit de «se défendre» de certains et le refus de ce même droit à des peuples qui souffrent pourtant de l’innommable, à savoir être écrabouillés sous les bombes, mourant de faim et de maladie. Bref, il y a la brute qu’on conforte dans son bon droit et le démuni et désarmé à qui on demande textuellement de se rendre, de capituler pour que le cauchemar de ce peuple s’arrête (1). Ces gens-là, comme dirait Jacques Brel, la honte ne les étouffe pas, mais l’histoire les inscrira au tableau des «téméraires» qui n’agissent que parce qu’ils sont assurés de leur impunité.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce qui se passe en Ukraine ressemble étrangement à ce qui se passe en Israël. Deux Etats dépendant de l’Occident et dotés de chefs de gouvernement courant derrière une victoire introuvable. Ce qui est inquiétant et encore une fois étrange, c’est la passivité de cet Occident qui tient pourtant armes et les cordons de la bourse et qui se tait alors que la conduite arrogante de ces deux chefs porte préjudice à son image «humaniste». Etrange, en effet, cette dialectique du maître et de l’esclave dont on devine un peu ses mystères et ses secrets !

Cette bizarrerie est ressentie en tout cas par les opinions bien qu’elles n’aient pas les moyens d’exprimer ce qu’elles pensent, bâillonnées qu’elles sont par une lamentable presse qui a décrété ces deux Etats «zones pas touche» car des «jardins paradisiaques», selon Joseph Borrel chef de la diplomatie de l’union européenne. Et c’est pour ce paradis fantasmé et bu à ne plus avoir soif que l’Occident regarde la tragédie palestinienne dans le silence des cimetières de la Palestine. Une posture qui lui évite d’être frappé par les foudres d’une accusation «infamante» devenue une «loi» d’un tribunal sans nom, ni domicile fixe. Se taire aussi, et surtout, pour des intérêts bien compris. Ce que nous disent les deux guerres en Ukraine et en Palestine sont deux mondes qui se confrontent pour une Humanité désireuse de quitter la préhistoire pour entrer enfin dans l’histoire.

En Ukraine, ce sont des armées étatiques qui s’affrontent et dont les rapports de force entre elles et leurs alliances sur la scène internationale «limitent» le déchaînement de la sauvagerie de leurs armées. Cette «limite» se remarque dans le nombre de morts des enfants en comparaison avec la boucherie qui a cours en Palestine dont le moindre mètre carré n’échappe pas à la sauvagerie d’une armée occupante. Car en Palestine, c’est un peuple sur sa terre, armé uniquement de son droit et de sa bravoure qu’il oppose à une armée dont les soldats caparaçonnés d’armure moyenâgeuse et guidés par une «morale» qui absoudrait les massacres des enfants dans les bras de leurs mères. Mais c’est la guerre, se disent ceux qui restent de marbre devant pareil saccage de tant de vie. Ce sont ces images de ces deux guerres en Ukraine et en Palestine qui nous disent que l’Humanité n’est pas encore sortie de la préhistoire. Mais une petite lueur à l’horizon indique de temps à autre que la sortie de l’obscurité n’est pas loin pour les Palestiniens, comme hier pour les peuples colonisés.

A. A.

1) «Que les combattants se rendent pour arrêter le cauchemar des populations», c’est ce genre de phrase que l’on a entendue dans les rues par des citoyens lambda, dans la bouche du président de l’Etat israélien et dans celle d’un colonel porte-parole de l’armée israélienne à la télé française. Comment peut-on proférer de tels propos et ne pas se rendre compte de l’imbécillité de pareils jugements qui en disent long sur le cœur et l’âme de ceux qui les profèrent.

Comment (2)

    Anonyme
    4 septembre 2024 - 14 h 02 min

    Une analyse convaincante des dessous de l Agitation des Dirigeants de l Occident impérialiste .
    Ceci étant je voudrais attirer l Attention sur un « ressort »qui anime aussi cette Agitation en rappelant que le Psychopathe Herzl ( de son vrai nom Benyamin Zeev ) qui rappelait à tout bout champ dans ses Hasbara des citations supposées de la Torah a été «  BOOSTÉ » dans sa quête des appuis à son macabre et Raciste Projet par un certain William Hechler Pasteur Anglais de son état très inspiré par la bataille ……….d Armaguedon . Ceci pour dire que , véritablement , derrière les Artifices jetes , par les Dirigeants Occidentaux , à la face des Peuples de la Planete , pour justifier leurs Crimes depuis plus d un Siècle , Cette engeance pourrie du Cervelet poursuit toujours un Objectif pour lequel ils devraient être soit EFFACER soit INTERNÉS pour le restant de leur misérable vie .

    D un autre côté je reprends l Auteur sur son questionnement implacable sur cette Engeance :
    « ………Comment peut-on proférer de tels propos et ne pas se rendre compte de l’imbécillité de pareils jugements qui en disent long sur le cœur et l’âme de ceux qui les profèrent…….. »
    A ce propos il n y a pas de mystère . Le CRETINISME CONGÉNITAL ( Matrice de leur Racisme indecrottable ) est un élément de leur ADN . Au point où lorsque vous avez le courage d Écouter un de ces Nazisionistes vous vous demandez si ce n est pas un personnage du Film «  Vol au dessus d un Nid de Coucou » qui s est barré de l asile …..

    Abou Stroff
    4 septembre 2024 - 11 h 31 min

    « Pourquoi la victoire est hors de portée des occupants de Koursk et de Gaza » titre A. A..

    rien à ajouter à l’exposé magistral de A. A.

    j’ajoute, simplement, que la victoire est hors de portée des occupants de Koursk et de Gaza parce que ces occupants représentent le monde ancien qui ne veut pas mourir et le « maitre des horloges » du moment, i. e. les usa, est en pleine décadence, pour ne pas dire en pleine déconfiture, comme le souligne un grand analyste, i. e. E. Todd.

    ceci étant dit, je pense qu’en tant qu’anticolonialistes et antisionistes, nous devons, nous mettre du côté du monde nouveau* qui se réalisera grâce à l’émergence d’une mutipolarité qui nous permettra d’augmenter nos marges de manoeuvre en vue de nous extirper de l’arriération que nous impose, pour leurs propres intérêts les puissances impérialo-sionistes.

    * cette posture qui consiste à défendre l’avènement du « monde nouveau » n’a rien à voir des histoires de « fréritude », mais s’inscrit dans la défense de nos intérêts bien compris.

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