Quel message de Macron à Tebboune pour le convaincre de lâcher du lest ?
Par Karim B. – Algeriepatriotique a prédit, dans un précédent article, une prise de contact «imminente» du président français avec Abdelmadjid Tebboune pour essayer de recoller les morceaux. On s’attendait à un appel téléphonique, mais le pensionnaire fragilisé de l’Elysée sait que la crise est bien trop grave pour se contenter d’un simple échange de quelques minutes. Cette fois-ci, Emmanuel Macron a choisi de dépêcher sa conseillère à Alger pour transmettre un message aux autorités algériennes fâchées depuis le revirement inattendu de Paris dans le très sensible dossier sahraoui.
Contrairement à certaines analyses qui ont expliqué que la colère de l’Algérie révélait son «implication directe» dans le conflit qui oppose le Maroc au Front Polisario, sa réaction ferme dénote, en fait, une attitude normale face à un choix fait par la France de s’aligner sur le régime monarchique de Rabat au détriment des relations qui la lient à l’Algérie et des intérêts partagés par les deux pays, notamment dans le domaine économique.
Comme prévu donc, Emmanuel Macron reprend sa méthode éculée et tente un nouveau rapprochement avec l’Algérie après avoir pris une décision brutale unilatérale sur une affaire internationale délicate, qu’il a traitée sans en référer aux institutions françaises, donnant lieu à une vague de colère en France où de nombreuses personnalités politiques et analystes ont dénoncé ce qu’ils ont qualifié de faux pas qui nuit aux intérêts de la France dans la région et de démarche géopolitique incongrue prise par un Président qui bascule doucement, mais sûrement, dans un régime autocratique.
Quel message Emmanuel Macron a-t-il pu adresser à son homologue algérien ? Là-dessus, comme d’habitude, rien n’a filtré. Les opinions publiques des deux pays restent sur leur faim et ne semblent pas jouir du droit de connaître les intentions irrévélées des deux chefs d’Etat. Si le contenu du message transmis par Macron à Tebboune reste secret, on finira, par contre, par apprendre, sans doute dans un laps de temps court, que les deux hommes ont décidé, encore une fois, d’aplanir les différends qui opposent Alger et Paris et que les choses reprendront leur cours normal avec la désignation d’un nouvel ambassadeur, en remplacement de Saïd Moussi qui serait passé de la rue de Lisbonne à… Lisbonne, au Portugal, selon des indiscrétions qui circulent dans la capitale française.
Une crise entre l’Algérie et la France, aussi profonde soit-elle, ne peut durer indéfiniment, tant d’énormes enjeux imprègnent les rapports en dents de scie entre l’ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie affranchie de toute tutelle, contrairement au Maroc voisin qui devra digérer un nouveau changement de cap du gouvernement français dans l’affaire du Sahara Occidental occupé. Car, sans cela, il sera difficile à Macron de regagner la confiance de l’Algérie qui ne cédera pas d’un pouce sur cette question.
K. B.
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