L’otage
Par Mrizek Sahraoui – Un citoyen français a interpellé, jeudi dernier, Emmanuel Macron à l’occasion de sa dernière sortie à l’intérieur du pays. Il lui a dit ceci : «Vous êtes l’otage du Rassemblement National.» Cette personne n’a certainement pas cru si bien dire, car son propos est aussi vite repris par toute la presse hexagonale. Cette vérité a sonné comme un cri de désespoir de tout un peuple, ce peuple qui a vu son choix électoral sacrifié sur l’autel de la basse politique faite de trahison et de compromission.
Mais à y regarder de plus près, Emmanuel Macron n’est pas l’otage du RN uniquement. Ça l’est, c’est vrai ; cependant, d’autres encore ont la main et leur mot à dire sur la politique à mener – qu’il s’agisse de la nomination des Premiers ministres que des membres des gouvernements présent et passés. Mais aussi sur l’orientation idéologique, les choix économiques et, surtout, sur les décisions importantes que Macron a prises, prend et prendra en matière de politique internationale.
Si Macron est, effectivement, pris en flagrant deal avec le RN, deal de compromission ourdi contre le peuple français, il n’en demeure pas que les vrais et les féroces preneurs d’otage, qui ne s’accommodent ni de sentiments d’ordre moral ni ne respectent un quelconque principe de base obéissant aux lois de la République, ont pour noms : la petite caste du capital, autrement dit, les nababs du Cac 40, le lobby sioniste, et une petite coterie composée d’hommes et de femmes politiques, ainsi que certaines gens très influentes venues du monde du spectacle. Eux ont un point en commun : leur nationalité marocaine envers laquelle ils ont juré fidélité et loyauté à tous crins.
Dès son arrivée au pouvoir, le plus jeune président de la Ve République avait mis le peuple français entre les mains corrompues des grands et des puissants. Cette oligarchie ploutocratique dont le seul et unique service rendu, en contrepartie des milliards engloutis, aura été de faire couler la sueur des travailleurs sans que le ruissellement ait été observé.
Ensuite, avec l’aide de lois des plus dissuasives, le lobby sioniste a réussi, sous le règne d’Emmanuel Macron, à criminaliser toute critique du gouvernement génocidaire de Benjamin Netanyahu. Dans la France d’aujourd’hui, être antisioniste, c’est être antisémite. Le pays de la Déclaration universelle des droits de l’Homme est incapable de dire stop au massacre qui se perpètre à Gaza devant, aussi, les yeux grands ouverts de la communauté internationale. Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les Territoires palestiniens occupés, a décrit Gaza comme «le plus grand et le plus honteux camp de concentration du XXIe siècle».
Sinon, comment peut-on expliquer que le mouvement de la France Insoumise (LFI) et la gauche, en général, soient à ce point diabolisées et taxées d’antisémites, alors que jamais un membre, un élu de ces partis n’a été condamné. Pourtant, faut-il le préciser, l’antisémitisme est un délit sévèrement puni par la loi française.
Une justice française sévère, mais elle l’est toutefois moins à l’endroit des auteurs des attaques ayant ciblé le président Macron lui-même et d’autres personnalités politiques, médiatiques et patronales, orchestrées et menées depuis Rabat par l’intermédiaire du redoutable logiciel espion, Pegasus. Cette affaire gravissime n’a donné lieu à aucune sanction. Tout aussi bienveillante et moins loquace, la presse parisienne au sujet des séjours, la moitié de l’année quasiment, de sa majesté le roi sur le territoire français, faisant la ribote dans ses châteaux acquis grâce à l’argent du peuple marocain, en proie à la misère.
Le (vrai) pouvoir lui a échappé, la France se déclasse, et Emmanuel Macron, infatué, prolonge la fête des Jeux olympiques. L’histoire retiendra les noms d’un certain nombre des élites françaises actuelles, politique, médiatique, intellectuelle. Non pas parce qu’elles auront accompli un quelconque exploit, acte d’héroïsme et de bravoure envers la nation, mais par le fait qu’elles auront porté la responsabilité d’avoir laissé leur pays s’effondrer.
M. S.
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