Les causes et les effets de l’imposition du visa aux ressortissants marocains
Par Karim B. – La décision était dans l’air depuis que l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le régime de Rabat de façon unilatérale. Les autorités algériennes avaient accompagné cette décision par l’interdiction du survol de l’espace aérien par les avions de la RAM ou immatriculés au Maroc. Mais l’instauration d’un visa pour les Marocains désirant se rendre dans notre pays était sous le coude, attendant le moment propice pour la rendre effective, à l’aune de l’évolution de la situation. Cla’est désormais chose faite.
Plusieurs raisons ont concouru à cette démarche, notamment le flux incessant de ressortissants marocains dont le nombre avoisinerait le million, selon des statistiques non officielles, élaborées au prorata du nombre qui ne cesse d’augmenter de sujets de Mohammed VI qui foulent le sol algérien et qui y demeurent, fuyant la dictature et la misère. A nos frontières, des milliers de Marocains menacent régulièrement d’entrer en Algérie pour y demander refuge. Les habitants de l’extrême-est marocain, abandonnés à leur sort par le pouvoir central, vont jusqu’à appeler le président Tebboune à leur ouvrir la frontière terrestre pour pouvoir la franchir légalement.
Cependant, le comportement belliqueux du régime marocain éloigne toute possibilité de voir l’Algérie revenir sur sa décision de tenir ce voisin fourbe à distance et de s’en méfier comme de la peste. Le Makhzen multiplie, en effet, les accords militaires et sécuritaires avec Israël, la France et les Emirats arabes unis, dans le seul but de menacer la sécurité et l’intégrité territoriale de notre pays, en guise de représailles pour son soutien indéfectible aux causes palestinienne et sahraouie dans les foras internationaux. Un soutien qui a gagné en puissance depuis que l’Algérie occupe le siège de membre non-permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
Ce n’est pas un hasard, d’ailleurs, si l’instauration du visa pour les ressortissants marocains coïncide avec une nouvelle charge de nos confrères d’El-Khabar contre l’ambassadeur des Emirats arabes unis à Alger, accusé de mener des actions contraires aux intérêts de l’Algérie. L’article est clairement une mise en garde officieuse des plus hautes autorités politiques et militaires du pays, qui lancent ainsi un énième avertissement au dangereux régime de Mohamed Ben Zayed, chef d’orchestre de la normalisation, directement impliqué dans des entreprises de déstabilisation de toute la région.
Ce nouveau serrage de vis par Alger aura pour conséquence immédiate une frustration des sujets de Mohammed VI de plus en plus enclins à quitter le Maroc de façon clandestine vers l’Espagne et l’Algérie. La présence nombreuse de leurs compatriotes, employés au noir dans le bâtiment notamment, sur notre territoire était jusque-là tolérée. Imposer le visa aux Marocains signifie clairement que l’Algérie va faire preuve de moins de permissivité vis-à-vis de ces Marocains installés illégalement en Algérie et que ceux-ci devront régulariser leur situation ou seront expulsés manu militari, comme le furent les fermiers d’El-Arja, qui avaient été priés de quitter la luxuriante palmeraie propriété de l’Algérie.
Parallèlement à la décision prise ce jeudi, les autorités algériennes ont renforcé la surveillance à nos frontières ouest, où une clôture a été érigée pour faciliter la tâche à nos garde-frontières, dont les efforts sont couronnés par l’interception d’immenses quantités de drogue et le découragement de toute tentative de franchir la frontière terrestre par des Marocains prêts à prendre tous les risques pour quitter ce que la baveuse presse française décrit comme «le pays le plus prospère du Maghreb» (sic).
Les activités d’espionnage et les tentatives d’infiltration par les agents des services secrets marocains sont un autre facteur déclencheur, qui pousse l’Algérie à renforcer la surveillance des barbouzes de Yassine Mansouri, dont trois ont récemment été interpellés à Tlemcen, dans l’extrême-ouest du pays. Par ailleurs, il n’est pas dit que des hommes de main marocains ne soient pas derrière les étranges événements qui ont émaillé la rencontre de football ayant opposé le MCA au club tunisien de Monastir. En effet, la célérité avec laquelle les moucherons électroniques et les outils de propagande marocains ont répercuté les incidents, en accusant les services d’ordre algériens d’en être les instigateurs, renseigne sur le risque induit par l’activisme de la DGED, appendice du Mossad israélien et de la DGSE française, dans notre pays.
La vigilance était de mise et la décision d’imposer le visa aux Marocains est aussi opportune que perspicace.
Il reste, maintenant, à savoir comment va réagir le régime marocain, acculé et piégé par les autorités algériennes. S’il recourt à la réciprocité, les Marocains accuseront leur gouvernement de ne pas avoir assez de courage pour appliquer la même règle à l’Espagne et à la France, dont les ressortissants se rendent au Maroc sans visa, alors que les Marocains subissent humiliation et avanie dans les consulats de ces pays qui rejettent leurs demandes par centaines de milliers. Si, au contraire, le pouvoir marocain joue sur la fibre sentimentale comme à son habitude, en maintenant l’accès au territoire marocain sans visa au profit des «frères» algériens, les Marocains accuseront leur roi d’adopter une attitude pusillanime qui viendra conforter sa lâcheté face au génocide commis par le criminel dont il est le vassal, Benyamin Netanyahou, à Gaza et, depuis peu, au Liban.
K. B.
Comment (61)