Comment les Etats-Unis et les sionistes préparent l’après-Hamas-Hezbollah
Une contribution de Khider Mesloub – Selon le journal libanais Al-Akhbar, l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Lisa Johnson, aurait demandé aux forces politiques du pays de «se préparer à la phase post-Hezbollah, où leur contrôle sur l’Etat, ses institutions et les postes frontières ne sera plus autorisé».
Cette déclaration lapidaire résume, à elle seule, les mobiles réels de l’opération militaire déclenchée à Gaza contre le Hamas. Depuis plusieurs années, les Etats-Unis et leur vassal, Israël, se préparaient à la phase post-Hamas, c’est-à-dire à la cessation définitive de son contrôle sur l’Etat, les institutions et les postes frontières israélo-palestiniens (gazouis). Une opération étendue dorénavant au territoire libanais, en particulier contre le mouvement Hezbollah. Prochain pays dans le viseur des Etats-Unis et d’Israël, la Syrie. Et, probablement, l’Iran.
Par ces opérations militaires génocidaires protéiformes, les Etats-Unis et leurs mercenaires sionazis israéliens veulent anéantir toutes les forces politiques et armées arabes (palestiniennes, libanaises, syriennes) qui contrecarrent leur projet d’exploitation des gisements gaziers et pétroliers de Gaza et de la Cisjordanie, sans oublier le projet de construction du canal Ben Gourion.
Aussi, afin d’accélérer l’avènement de cette phase post-Hamas et post-Hezbollah à Gaza et en Cisjordanie, dans le cas de la Palestine occupée, et du Sud libanais dans le cas du pays du Cèdre, les objectifs des opérations militaires génocidaires actuelles sont, en premier lieu, la déportation de la population palestinienne de Gaza afin de construire le canal Ben Gourion et de s’emparer des réserves de gaz naturel au large de Gaza. En second lieu, l’anéantissement de toutes les branches armées du Hamas et du Hezbollah pour se prémunir définitivement de toute attaque terrestre ou bombardement mené contre les plateformes de forage et le canal Ben Gourion. En troisième lieu, l’annexion de la Cisjordanie pour y établir des mercenaires sionazis en provenance de l’Europe et de l’Amérique. En quatrième lieu, l’occupation du Sud Liban pour s’accaparer notamment du fleuve Litani afin de détourner son cours en vue d’irriguer les terres israéliennes extorquées aux Palestiniens. Enfin, en cinquième lieu, consolider l’Etat sionazi israélien, ce gendarme des Etats-Unis au Proche-Orient, pour lui permettre d’assurer la pérennité de la domination des Etats-Unis-OTAN sur les hydrocarbures des pays arabes, car les deux gendarmes traditionnels, l’Arabie Saoudite et la Turquie, ne sont plus fiables depuis leur rapprochement (voire ralliement) avec le bloc des BRICS, incarnés par les deux pays ennemis des Etats-Unis, la Chine et la Russie.
La classe dirigeante américaine, menée par le démocrate Biden, est déterminée à poursuivre ses projets économiques et géopolitiques hégémoniques au Proche-Orient, même au prix du génocide de tous les Palestiniens et Libanais, comme le prouvent les livraisons d’armes sans limite et les financements incommensurables octroyés à ses mercenaires, les sionazis israéliens.
Pour rappel, en 2007, juste avant l’opération militaire «Plomb fondu» dirigée contre la bande de Gaza, le ministre de la Défense Moshe Ya’alon avouait son inquiétude de voir les gisements gaziers découverts en 2000 au large des côtes de Gaza être exploités, au double sens du terme, par le Hamas pour l’aider, sinon à construire un Etat palestinien indépendant, au moins à financer «ses attaques contre Israël».
Or, le régime sioniste veut s’attribuer l’exclusivité de l’exploitation de ces gisements gaziers, ou, à tout le moins, jusqu’à une date récente, en coopération avec le pouvoir fantoche de Mahmoud Abbas, l’Autorité palestinienne. Depuis des années, l’Etat sioniste s’active pour trouver un accord sur le gaz de Gaza avec l’Autorité palestinienne. Des négociations étaient menées sans le Hamas.
Le Hamas a toujours averti qu’il rejetterait toute légitimité d’un éventuel accord. Et le régime sioniste est conscient que le Hamas s’opposerait, y compris par les armes, à toute exploitation du gaz de Gaza. Sans oublier son allié et voisin libanais, le Hezbollah. Le ministre de la Défense Moshe Ya’alon avertissait déjà à l’époque : «Sans une opération militaire permettant de chasser le Hamas des postes de commande de Gaza, aucun forage ne peut débuter sans l’accord du mouvement islamistes radical.»
Depuis la découverte des gisements gaziers, l’entité sioniste craint que, même dans la perspective d’une éradication du Hamas de la bande de Gaza, le contrôle par l’Autorité palestinienne des ressources de gaz n’aboutisse à l’accroissement de la puissance et l’influence de l’Etat palestinien. Aussi pour Israël la solution finale, afin de contourner l’obstruction du Hamas à toute exploitation du gaz par les compagnies israéliennes et contrecarrer l’émergence d’un Etat palestinien «gazier» puissant rival, est d’annexer Gaza. Autrement dit, de préparer la phase post-Hamas. Au vrai, phase post-palestinienne, c’est-à-dire Gaza et Cisjordanie sans Palestiniens. Qui dit sans Palestiniens induit nettoyage ethnique, extermination.
Les eaux territoriales palestiniennes recèlent, certes, un immense gisement de gaz naturel, estimé à 30 milliards de mètres cubes, d’une valeur de plusieurs milliards de dollars. Mais d’autres gisements de gaz et de pétrole, selon une carte établie par la US Geological Survey (agence gouvernementale états-unienne), se trouveraient en terre ferme à Gaza et en Cisjordanie. De quoi nourrir les convoitises de la puissance sioniste impérialiste et de son parrain, les Etats-Unis, seul pays à disposer de la technologie et des entreprises pour exploiter ces réserves de gaz et de pétrole.
Aussi tout porte à croire que, si les précédentes opérations militaires sionistes, notamment l’opération Plomb fondu, avaient pour but l’éradication du Hamas, en revanche l’actuelle ultime opération déclenchée le 9 octobre semble avoir pour objectif l’élimination et l’expulsion définitive des Gazaouis. Il n’est plus question d’éradiquer le Hamas mais d’anéantir physiquement et géographiquement les populations palestiniennes de Gaza. Autrement dit, Israël procède, par sa guerre exterminatrice contre les Palestiniens de Gaza, à un nettoyage ethnique (déplacement des populations gazaouies) et à un génocide.
Nul n’ignore que la question énergétique est devenue, en particulier depuis la guerre russo-ukrainienne, partout dans le monde, l’enjeu capital des Etats. Aussi, on mesure mieux les véritables mobiles économiques et géopolitiques de cette opération de nettoyage ethnique menée par la bourgeoisie sioniste israélienne, parrainée par les Etats-Unis, sous prétexte d’éradiquer le Hamas.
On ne s’explique pas autrement cette détermination exterminatrice du pouvoir israélien (américain) de mener cette génocidaire guerre contre les Palestiniens gazaouis, sinon par sa vorace volonté mercantile d’annexer définitivement Gaza pour s’approprier les gisements de gaz et du pétrole.
Depuis toujours, la maîtrise de l’approvisionnement énergétique constitue un enjeu majeur pour l’entité sioniste. Elle lui permet d’assurer sa sécurité en matière énergétique et, surtout, de maintenir les territoires palestiniens dans une situation de dépendance afin de pérenniser son hégémonie, sa suprématie coloniale. Qui contrôle le gaz contrôle Gaza. Le pouvoir sioniste est déterminé à s’approprier les sources de gaz et de pétrole de Gaza. Et pour pouvoir concrétiser ce projet de spoliation, il doit s’approprier Gaza, quitte à passer sur le corps des Gazaouis, au prix d’amoncellement de millions de cadavres palestiniens. Et même, d’autres millions de cadavres libanais, syriens, susceptibles de contrecarrer ce projet d’annexion définitive des territoires palestiniens et, surtout, d’entraver l’exploitation et l’extraction des gisements gaziers et pétroliers.
Cette obsession d’assurer l’approvisionnement énergétique d’Israël est tellement ancrée dans les instances dirigeantes sionistes que Golda Meir aimait répéter à ces hôtes occidentaux qui l’a félicité d’avoir conquis la terre promise : «Terre promise ? Quelle terre promise ? Pourquoi a-t-il fallu que Moïse nous guide vers le seul endroit du Moyen-Orient qui soit justement dépourvu de pétrole ?»
Au mois de mai 2023, le Hamas avait publié un communiqué dans lequel il soulignait qu’«il ne permettrait pas à l’occupant israélien d’utiliser la question du champ gazier de Gaza comme instrument pour conclure des accords politiques et de sécurité avec d’autres parties». Ce communiqué s’inscrivait dans le prolongement des multiples manifestations organisées par le Hamas au cours des mois écoulés pour insister sur les droits des Palestiniens concernant les ressources gazières au large de l’enclave de Gaza sous blocus israélien. «Nous mettons en garde l’occupation (Israël) contre toute modification de notre droit à nos ressources maritimes, en particulier le gaz naturel au large de nos côtes», avait déclaré Suhail Al-Hindi, responsable au sein du Hamas, chargé du dossier des ressources naturelles. Juridiquement, d’un point de vue légal, le Hamas ne peut exercer aucune mainmise sur le gaz de Gaza, mais parce qu’il contrôle Gaza il peut faire obstruction à toute exploitation gazière par Israël.
Israël a toujours œuvré pour que le Hamas ne bénéficie pas du gaz de Gaza. Y compris par l’éradication du Hamas. Et désormais, depuis le 9 octobre 2023, y compris par l’extermination des habitants de Gaza. Des résidents du Sud du Liban. (Un récent rapport a alerté qu’Israël largue des «bombes à uranium appauvri» sur Beyrouth. L’armée de l’air israélienne a déjà utilisé ces bombes à Gaza. Les munitions à l’uranium appauvri présentent un risque pour les civils des années après le bombardement d’un site, car elles libèrent des particules radioactives à l’impact et contaminent le sol et l’environnement. Elles provoquent notamment des malformations congénitales, phénomène observé en Irak, pays victime de ces bombes à uranium).
Pour comprendre la raison de la foudroyante riposte (préparée de longue date) israélienne, il ne faut pas porter son regard vers le Hamas, mouvement islamiste créé et soutenu par Israël (que Tsahal pouvait anéantir en quelques heures), mais vers les ressources gazières et pétrolières maritimes et terrestres de Gaza, un territoire toujours habité par 2,3 millions de Palestiniens. De là s’explique l’envergure de l’offensive, jugée naïvement par certains disproportionnée et asymétrique. L’objectif de l’opération militaire n’est pas d’éradiquer le Hamas, mais d’anéantir (par expulsion massive ou explosion mortelle) tous les Palestiniens de Gaza.
Aussi, l’opération militaire sioniste n’est ni disproportionnée ni asymétrique, elle est conforme au plan de nettoyage ethnique et de génocide des Palestiniens de Gaza. On n’écrase pas les mouches (Hamas) avec un marteau, et encore moins avec des bulldozers. Si le pouvoir nazi mobilise ses colossales troupes militaires (400 000 soldats), ce n’est certainement pas pour éradiquer les 20 000 combattants du Hamas (dont il connaît leur identité, leur numéro de téléphone, leur résidence), mais pour exterminer et expulser les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza. Sans oublier les Palestiniens de Cisjordanie, les «trouble-fêtes» du Sud Liban, le groupe paramilitaire islamiste chiite Hezbollah.
Personne n’est sans savoir que la classe dirigeante israélienne est la plus machiavélique du monde. Son pouvoir de nuisance n’est plus à démontrer. Mais sa puissance de manipulation est encore plus méphistophélique. En matière de collecte d’informations et de machinations, la réputation des services de sécurité israéliens n’est plus à faire. Comment peut-on croire que les services de sécurité israéliens qui surveillent, en permanence, quasiment tous les dirigeants, hommes politiques et chefs d’entreprises, journalistes et intellectuels de tous les pays, via leurs multiples logiciels espions et agents secrets introduits dans toutes les hautes sphères étatiques et économiques, n’ont pas détecté les préparatifs de l’attaque du Hamas, une organisation placée sous haute surveillance par tous les agents de renseignements du monde occidental ?
Depuis des mois, plusieurs sources ont démontré la complicité des services secrets israéliens dans l’opération du 7 octobre 2023. L’ancien Premier ministre israélien Yaïr Lapid a avoué avoir reçu des informations de la part des services de renseignement avant l’attaque du Hamas. D’après lui, son successeur Benjamin Netanyahou les avait également réceptionnés. Mettant à nu la théorie de la défaillance des services secrets israéliens. En tout cas, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire où la bourgeoisie aura été autant machiavélique que méphistophélique.
Une organisation islamiste que l’Etat terroriste d’Israël a toujours soutenue et financée via le Qatar et d’autres pays. En tout cas, curieusement, le 7 octobre, 2 000 combattants du Hamas franchissent sans encombre la frontière israélienne la plus sécurisée et protégée du monde. Durant 6 heures, ils livrent leur «attaque surprise – surprenante ? – sans rencontrer la moindre résistance de la part de l’armée la plus efficace et équipée du monde (aucun hélicoptère ni avion de combat n’a décollé pour neutraliser les assaillants palestiniens). La suite tout le monde la connaît. La riposte est à la hauteur du scénario ourdi. Les troupes militaires israéliennes sont installées définitivement à Gaza. Gaza est en ruines. La population gazaouie décimée ou déportée. Les éphémères combattants du Hamas volatilisés, livrant la population civile gazaouie aux bombes génocidaires sionistes.
Il ne faut jamais perdre de vue que la majorité des guerres modernes sentent fortement une odeur de pétrole ou de gaz. L’actuelle guerre sioniste menée contre Gaza, ce camp de la mort, sent le gaz à plein nez, jusqu’à asphyxier mortellement les Gazaouis, victimes de la rapacité coloniale génocidaire des Israéliens et de leurs commanditaires, les classes dirigeantes états-uniennes. Ces sociopathes pour qui les Palestiniens, déshumanisés, sont des animaux.
Comme je l’ai indiqué dans un précédent article, depuis la formation du gouvernement fasciste israélien, l’objectif de l’Etat sioniste est également de régler définitivement la «question palestinienne» pour réaliser le grand rêve de la création d’un Etat purement juif du Jourdain à la mer. De la mer de Gaza, en particulier, qui recèle, comme indiqué plus haut, d’immenses gisements gaziers dont Israël veut s’en emparer.
De quelle manière compte-t-il réaliser le grand rêve du Grand Israël ? Politiquement, par l’abandon explicite de toute solution «à deux Etats». Militairement, par la déportation massive, y compris par la perpétration d’un massacre de masse, de la population palestinienne. Qui peut réaliser ce projet d’expansion territoriale et d’expulsion massive des Palestiniens, sinon des partis néo-fascistes et ultrareligieux pétris d’un racisme décomplexé et animés de violence meurtrière désinhibée, actuellement installés au pouvoir. C’est-à-dire des psychopathes.
Peut-être que Netanyahou, le nouveau messie des sionistes sanguinaires, adeptes de la solution finale, pourrait, avec l’aide des puissances impérialistes occidentales, réaliser la prophétie de Golda Meir : avoir une terre approvisionnée en gaz et en pétrole, le territoire de Gaza, en voie d’annexion définitive par Israël. Bientôt des plates-formes, made in Israël, pourraient s’ériger au large de la bande de Gaza. Ces plates-formes seront, symboliquement, remplies toujours du sang des Palestiniens, des Palestiniens gazaouis sacrifiés sur l’autel des gisements gaziers, des futures colonies israéliennes installées à Gaza. Prochaine opération de nettoyage ethnique en préparation : la Cisjordanie qui recèle aussi bien du gaz que du pétrole. Henry Kissinger aimait rappeler : «Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les nations.»
Israël semble vouloir contrôler le gaz et le pétrole de Gaza et de la Cisjordanie, non pour contrôler ces deux villes, mais pour détruire définitivement la nation palestinienne, en lui appliquant la solution finale.
K. M.
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