Pourquoi les contrats signés par Macron à Rabat sont irréalisables sans l’Algérie
Par Karim B. – «Nous avions Israël, maintenant nous avons aussi le Maroc», s’est plaint un député français, au sujet de ces deux pays devenus un «sujet tabou» en France. «C’est tout à fait normal, à partir du moment où le Maroc est devenu un appendice d’Israël et, comme tout un chacun sait que c’est Israël qui commande l’Occident, il n’y a donc aucun étonnement à ce que toute critique de l’un et l’autre pays soit assimilée tantôt à de l’antisémitisme et tantôt à un secret d’Etat dont la violation peut coûter cher», explique un ancien élu français interrogé par Algeriepatriotique.
La journaliste de BFMTV qui recevait le ministre des Affaires étrangères avait donc, au milieu de son pense-bête, des questions à ne surtout pas poser. Parmi ces questions, une relative à la santé chancelante du roi du Maroc, qui se meut difficilement, appuyé sur une canne, du haut de ses 61 ans. Souffrant d’une maladie dégénérative incurable, Mohammed VI a toutes les peines du monde à tenir debout et, surtout, à s’exprimer. Tout le monde en aura fait l’indéniable constat lors de son dernier discours prononcé devant ce qui fait office de Parlement.
Jean-Noël Barrot a rétorqué à son interrogatrice qu’il ne lui appartenait pas de commenter l’état de santé du sultan de Marrakech. Celle-ci insiste et essaye, vaille que vaille, de lui tirer les vers du nez, histoire d’assouvir la curiosité qui la ronge. Rien à faire. Le ministre, sur ses gardes, serre les dents pour éviter de lâcher quelque renseignement sur le roi qui confirmerait sa fin de règne proche. C’est que la France n’a pas intérêt à perdre son poulain qui lui sert de gestionnaire des phosphates dont les bénéfices profitent en grande partie à la bourgeoisie française, tandis que le reste est partagé entre les membres de la famille régnante, à condition que l’argent soit dépensé dans l’acquisition de châteaux, les séjours prolongés dans les hôtels de charme et les achats compulsifs dans les boutiques de luxe, en France et pas ailleurs.
Il faut admettre que le nouveau patron du Quai d’Orsay tranche avec son prédécesseur, maniant le verbe avec aisance et esquivant les questions pièges avec l’espièglerie de l’enfant malicieux. Acculé sur la présence de certaines personnes controversées parmi la délégation qui a accompagné le président Macron à Rabat, Jean-Noël Barrot a répliqué qu’il valait mieux se détourner de «ces détails insignifiants» et l’interroger plutôt sur les contrats juteux signés par Engie, Veolia, Alstom et TotalEnergie, entre autres.
Mais quand on sait que le business de ces grosses boîtes françaises dépend dans une large mesure du gaz algérien et russe, les applaudisseurs impressionnés par le folklore qui s’est déroulé sous leurs yeux au palais des mille et une nuits de Rabat doivent ravaler leur euphorie et corriger leur optimisme très largement à la baisse.
K. B.
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