Quand Boualem Sansal résume l’Algérie à un «truc» qu’on peut coloniser
Une contribution du Dr Abderrahmane Cherfouh – Depuis les deux plaintes déposées en justice contre Kamal Daoud pour plagiat et l’arrestation de Boualem Sansal à Alger, la France s’en-va-t-en-guerre est en ébullition et tire à boulets rouges sans distinction sur l’Algérie, ses institutions, sa presse, son peuple et sur tout ce qui n’adhère pas à ses thèses sionistes et suprémacistes. Se plaçant résolument sur le terrain du combat, prête à en découdre avec un pays souverain qui, hier encore, l’avait humiliée et chassée de son territoire en sacrifiant un million et demi de martyrs et lui avait administré une leçon magistrale et mémorable qu’elle n’arrive pas encore à digérer, la France vient de démontrer une nouvelle fois qu’elle est une mauvaise élève (dixit le général Giap, «l’impérialisme est un mauvais élève»).
Chevauchant son cheval préféré Rossinante et tambours battants, «la machine infernale» de la France et du quatrième pouvoir est mise en branle pour servir d’instrument et de tremplin à un pays qui, sous nos yeux et sous les pressions de la doctrine sioniste, est contraint à s’aligner sur la politique génocidaire que mène Israël contre le peuple palestinien, un pays en principe souverain qui capitule et se laisse ainsi réduire à la triste condition d’un valet et d’un complice de l’Etat génocidaire d’Israël.
En clair, la France qui, désormais, assume sans complexe sa position sur les thèses sionistes et le fait de surcroît avec arrogance et mépris, en plein jour sans se cacher et sans éprouver la moindre honte, oublie ou feigne d’oublier qu’un Etat n’intervient pas dans les affaires intérieures d’un autre Etat souverain, principe qu’elle est en train de bafouer à l’encontre de l’Algérie quitte à réveiller les vieux démons et à vouloir pérenniser certains vieux réflexes et certaines pratiques et méthodes répugnantes et basses tant décriées et vomies par l’ensemble du peuple algérien et les forces vives de sa nation.
A cet effet, ces deux affaires de Daoud et de Sansal qui ont fait les choux gras de la presse à sensation et ont suscité diverses réactions ont démontré que le peuple algérien est soudé, profondément uni, s’oppose à l’injustice et vibre au rythme des mêmes sentiments et qui sait se défendre et rendre coup pour coup à toute velléité d’attaque et à tous ceux qui tente de toucher à son intégrité territoriale jalousement gardée.
Voilà qui en dit long sur cette France qui a perdu son âme qui applique la politique de «deux poids, deux mesures» et qui est devenue le refuge des esprits revanchards, des xénophobes, des suprémacistes, des liberticides, des mercenaires de la plume et de la parole, des partisans de l’exclusion et des discours identitaires.
Ceci étant dit, on peut tirer au moins quelques leçons de ces deux affaires largement commentées avec l’art et la manière par les auteurs et les lecteurs d’Algeriepatriotique et par tous les Algériens jaloux de leur pays.
La première leçon concerne Boualem Sansal lui-même. Quel combat et quelle bataille a livrés ce Sansal pour mériter tous ces éloges et tout ce branle-bas de combat de la part de la droite et de l’extrême droite française ? Excepté bien sûr d’avoir visité le Mur des lamentations et d’être revenu heureux et d’avoir fait de ses miasmes putrides et de son vomi qui polluent nos narines son fonds de commerce ?
Cet individu s’est surpassé par une longue série de propos injurieux et de déclarations outrancières à l’encontre d’un pays qui a accueilli son père d’origine marocaine et qui lui a tout donné. Ses discours insultants et son mépris envers l’Algérie ont été ressentis par les Algériens, à juste titre, comme une immense trahison et une monstrueuse ingratitude.
Evoquant la nation algérienne et son occupation par la France coloniale, il commence par faire preuve d’une contrevérité et une fausseté grossière : «Quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc, Tlemcen, Oran, jusqu’à Mascara». Il poursuit : «La France a décidé de rattacher tout l’est du Maroc à l’Algérie. Que pouvait faire le Maroc face à un Etat puissant comme la France.» La France était l’une des plus grandes puissances militaires de l’époque, disait-il. Et pourtant, cette France puissante dont parle ce pitoyable hypocrite et adepte de l’aplaventrisme aussi fourbe qu’ignominieux, a été terrassée, humiliée, vaincue et chassée de l’Algérie par le peuple algérien.
Sansal poursuit avec une autre provocation : «Le Maroc est le plus vieil Etat du monde avant la France, on ne peut pas le coloniser, on colonise un truc comme l’Algérie.» Ainsi, toute l’Algérie, son histoire, son identité, sa culture, son immense territoire, ses richesses, le courage et la résilience de tout un peuple ne sont qu’un «truc» aux yeux de cet ignoble individu. Il y a des limites à se faire traiter de la sorte par un individu sans honneur et sans scrupules, un irresponsable qui s’est brulé lui-même. Il s’est même carbonisé. Qui va prendre désormais au sérieux cet ingrat qui a perdu depuis belle lurette toute crédibilité en dehors des cercles sionistes qui le ménagent et qui ont trouvé en lui le cobaye et le spécimen rare pour l’utiliser et lui donner toute la latitude d’aboyer, de pourfendre, et de tirer lâchement sur tous ceux qui refusent de s’aligner sur leurs thèses ? J’ose espérer que la justice algérienne fera son travail et lui demandera des comptes pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi sioniste. Pouvez-vous imaginer le sort d’un ressortissant marocain qui dirait que le Sahara Occidental n’appartient pas au Maroc et qui s’en sortirait indemne sans aucune sanction ou d’un Israélien qui dirait qu’Israël appartient à la Palestine ? Bien que le Sahara Occidental n’ait jamais fait partie du Maroc et qu’Israël ait volé le territoire palestinien.
La deuxième leçon à tirer de ces deux affaires porte sur le fervent soutien et de l’engagement politique de Macron qui s’est toujours montré incohérent durant ses deux mandats, un vrai caméléon et de certains hommes politiques français à l’encontre de Daoud et de Sansal, cela revient à minimiser le plagiat de Kamel Daoud qui a violé l’intimité de la vraie victime et les propos inappropriés et les thèses négationnistes de Sansal envers l’intégrité territoriale de l’Algérie et c’est grave pour un soi-disant homme d’Etat d’agir de la sorte et de s’immiscer dans les affaires de la justice d’un Etat souverain.
La troisième leçon à prendre en considération : Daoud et Sansal insultent gravement l’Algérie, ses institutions, son peuple, sa culture et toute la racaille et le ramassis d’extrémistes et de sionistes les soutiennent et en font leurs favoris. Plus rien ne nous surprend. Nous assistons depuis longtemps à une campagne de presse savamment orchestrée par les médias inféodés au sionisme et à ses acolytes. La France insoumise, par exemple, pour son soutien à la cause palestinienne et les immigrants font depuis longtemps les frais de cette presse qui a toujours servi de pilier et d’outil au sionisme et à ses relais la droite et l’extrême droite françaises et a été leur support médiatique. Désormais, cette presse agit en plein jour et ne soigne plus ses apparences. C’est vers cette presse dirigée, contrôlée, obéissante au doigt et à l’œil à ses pourvoyeurs de fond, que convergent en fait tous les fils qui animent et motivent les nouveaux réactionnaires qui en font leur terrain de combat et leur champ de bataille.
Elle se distingue par sa partialité, par sa supercherie, sa tricherie et son imposture, par sa haine viscérale des immigrants, par son soutien aveugle et totale aux exactions d’Israël, par son narcissisme, par la disqualification injurieuse de ceux qui ne s’alignent pas sur sa thèse et qui pensent autrement, par son incohérence, par sa sensibilité plus accentuée ou plus vive à l’antisémitisme qu’à l’islamophobie, par son indifférence totale à l’égard du génocide du peuple palestinien et les victimes de guerre dans le Sud Global, à l’égard du blocus imposé à Cuba qui dure depuis 1962, par son humanisme à la carte, etc. La liste est encore longue.
A. C.
(Canada)
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