La propagande réactionnaire : une arme létale sans métal
Une contribution de Saadeddine Kouidri – L’anticolonialisme est pour la libération des peuples, mais pour le colon et ses maîtres, il est la cause du terrorisme. Oui mais qui a commencé le premier ? La propagande du vainqueur pour le faire oublier élabore un récit pour enterrer l’histoire de l’occupation de la terre étrangère. Parallèlement, elle impose la loi du plus fort, jalonnée d’injustices dont les massacres de populations innocentes n’étaient connus que par peu de gens et qui, du reste, étaient démunis de moyens de venir en aide aux victimes. Aujourd’hui, le génocide se déroule sous les yeux de toute la planète qui a les moyens de l’arrêter mais n’arrive pas à le faire. Ce qui prouve que le processus du capitalisme suit son cours inexorablement et rend l’intérêt du capitalisme supérieur à la morale des pouvoirs actuels.
Le dominant se sert à la fois de la propagande pour endoctriner ses ouailles et de l’amnésie pour effacer ses crimes précédents et offrir aux bourreaux le droit de se défendre contre ses victimes, tout en accusant ces derniers de ne pas les protéger. Ce machiavélisme empêche toute tentative de contextualiser l’attentat commis par le Hamas contre la colonisation de peuplement que mène Israël en Palestine, qualifié d’acte terroriste. Certes que c’est un acte terroriste mais moins condamnable que ceux que commet l’Etat colonialiste d’Israël sur les Palestiniens depuis un siècle.
Le bourreau pour échapper à la tenaille que ses victimes tiennent en mains s’en soustrait grâce à une arme létale sans être en métal, élaborée durant des siècles par le mensonge, gonflée par de la propagande, de la publicité diffusés H24 à travers les millions d’écrans, aujourd’hui connectés à internet. Devant un tel abysse du mensonge, la vérité devient révolutionnaire et la Révolution s’impose comme seule solution pour libérer à la fois la victime et son bourreau.
On comprend mieux pourquoi l’écrivain, le journaliste, le militant, l’intellectuel engagé est semblable à un soldat éclaireur comme dans les films westerns.
Boualem Sansal est à l’image de ses acolytes, unis grâce aux fuyards d’Algérie, poussés par la haine de l’indépendante, de son pays natal, qui, de surcroît, est un Etat social comme le préconise la Proclamation du 1er Novembre 1954. C’est logique qu’il parle le langage des descendants de colons qui confondent l’Algérien indépendant avec l’indigène pour enrichir le récit de la colonisation opposé à l’histoire. A ses allégations, il suffit de répliquer que les milliers de kilomètres de frontières algériennes ont été tracées avec le sang de millions de martyrs de 1830 à 1962. Ne pas le reconnaître fait de vous un traître à la mémoire de millions de braves gens, les meilleurs de nos concitoyens et anticolonialistes étrangers qui ont libéré l’Algérie de la colonisation de peuplement. Il faut toujours respecter cette vérité même en voulant la transgresser. La majorité des pieds-noirs ont quitté leur pays natal parce qu’ils étaient contraints par l’OAS et non par le FLN. Cette déportation du printemps de 1962 imposée par l’Organisation de l’Armée secrète servit quelques années après à Jean-Marie Le Pen, ce député et ancien tortionnaire à unir pour la première fois sa famille politique composée essentiellement de fascistes, de vichystes et de nazis.
Mitterrand cet autre collaborateur, était pour que l’Algérie cède le pouvoir au FIS en 1990, après sa victoire aux élections comme l’Allemagne l’avait fait pour Hitler. Oubliant qu’il n’y avait là aucune autorité capable d’arrêter Hitler, alors les criminels reprochent à l’Algérie d’avoir une armée qui a été capable de le faire, empêchant des hordes sauvages d’accéder par les urnes au pouvoir. Le général Mohamed Lamari, chef d’état-major dans les armées 1993 à 2004, déclarait en 2003 que le terrorisme est vaincu ; par contre, l’intégrisme est intact en affirmant que cette tâche relève du politique. C’est à cause de cette vérité que Bouteflika l’éloigna du pouvoir l’année d’après.
Mitterrand tente d’imposer les terroristes islamistes au pouvoir algérien en 1990. Le parrain de ce crime politique est l’Internationale socialiste, et avec son «qui tue qui» essaima la société française. Cette politique encouragea la droite et l’extrême droite à donner plus de coups de boutoir à la «diaspora» et la poussa dans les bras de l’islamisme pour l’affaiblir davantage ou au moins l’éloigner de la sphère politique. En un mot, la violence de la droite sert à balancer l’émigration dans les bras de l’islamisme pour la discréditer aux yeux du citoyen français pour une éventuelle déportation.
En attendant, elle semble avoir atteint un but, celui d’invisibiliser l’émigré dans les partis politiques et les syndicats. L’offensive contre l’émigration a déconscientisé un bon nombre jusqu’à faire place à des réactionnaires où à des islamistes. Parallèlement, l’émigré est incarné par des sportifs talentueux, d’artistes téméraires et de scientifique tels que Nourreddine Melikechi grâce à qui les parcs nationaux algériens du Tassili N’ajjer, du Djurdjura et du Ghoufi font désormais partie de la nouvelle cartographie de la région martienne de Jezero. Une distinction qui honore l’Algérie du physicien et qui contrebalance le coup d’arnaque de la propagande réactionnaire de Sansal.
Pour ce qui est de l’ignorance de ce dernier en histoire, elle est comme un éclat de voix à la Goebbels qui vient consolider la dernière traîtrise de la France dans sa reconnaissance du Sahara Occidental comme marocain. Après cela, l’ambassadeur de France ose déposer un bouquet de fleurs sur la tombe de Ben M’hidi Larbi le 19 novembre 2024. Ce leader de la Révolution a été assassiné dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Un crime camouflé en suicide et que la France n’avoua que récemment.
En spéculant, je dirais que le 16 novembre Sansal a payé le ticket d’entrée au carré des martyrs à l’ambassadeur de France.
Les Services n’ont-ils pas jugé opportun une contre-offensive à cette manœuvre de Macron la sangsue, tout en dénonçant une taupe des temps modernes pour mettre fin à la guerre des mémoires et entamer celle de la culture, en prenant comme point d’appui un écrivain largement médiatisé par la réaction et les nostalgiques de l’Algérie-française pour la coiffer de culture comme Le Pen avait estampillé la précédente de torture. Si le député Marie Le Pen torturait pour maintenir l’Algérie française, Sansal ment pour se hisser au rang de leader de suprématistes blancs, à l’instar de Stora qui lors de son passage sur la 5 cite trois noms d’historiens algériens, amis qu’il dit, mais qui ne figurent pas dans la commission qu’il copréside pour ajouter, toujours, un chouya de crédit à son récit néocolonial.
Malheureusement, les sciences restent favorables à la minorité qui gouverne. Celle-ci a su s’en accaparer pour mieux les manipuler. Internet en est la preuve. Si, auparavant, des concepts novateurs étaient censurés, discrédités et détournés comme l’a été la sélection naturelle de Charles Darwin, son livre La Filiation de l’homme, édité en 1871, a été interdit en 1920, tout en subissant une interprétation erronée de son concept développée dans L’Origine des espèces, édité en 1859. Aujourd’hui, on n’a pas besoin de discréditer une œuvre car Internet s’en charge. Il est équipé d’algorithmes pour l’outrance qui permet de donner le ton dans la plupart des écrans jusqu’à faire d’un Trump et ses acolytes les maîtres du tempo dans le monde.
Cela prouve que le chemin de la liberté pour les peuples est encore long et de plus en plus pénible, surtout lorsqu’on voit d’anciens militants s’embourber dans les luttes identitaires qui débouchent sur le racisme obligatoirement, facilitant la manipulation de la sphère politique, comme on le constate lors des élections en France et aux Etats-Unis. L’Arabe, le musulman, le Breton, l’Amazigh, le chrétien, le juif ne fait pas citoyen, ni Algérien, ni Français, ni Israélien et dire qu’il y a celle et celui qui prétend à plus d’une nationalité, alors qu’ils n’ont n’en atteint consciemment aucune.
Le militant algérien de gauche a longtemps opté pour la politique de la double rupture, orpheline de leader depuis la mort du camarade El-Hachemi Cherif. Elle est celle qui rompt avec l’islamisme et le libéralisme. Il y a ceux qui veulent rompre avec l’un mais pas avec l’autre. Daoud est de cela. Il contribue à condamner l’islamisme comme tant d’autres écrivains et journalistes avant lui. Le défi à l’interdiction qu’il arbore est une vérité aux yeux des étrangers à la période des sanguinaires des GIA et une propagande aux amnésiques. Ceci n’empêche pas de soupçonner les auteurs des interventions négatives sur le roman de cet écrivain comme un signe de sympathie avec ceux qui utilisent la religion dans la sphère politique et encourage le pouvoir qui l’a censuré. Un pouvoir qui libère des centaines de terroristes islamistes, et leurs chefs sanguinaires qui mettent constamment en danger la République sans jugement et qui emprisonnent un écrivain pour un mensonge, crédible aux yeux des amnésiques.
Madame Saada Arbane accuse Monsieur Kamel Daoud de lui avoir fait du tort. Elle a peut-être raison. La justice nous le dira sauf, qu’en attendant, son accusation confirme la vérité de l’auteur sur les pratiques des terroristes islamistes. Houris est donc un roman, mais un roman non fiction, un genre littéraire développé par Truman Capote dans son livre De sang-froid publié en 1966.
L’argumentaire de députés français pour une proposition de loi visant à abroger le délit d’apologie du terrorisme du code pénal est «sous l’expression d’apologie du terrorisme, des militants, des responsables syndicaux ont été inquiétés, poursuivis, condamnés à des peines allant jusqu’à l’emprisonnement». Un signe de la fin de règne de Macron.
«Plus que jamais, l’Ukraine est sur la défensive. Son armée s’efforce de tenir bon. Elle ne s’effondre pas. Mais dans le Donbass, elle est contrainte de reculer pas à pas – elle y a perdu plus de kilomètres carrés au mois d’octobre 2024 que pendant n’importe quel autre mois de l’année.» Cette avancée vers la victoire de la Russie a comme contre-offensive la prise rapide d’Alep en Syrie par la 5e colonne de l’Otan, sous couvert d’un énième Daech.
La chanson dit que le changement n’est possible que si nous élevons la voix pour libérer la Palestine. Pour l’élever, il faut, au préalable, la libérer. En fait, c’est ce qu’a fait Hamas le 7 octobre 2023. Après cette date, toute tentative de contextualiser l’attentat est considéré comme de l’apologie du terrorisme par les pouvoirs occidentaux et leurs valets qui octroient le droit à un criminel, un génocidaire, à se défendre contre ses victimes depuis plus d’un siècle. Les pouvoirs occidentaux reprochent aux victimes palestiniens de ne pas protéger leurs bourreaux israéliens. Des intentions que le Diable est incapable de formuler et que la langue de la minorité décline comme une rime que leurs médias diffusent sans honte bue.
Si pour vous Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, est un exemple de réussite, et que votre interlocuteur le prend pour ce qu’il a toujours été, un raciste, vous n’allez certainement pas vous entendre sur la suite de votre discussion. Pour les peuples, la colonisation de peuplement, l’apartheid et le sionisme sont des crimes contre l’humanité mais pas pour les maîtres de l’Occident et leurs valets. On peut donc dire qu’il y a le langage de la majorité et celui de la minorité. La stratégie de la minorité est d’imposer un récit avec son propre langage fait de ses désidératas et non par l’histoire. La faiblesse est d’en être inconscient jusqu’à tenter de contredire le récit des dominateurs en se servant du même vocabulaire. Si vous le faites, vous vous enfoncez, comme le fait tout historien qui approuve le récit colonial qui mène au crime pareil à celui qu’a commis Sansal et, bien avant lui, tous ceux qui, hier, ne condamnaient pas la colonisation de peuplement de l’Algérie et ceux qui ne condamnent pas celle de la Palestine aujourd’hui.
S. K.
Comment (7)