L’UE navigue à vue
Par Dr A. Boumezrag – Ah, l’Europe ! Terre de culture, de paix, de liberté… et, surtout, d’incertitudes géopolitiques. Si l’on devait comparer l’Union européenne à un conducteur, ce serait sans doute celui qui, perdu sur l’autoroute du monde, fait défiler frénétiquement les cartes et Google Maps, tout en se demandant si, au fond, il n’aurait pas dû acheter un GPS. Mais voilà, l’UE n’a pas de plan bien tracé. En plein cœur de l’épicentre des rivalités mondiales, elle se trouve dans une situation particulièrement cocasse. D’un côté, la Chine, de l’autre, les Etats-Unis, sans oublier une Turquie en quête de reconnaissance avec son café fort comme son caractère.
La Chine, cet éléphant géopolitique dans la pièce, ne cesse de pousser ses pions. La Route de la soie, les investissements massifs, la montée en puissance de l’IA… Pékin ne se contente pas d’être un acteur économique : Elle est aussi un maestro de la diplomatie agressive. L’Europe, pourtant, se trouve entre deux chaises : d’un côté, une dépendance économique croissante, de l’autre, une tentation de garder son indépendance stratégique, notamment sur la question de la souveraineté numérique. L’UE, en théorie, aime l’idée de diversité et d’équilibre mais, dans la réalité, elle se voit souvent piégée par des choix de plus en plus dichotomiques. Et que fait l’Europe face à ce colosse asiatique ? Elle fait semblant de lui demander si on peut négocier tout en étant évitant de se retrouver avec des chaînes d’approvisionnement chinoises autour du cou.
Puis, il y a les Etats-Unis qui, après des décennies de leadership international, ont décidé qu’il était grand temps de rentrer à la maison. Avec la célèbre doctrine «America First», ils veulent moins de fioritures diplomatiques, plus de résultats concrets et, surtout, beaucoup moins de compromis. Et l’Europe dans tout ça ? Eh bien, elle regarde ce spectacle, mi-horrifiée, mi-confuse, se demandant si elle ne va pas devoir investir dans des avions furtifs pour avoir une chance d’être entendue à Washington. Et surtout, l’UE est confrontée à la réalité : l’alliance atlantique, ici sacrée, commence à ressembler à un vieux couple qui ne se parle plus trop. Un désengagement stratégique américain, une Europe qui tente de rester unie tout en gérant les petites querelles internes, et une politique extérieure qui ressemble de plus en plus à un assemblage de petites annonces diplomatiques en quête de sens.
Ah, la Turquie ! C’est un peu le café fort et épicé que l’on n’a pas demandé, mais qu’on se retrouve à boire en espérant que l’amertume finira par se dissiper. Entre ses ambitions au Moyen-Orient, sa quête d’un rôle majeur en Méditerranée, et ses relations unilatérales avec la Russie, la Turquie d’Erdogan joue sa propre partition. Et l’Europe dans tout ça ? Eh bien, elle regarde un peu, nerveusement, se demandant si elle doit inviter la Turquie à sa table ou la laisser jongler entre ses alliances contradictoires. La Turquie est, après tout, un membre de l’OTAN, mais elle a un goût étrange pour la souveraineté et l’indépendance qui déstabilise tout le système. La France, par exemple, n’arrête pas de se gratter la tête en tentant de trouver une réponse diplomatique à la multiplication des incursions turques en Libye ou en Syrie, tout en gardant un œil sur les migrants et les frontières.
L’Europe, donc, navigue dans une houle géopolitique. Chaque décision semble peser le poids de l’histoire. L’UE rêve d’indépendance stratégique, mais se retrouve trop souvent à la merci des grandes puissances qui savent très bien où elles vont, même si elles ne sont pas toujours prêtes à prendre l’Europe dans leurs bagages. Le Brexit, un désengagement américain, une montée de l’influence chinoise, et une Turquie qui fait des coups d’éclat à chaque occasion… Si l’Europe n’arrive pas à se trouver un GPS, elle risque de se retrouver avec un smartphone déchargé et une carte routière en papier, en train de chercher la sortie dans un monde où chaque virage compte.
Au final, l’Europe est dans une situation délicate : elle veut éviter de devenir un terrain de jeu pour les puissances émergentes et les grandes nations traditionnelles mais, dans un contexte mondial où tout le monde est pressé de prendre sa part du gâteau, elle semble se retrouver dans une quête sans fin pour un repère, une boussole, ou même un GPS qui lui indique où aller. Entre la rivalité chinoise, la fureur américaine et les tactiques de la Turquie, il devient clair qu’une seule chose est sûre : l’Europe va devoir sortir des sentiers battus. Mais à condition de trouver le bon itinéraire… et, surtout, de ne pas se perdre en chemin.
Dans un monde où les puissances s’affrontent et les alliances se redéfinissent, l’Europe se trouve à un carrefour : choisir entre être une forte dans le concert mondial ou se contenter de jouer un rôle secondaire dans un système multipolaire en constante évolution.
Cette citation souligne l’incertitude et la complexité des choix géopolitiques auxquels l’Europe est confrontée dans un monde marqué par la rivalité entre grandes puissances et l’émergence de nouvelles dynamiques globales.
A. B.