Le CFCM dénonce le «cynisme indécent face à la souffrance des victimes» de l’attentat de Magdebourg

décembre 22, 2024 - 10:35 kenzi-Adam 1 Commentaire

Hommage aux victimes de l'attentat de Magdebourg, en Allemagne. D. R.

Par Nabil D. – Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a répondu à ceux qui lui ont reproché, «dans [un] élan d’indécence, ses précautions oratoires lorsqu’il a immédiatement condamné ce qui semblait être un attentat criminel», en Allemagne. «Ces précautions, prises dans l’attente des premiers éléments de l’enquête, étaient pourtant similaires à celles adoptées par les autorités et les médias allemands», réagit cette organisation, qui dénonce «certains influenceurs et politiques d’extrême-droite [qui], à chaque attentat, se précipitent pour instrumentaliser les événements et cibler les musulmans».

«Dès les premières minutes de l’ignoble attentat survenu au marché de Noël en Allemagne, certains acteurs politiques et médiatiques français, obsédés par leur haine de l’islam, n’ont pas hésité à transformer ce drame humain en une opportunité pour répandre un discours haineux à l’encontre des musulmans», déplore le CFCM. «Ces déferlements, souvent relayés sur les réseaux sociaux et certaines chaînes partisanes, révèlent un cynisme indécent face à la souffrance des victimes». «Ce contraste choquant entre la gravité de l’événement et l’opportunisme de ces discours haineux est profondément indigne», insiste-t-il.

«Le CFCM ne nie aucunement l’existence d’un terrorisme se revendiquant de l’islam. Les premières victimes de ce terrorisme, partout dans le monde, sont les musulmans eux-mêmes. Le CFCM lutte quotidiennement, et avec détermination, contre les idéologies mortifères de ce terrorisme ainsi que contre son usurpation de l’identité musulmane», rappelle le CFCM, qui affirme avoir, «depuis longtemps, alerté sur les dangers croissants des idéologies d’extrême-droite et leur potentiel terroriste». «Fidèle à ses valeurs, il continuera à combattre avec force et persévérance toutes les formes d’extrémisme», assure-t-il.

Enfin, le CFCM pointe «l’attitude irresponsable de certains pseudo-intellectuels et pseudo-chercheurs qui, sous couvert de lutte contre l’extrémisme musulman, alimentent délibérément la peur et la division dans notre société».

N. D.

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Commentaires

Mohamed El Maadi

22 décembre 2024 - 13 h 20 min

Les déclarations politiques et les jugements à l’emporte-pièce qui fusent après chaque événement tragique révèlent une mécanique bien huilée, aussi prévisible que nauséabonde. L’opportunisme électoral se mêle à une rhétorique du « choc des civilisations », créant un cocktail toxique qui empoisonne le débat public. La récente sortie de Jordan Bardella sur « l’attentat islamiste qui s’en prend à nos valeurs chrétiennes et à notre civilisation » est l’exemple parfait de cette instrumentalisation grossière. Quelle légitimité a-t-il pour se poser en défenseur des valeurs chrétiennes ? A-t-il oublié les pages sombres de l’histoire où le christianisme a servi de justification à des massacres systématiques, notamment le génocide des peuples autochtones d’Amérique latine, perpétré sous la bannière de la croix ?

Cette orchestration médiatique n’a rien de fortuit. Les grandes rédactions de droite, Le Figaro et le JDD en tête, semblent avoir reçu leur feuille de route. Elles déroulent consciencieusement un narratif préétabli, transformant chaque fait divers en confirmation de leur thèse préconçue. L’ancien ministre de l’Intérieur, dans son interview au JDD, nous offre un exemple édifiant de ce syncrétisme religieux opportuniste. Ses propos sur la période des fêtes sont révélateurs : « Oui, la vigilance est de mise, surtout que la fête de Noël coïncide avec la fête juive de Hanoucca, et j’ai doublé la surveillance des lieux de culte. » Cette association délibérée entre christianisme et judaïsme face à une prétendue menace islamiste n’est pas anodine. Elle dessine en creux le projet politique de Retailleau : créer un « nous » contre un « eux », stigmatiser les Français de confession musulmane en les présentant comme une menace permanente pour la société.

Les tentatives de rappeler ces rédactions à leur devoir d’objectivité et d’analyse critique se heurtent à un mur d’indifférence calculée. Les dés sont pipés, le scénario écrit d’avance. Cette mécanique bien rodée sert les intérêts de ceux qui cherchent à faire des musulmans les boucs émissaires parfaits, les terroristes présumés de demain. C’est un agenda international savamment orchestré, auquel les médias français participent avec un zèle qui rappelle les heures les plus sombres de l’histoire, quand la presse collaborait avec l’occupant. Aujourd’hui, l’occupation est plus insidieuse : elle est idéologique, portée par ceux qui distribuent les bons points de philosémitisme tout en attisant la haine contre les musulmans.

Cette stratégie de tension permanente, cette fabrication méthodique de l’ennemi intérieur, révèle la faillite morale d’une certaine classe politique et médiatique. Sous couvert de défendre la République et ses valeurs, ils en sapent les fondements mêmes : l’égalité, la fraternité, et le respect de la diversité qui fait la richesse de la France. Les pseudo-intellectuels qui alimentent cette machine à diviser, ces « experts » autoproclamés de l’islam qui n’ont jamais mis les pieds dans une mosquée, participent à cette entreprise de démolition du vivre-ensemble.

Le plus inquiétant est peut-être la normalisation de ce discours haineux, son acceptation progressive comme une parole légitime dans le débat public. Les médias mainstream, plutôt que d’exercer leur fonction critique, servent de caisse de résonance à ces théories nauséabondes. Ils transforment des opinions extrêmes en positions « respectables », dignes d’être débattues, contribuant ainsi à déplacer toujours plus loin les limites de l’acceptable dans notre société.

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