Le grand échiquier : quand les pions deviennent des dominos
Une contribution du Dr A. Boumezrag – Parfois, un échiquier se transforme en un terrain de jeux bien plus chaotique, où les pions ne se contentent plus de suivre leur chemin calculé. Ils tombent. Un à un, comme des dominos.
Le monde géopolitique, aujourd’hui, ressemble de plus en plus à un grand échiquier où les grandes puissances se battent pour de minuscules cas. Mais comme dans toute mauvaise partie, les pions – ces petites pièces insignifiantes – se révèlent plus menaçants qu’ils n’y paraissent et finissent souvent par se renverser en chaînes de conséquences imprévues. La scène mondiale est désormais un jeu où chaque coup a des répercussions qui échappent parfois à la compréhension de ceux qui les orchestrent.
Un échiquier truffé de pièges
Sur la carte du monde, la Russie, les Etats-Unis, la Chine, et bien d’autres acteurs jouent à des jeux d’influence sans se faire des petites pièces sur le terrain. On parle de puissances nucléaires, de zones d’influence, de corridors stratégiques, de routes commerciales… Mais derrière la sophistication des manœuvres, ce sont toujours des peuples qui subissent.
Prenez le Moyen-Orient, par exemple. Al-Assad, ce pion devenu roi en Syrie, est tout sauf un simple acteur local. En se réfugiant à Moscou, il est devenu l’un des symboles d’un pouvoir qui résiste au temps et aux bouleversements, un pion qui a su se maintenir. Mais la Russie, en appuyant son régime, ne joue pas pour l’amour de la paix. Non, elle protège ses intérêts géostratégiques. Al-Assad, dans ce jeu, est une pièce fragile, mais la Russie, en s’engageant aussi massivement, risque de transformer un simple «pion» en dominos dont la chute pourrait perturber un peu plus tout le Moyen-Orient.
La chute d’Al-Assad : un domino qui déstabilise toute la pièce
Imaginons que le domino syrien tombe. Quelle sera la réaction ? Les acteurs régionaux, ces grandes puissances, ou plutôt ces grands enfants du jeu, ne vont pas se précipiter pour résoudre ce casse-tête. Non, ils vont se battre pour ramasser les morceaux. Et là, on se rend compte que ce qui devait être une partie maîtrisée, bien calculée, se transforme en un jeu d’interventions imprévues. Ce n’est plus un échiquier, mais une plateforme de dominos géopolitiques. Les Etats-Unis, la Russie, la Turquie, Israël, l’Iran… Chacun avec ses propres dominos, chacun jouant à sa manière. Dans un coin, la Chine observe tranquillement, en attendant que les autres pions bougent, prêts à en récolter les fruits.
Le Sahel, l’Ukraine et l’Afrique : les dominos à l’échelle mondiale
Et l’Afrique, alors ? Oh, l’Afrique, cet échiquier presque oublié, où les puissances occidentales et chinoises se battent pour de précieuses ressources, mais où les peuples continuent de subir les coups de pieds du hasard géopolitique. Le Sahel, notamment, est devenu une table de jeu où les frontières nationales n’ont plus de sens, et où les terroristes deviennent des pions à sacrifier sur l’autel des intérêts stratégiques.
L’Ukraine, elle, est un cas d’école. De pion en pion, de contrôle territorial en occupation, la guerre froide n’a jamais été aussi chaude. La Russie, l’Europe et les Etats-Unis sont prêts à tout pour garantir leurs intérêts en Ukraine. A chaque mouvement, la situation devient de plus en plus incertaine. Un domino mal placé, et tout peut s’effondrer.
Une partie qui n’a plus de règles
Le problème avec un échiquier en ruines, c’est qu’il n’y a plus de règles. Les grandes puissances s’engagent dans des guerres par procuration, mais elles se retrouvent souvent à jouer des coups qui n’avaient pas été anticipés. L’Amérique s’enlise au Moyen-Orient, la Russie se brûle les ailes en Ukraine, la Chine regarde tout ça avec un sourire et des yeux rivaux sur ses ambitions en mer de Chine méridionale. Ces dominos tombent vite, et une fois qu’ils sont en mouvement, personne ne sait où ils finiront.
Quand les pions deviennent des dominos
L’ironie de tout cela, c’est que tout le monde, des puissances occidentales à la Chine, en passant par la Russie, veut contrôler l’échiquier mondial. Mais quand les pions tombent, ils entraînent tout le reste avec eux. Un seul coup, une petite pièce qui bascule, et la chaîne de conséquences devient incontrôlable. La stabilité mondiale devient alors un mythe, et l’hégémonie des grandes puissances se transforme en un déclin lent et chaotique.
Les pions sont là, manipulés, poussés, déplacés… mais tout comme des dominos, chaque mouvement déstabilise l’ensemble. Le grand jeu géopolitique, qu’il soit en Afrique, au Moyen-Orient, ou en Europe de l’Est, n’est rien d’autre qu’un match entre des géants qui se croient maîtres du terrain, mais qui n’ont jamais été aussi vulnérables. Ils ont oublié la règle la plus simple : les dominos, une fois tombés, sont bien difficiles à remettre en place.
Le grand échiquier et la chute des dominos
Au fond, le Grand Échiquier mondial ressemble de plus en plus à un jeu de dominos, où chaque pièce renversée entraîne une réaction en chaîne imprévisible. Les puissances cherchent à influencer, à contrôler, à dominer… Mais ce qu’elles ignorent, c’est qu’au final, ce sont les peuples qui paient toujours le prix du chaos qu’elles génèrent. Les pions sont des dominos, et le monde entier, à travers chaque conflit, finit par tomber, petit à petit, vers un avenir incertain où l’ordre mondial devient une illusion fragile.
Peut-être qu’un jour, ces géants se réveilleront et comprendront que la meilleure partie n’est pas de jouer, mais de réparer les dégâts. Mais pour l’heure, le spectacle continue, et les dominos tombent. Un à un.
La mélodie des dominos : un jeu qui s’autodétruit
Le plus grand piège de ce grand échiquier, c’est de croire qu’on peut tout contrôler. Les grandes puissances jouent à un jeu où les règles sont constamment réécrites, mais les résultats sont toujours les mêmes : une cascade de conséquences imprévues qui échappent à ceux qui pensaient avoir tout anticipé. Car dans ce monde où chaque mouvement est calculé, il y a une vérité que beaucoup refusent d’admettre : les dominos, une fois qu’ils sont en mouvement, ne connaissent plus de frontières.
Le monde, une fois plongé dans ce cycle, se retrouve pris dans une danse macabre où les peuples n’ont jamais été aussi éloignés des décisions qui les possèdent. Chaque domino qui tombe dans une région en crise entraîne la chute d’autres pièces, et tout l’échiquier finit par se reconfigurer en un puzzle chaotique dont personne ne possède la solution. C’est un jeu où les petites pièces ne sont jamais que des spectatrices, une fois qu’elles sont renversées par les grandes ambitions.
Le rôle oublié des peuples
Dans ce grand jeu, les peuples, eux, sont les témoins silencieux des batailles géopolitiques, écrasés sous le poids des stratégies impérialistes. Mais ce qui est frappant dans cette dynamique, c’est que les petites pièces, ces pions oubliés, détiennent en réalité la clé de tout. Leur résilience, leur soif de liberté et leur capacité à survivre aux pires crises deviennent l’ultime paradoxe. Ce sont ces peuples, souvent réduits à des pions sacrificiels dans les stratégies des grandes puissances, qui, dans leur combat pour la dignité et la survie, finissent par redéfinir l’enjeu du jeu.
Car le vrai retour de situation dans ce grand échiquier mondial, c’est que les dominos ne tombent pas uniquement à cause des manœuvres des géants. Ils tombent aussi, et peut-être surtout, à cause de la résistance de ceux qui ne sont pas censés jouer. Ce sont les populations locales qui, en se percutant à chaque chute, imposent, même inconsciemment, leur propre règle du jeu. Un coup de pied dans la table, et tout est à recommencer.
La quête d’hégémonie : un jeu qui s’épuise
Pour les grandes puissances, ce grand échiquier est une quête perpétuelle d’hégémonie. Chacune cherche à imposer son modèle, à dicter les règles du jeu et à tirer les ficelles de la scène mondiale. Mais dans ce cours à l’armement, à l’influence et au contrôle, une vérité s’impose avec une cruauté implacable : la quête d’hégémonie est un jeu qui s’épuise. Le monde n’est plus un terrain de conquête, il devient un terrain de ruines où personne ne peut vraiment dire qui est le gagnant. Les dominos tombent, sans distinction, et personne n’échappe à l’effondrement.
Les Etats-Unis, malgré leur pouvoir militaire et économique, se retrouvent enlisés dans des guerres sans fin. La Chine, malgré son ascension économique vertigineuse, doit désormais jongler avec des questions internes de plus en plus complexes. La Russie, quant à elle, se retrouve à jouer sa dernière carte, en pariant sur des alliances fragiles et des stratégies militaires imprévisibles.
Mais ce qui est encore plus frappant, c’est que malgré tous ces mouvements, malgré toutes ces tentatives de dominer l’échiquier, le monde continue de se réinventer. Les dominos tombent, mais le monde s’adapte, d’une manière ou d’une autre.
L’inéluctable retour des dominos
Le temps des illusions est révolu. Les grandes puissances, bien qu’elles continuent à se livrer à leurs jeux stratégiques, doivent accepter une réalité plus dure : il n’y a pas de victoire définitive dans ce monde mondialisé. La fin de l’hégémonie occidentale, la montée en puissance de nouvelles puissances comme la Chine, et la résurgence de vieux acteurs comme la Russie, ne font que préparer le terrain pour de nouvelles dynamiques.
Mais si l’histoire nous a appris quelque chose, c’est que les dominos, une fois tombés, ne peuvent pas être remis en place si facilement. Le monde change, les cartes sont redistribuées, et les grandes puissances finiront par comprendre que leur jeu de domination a des conséquences qui vont bien au-delà de leurs frontières. Chaque domino qui tombe aligne les autres, et ce n’est qu’une question de temps avant que l’échiquier ne soit redessiné par ceux qui, en coulisses, ont été choisis comme des spectateurs.
Les petits pions, eux, finissent toujours par regagner le terrain perdu. Et quand les dominos tombent tous en même temps, il n’y a plus de «gagnant» – juste des ruines à reconstruire. La partie n’est jamais finie, et la question de savoir qui va tirer profit de ce chaos global n’a pas encore trouvé de réponse. Mais une chose est certaine : ce grand échiquier, avec ses pions, ses rois et ses reines, est désormais un champ de ruines. Et dans ce monde chaotique, même les dominos les plus petits, oubliés, ont le pouvoir de tout renverser.
Le paradoxe de la puissance : les dominos du contrôle
Les grandes puissances, dans leur recherche incessante de contrôle, semblent oublier un fait fondamental : plus on tente de maîtriser, plus le chaos devient inévitable. Chaque mouvement stratégique des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, ou même d’Israël, chaque manipulation sur le terrain syrien, en Ukraine ou en Afrique, s’apparente à une tentative de poser un domino dans une configuration soi-disant «parfaite». Mais à chaque tentative, un autre domino se met en mouvement, et l’ensemble du système devient de plus en plus instable.
Prenez l’exemple de l’Ukraine : les Etats-Unis, en soutenant le pays contre l’agression russe, espéraient protéger l’équilibre européen. Mais cette aide s’accompagne d’un effet de domino qui n’a cessé de repousser les frontières du conflit, et d’entraîner les puissances occidentales dans un affrontement de plus en plus direct avec la Russie, tout en poussant la Chine à renforcer ses liens avec Moscou pour contrer ce bloc occidental. Résultat : un jeu de domino global dans lequel chacun essaie de pousser le plus petit domino, sans mesurer les conséquences sur l’ensemble de l’échiquier mondial. Le même schéma se répète au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie, créant un enchevêtrement d’intérêts qui rend toute vision à long terme quasi impossible.
L’incertitude permanente : qui joue vraiment ?
Et pourtant, dans cette confusion mondiale, une vérité cruelle se dessine : même si tout le monde pense jouer, en réalité, tout le monde est joué. Les peuples, pris entre les feux croisés des superpuissances, subissent les conséquences d’un jeu dont ils sont souvent les figurants. Les «dominos» humains, qu’ils soient syriens, ukrainiens, ou maliens, tombent les uns après les autres, poussés par des puissances qui ne cessent d’agir selon des calculs géopolitiques, tout en prétendant œuvrer pour la paix et la prospérité.
Conclusion : la nouvelle partie
Le grand échiquier mondial est loin d’être un jeu maîtrisé. Chaque mouvement, chaque calcul, chaque alliance est un domino prêt à tomber. Et à force de jouer avec ces dominos, les puissances mondiales risquent de se retrouver piégées dans une partie qu’elles ne peuvent plus contrôler. Le monde de demain ne sera pas celui de l’hégémonie absolue, mais peut-être un monde où, comme dans une partie de dominos, tout finira par se renverser… et les grandes puissances, à un moment donné, devront accepter que, parfois, ce ne sont pas les pièces qui comptent, mais les mains qui les déplacent.
Ce n’est pas celui qui contrôle les pièces qui possède le vrai pouvoir, mais celui qui sait quand et comment les laisser tomber.
A. B.