Ce que révèle le scandale d’espionnage informatique par les services américains
Par Houari A. – Dire que les Etats-Unis n’ont pas d’amis est une lapalissade. Leur argument : dans les relations internationales, il y a des partenaires, des adversaires et des ennemis. Point barre. Cette vision des choses est ancrée dans la mentalité américaine et ses «alliés» européens et arabes le savent on ne peut mieux. Ce qui est supposé être un rapport symbiotique entre l’Oncle Sam et le Vieux Continent n’est que pur laïus destiné à cacher les véritables enjeux qui sous-tendent les intérêts des uns et des autres. Cette hypocrisie, on la constate dans les scandales en série impliquant des affaires d’espionnage dans lesquels les services de renseignement américains ne s’embarrassent pas de scrupules pour surveiller tout le monde. Sans exception aucune.
La dernière affaire en date est celle faisant état d’un piratage informatique massif qui a touché l’Italie et qui a éclaboussé plusieurs autres Etats, dont Israël, le Vatican, le Royaume-Uni et la Lituanie. «De nouvelles allégations ont été formulées via des écoutes téléphoniques de la police [italienne] selon lesquelles des puissances étrangères faisaient partie de celles qui utilisaient une société d’enquête privée basée à Milan pour pirater les bases de données de sécurité de l’Etat dans le but d’obtenir des informations secrètes sur l’activité financière, les transactions bancaires privées et les enquêtes policières», ont révélé les médias italiens.
L’espionnage cybernétique aurait donc été confié à une société italienne qui aurait piraté des informations «sur des milliers de personnes, dont des politiciens, des entrepreneurs, des athlètes et même des musiciens», précisent ces médias. Autre mission confiée à cette société, rémunérée à hauteur d’un million d’euros : mener une cyber-action contre des cibles russes, dont des proches collaborateurs du président Vladimir Poutine.
En théorie, il existe un accord liant les Etats-Unis et l’Europe, une sorte de pacte de non-agression informatique, mais jamais respecté par la NSA, la CIA et toutes les autres agences de renseignement américaines. «En matière technique, les Etats-Unis ont une avance considérable et vont proposer à un certain nombre de pays, à commencer par l’Allemagne, le Danemark, mais aussi la France, de leur livrer clé en main les centres d’interception et les moyens techniques. Ces pays, en fonction de leur politique de souveraineté et de leur volonté d’être autonomes, diront oui ou non. L’Allemagne dira oui, le Danemark également. En 2006, la France dira non, justement pour des raisons de souveraineté», expliquent des experts occidentaux.
Auparavant, l’OTAN fut confrontée à un autre scandale d’espionnage. Un rapport interne des services de renseignement danois, dévoilé par un consortium de journalistes européens, avait révélé que Washington s’est servi entre 2012 et 2014 du réseau de câbles sous-marins danois pour écouter des personnalités politiques, reparties dans plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la France, la Norvège et la Suède. Une pratique qu’Edward Snowden, le lanceur d’alerte de la NSA, avait dévoilé au grand jour, laquelle consiste en la surveillance de masse internationale par l’establishment américain. Julian Assange, par le biais du site WikiLeaks, avait lui aussi révélé les écoutes ayant ciblé de nombreux chefs d’Etat européens.
Des documents secrets diffusés dans la presse internationale ont mis à nu le caractère fourbe du gouvernement américain qui, s’il peut sembler divisé sur les questions internes pour des raisons éminemment électoralistes, n’en est pas moins uni dans ses actes bellicistes qui visent l’ensemble des pays du monde, les Etats-Unis étant un partenaire forcé dont il faut se méfier sans jamais baisser la garde.
H. A.
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