Sit-in à Paris pour réclamer la restitution des crânes des résistants algériens
Par Nabil D. – Un rassemblement est prévu le dimanche 16 février sur le parvis du Trocadéro, à Paris, pour exiger la restitution des crânes des résistants algériens détenus au Musée de l’Homme. Une partie a été rendue à l’Algérie en juillet 2020, mais de nombreux restes humains, preuve des crimes commis par la France coloniale en Algérie, sont encore entreposés au Musée national d’histoire naturelle (MNHN), dans la capitale française, que des Algériens établis en France ont décidé de réclamer aux autorités françaises dans une manifestation qui coïncide avec une campagne enragée contre l’Algérie.
Le contentieux mémoriel est plus que jamais d’actualité. Le président Tebboune a pointé, dans son dernier discours, les crimes abjects commis par la supposé France civilisée, en soulignant l’illégalité et l’immoralité de cet acte qui consistait à couper les têtes des résistants et à les acheminer vers Paris pour y être exposées. Un geste barbare qui met à nu le caractère sauvage et inhumain de la colonisation française et de ceux qui l’ont ordonnée et conduite jusqu’à l’indépendance de l’Algérie. 132 ans de résistance incessante qui a coûté la vie à des millions d’Algériens déterminés à récupérer leur terre spoliée par un envahisseur qui se targue aujourd’hui d’avoir «fondé l’Etat algérien inexistant avant la conquête» (sic). Une déformation éhontée de l’histoire qui sert de socle au discours raciste de l’extrême-droite désormais au pouvoir par procuration en France.
L’historien et anthropologue algérien Ali Farid Belkadi a recensé l’ensemble des crânes toujours présents dans le musée parisien. Un recensement élaboré suite à un travail de longue haleine et une étude minutieuse qui lui a permis d’identifier ces restes humains appartenant aux héros qui ont pris les armes contre la France depuis le premier jour de la colonisation et qui ont subi les horreurs commises par la soldatesque française coupable des pires crimes contre l’humanité : déportations, enfumades, génocides, torture.
L’évocation de ces crânes des résistants algériens dérange les Français car elle réveille le souvenir du passé déshonorant de la France qui se targue d’être l’exemple par excellence de la démocratie, de la civilisation et du respect des droits de l’Homme. Les autorités françaises auraient souhaité que ce scandale n’éclate jamais, mais le général Khaled Nezzar faisait état, en 2000 déjà, dans ses mémoires parus en Algérie et en France, de l’existence de ces crânes, pièce à conviction de la culpabilité de cette France sanguinaire à l’histoire honteuse.
Autres revendications des organisateurs du rassemblement, qui se tient à partir de 14 heures, la reconnaissance des crimes de guerre et des essais nucléaires, ainsi que le refus de l’utilisation de la communauté algérienne et franco-algérienne comme moyen de pression sur l’Etat algérien.
N. D.
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