Interview – Islamophobie, Retailleau, fils de Sarkozy : Abdallah Zekri se confie
Algeriepatriotique : Vous êtes en Algérie depuis quelques jours. Quel est l’objet de votre visite ?
Abdallah Zekri : A vrai dire, dès que l’occasion se présente, je me rends en Algérie pour me ressourcer. Ma visite est certes d’ordre privé, mais je profite de l’occasion pour rencontrer des responsables algériens avec lesquels j’échange sur les sujets qui concernent le culte et, plus généralement, notre communauté en France.
Quelles responsables avez-vous rencontrés ?
J’ai été honoré d’être reçu par le recteur de la Grande Mosquée d’Alger, Cheikh Mohamed Mamoune El-Kacimi El-Hassini, un homme d’une grande érudition et d’une humilité qui force le respect. C’est la première fois que je foule le sol béni de ce prestigieux lieu de culte, joyau architectural dont les Algériens peuvent être fiers. Par-delà sa mission de réunir les fidèles, cette mosquée dont le minaret trône sur la capitale et est visible du hublot dès que l’avion s’apprête à atterrir à l’aéroport Houari-Boumediene, est le symbole de l’islam du juste milieu prôné par nos aïeux et que nous nous devons de perpétuer pour contrer toutes les idéologies mortifères et profanes qui ont été importées chez nous ces dernières décennies. Je vais également rencontrer le président de l’Assemblée populaire nationale, M. Brahim Boughali, avec lequel je vais aborder un certain nombre de sujets à bâtons rompus.
Avez-vous rencontré des députés ?
En effet. J’ai eu une longue et intéressante discussion avec le président de la Commission des affaires étrangères à l’APN, ainsi qu’avec des députés représentant les Algériens à l’étranger. Nos avis ont convergé vers la nécessité de mettre en place une instance qui regrouperait nos compatriotes, comme cela se faisait auparavant, avec l’Amicale des Algériens en France, par exemple. Il y a un besoin pressant pour une telle organisation qui puisse réunir nos concitoyens autour d’idées et d’actions constructives pour le pays. Nous espérons pouvoir présenter un projet dans ce sens au secrétaire d’Etat chargé de la Communauté nationale à l’étranger, dans l’espoir qu’il trouve auprès des autorités du pays un écho favorable et qu’il puisse être concrétisé rapidement.
Dans le même sillage, nos concitoyens établis en France sont-ils suffisamment organisés sur le plan religieux ?
Malheureusement, non. Un recensement a été lancé par les consulats d’Algérie à travers toute la France pour connaître le nombre de mosquées dirigées et fréquentées par les Algériens. Les premiers retours indiquent que nous perdons du terrain au profit d’autres communautés, hélas. A mon avis, il y a lieu de corriger le tir avant qu’il ne soit trop tard. En attendant que cela puisse se faire, il est nécessaire de rectifier certaines erreurs qui ont quelque peu éparpillé notre communauté dans ce domaine sensible.
Votre déplacement à Alger coïncide avec une campagne anti-algérienne qui fait rage en France ? Comment expliquez-vous ce déchaînement de haine, vous qui présidez un observatoire de lutte contre l’islamophobie ?
Il y a en France des cercles nostalgiques qui refusent d’admettre que l’Algérie est indépendante depuis plus de soixante ans. Ces extrémistes héritiers de l’OAS sont incrustés au cœur des rouages de la vie politique, sociale et intellectuelle française. C’est ainsi qu’on retrouve des ministres, des responsables de partis politiques, des journalistes, des pseudo-analystes dont on voit chaque jour qu’ils sont à côté de la plaque sur tous les sujets d’actualité qu’ils traitent. Qu’il s’agisse de Gaza, de l’Ukraine ou de la situation qui prévaut en France, tous leurs laïus sont démontés par la réalité du terrain. Pour revenir à l’Algérie, cette campagne violente cache des desseins inavoués, outre qu’elle intervient au moment où la diplomatie algérienne enregistre des succès indiscutables et maintient le cap sur sa ligne de conduite constante et immuable, celle du refus de toute ingérence et de la défense des causes justes. De toutes les façons, toute cette agitation n’est qu’une tempête dans un verre d’eau, tant ces attaques ne sont pas de nature à fragiliser l’Algérie, dont on voit clairement les progrès enregistrés sur tous les plans.
Parmi ces gens qui s’en prennent à l’Algérie, le fils de Nicolas Sarkozy vient d’affirmer que s’il en avait le pouvoir, il mettrait le feu à l’ambassade d’Algérie à Paris…
Que pouvez-vous attendre du fils d’un président qui porte un bracelet électronique autour de la cheville, preuve de la déliquescence atteinte par une certaine classe politique française véreuse ? Celle-là même qui détourne l’attention des Français actuellement en faisant du dénigrement insistant contre l’Algérie et les Algériens un moyen de détourner l’attention des camouflets politique, économique, social et sécuritaire du gouvernement français depuis l’avènement d’Emmanuel Macron au pouvoir. Une situation aggravée depuis les dernières législatives qui ont fait tomber le masque de ce pouvoir qui ne respecte pas la volonté populaire, en formant un exécutif à partir des partis vaincus, donc rejetés par la majorité des Français. Quoi qu’il en soit, Louis Sarkozy a commis un acte puni par la loi et la justice doit sévir.
Justement, on n’a pas entendu le ministre de l’Intérieur, pourtant prompt à expulser un influenceur algérien pour les mêmes motifs…
Vous savez, Bruno Retailleau est le spécimen typique de ces politiciens français dont le seul et unique but est de s’accrocher au pouvoir et d’y rester ad vitam ad aeternam – «quoi qu’il en coûte», comme dirait l’autre –, passant de la mairie à la députation, de la députation au gouvernement et, pourquoi pas, se dit-il, à l’Elysée en 2027. Il braconne sur le terrain du Rassemblement national, dont il est d’ailleurs le vassal, pour glaner des voix dans la perspective de sa candidature à la prochaine présidentielle, d’autant qu’il souhaite au plus profond de lui-même une seconde censure du gouvernement, dont il fait pourtant partie, pour pousser le président en exercice à la démission et ainsi précipiter son accession à la fonction suprême qui hante ses nuits.
L’islam est attaqué de toute part en France. Pourquoi cet acharnement contre la communauté musulmane ?
Il y a plusieurs raisons à cela, au premier rang desquelles les médias qui ont fait de l’islamophobie leur credo et leur leitmotiv depuis de longues années. Ces médias sont phagocytés par de puissants lobbys qui en sont les véritables maîtres. Je n’ai eu de cesse de dénoncer les discours haineux rabâchés par des responsables politiques du matin au soir et chaque jour que Dieu fait sur les plateaux de télévision. Mais, au lieu que cela donne lieu à une intervention ferme des autorités en charge de l’audiovisuel, le bashing antimusulman est allé crescendo, au point qu’il y a eu une sorte de contamination par le virus islamophobe, dont les directeurs de ces chaînes se servent pour faire de l’audience. Pourtant, l’actuelle ministre de la Culture a agi avec une célérité et une rigueur sans précédent lorsqu’il s’est agi de virer le chroniqueur d’une chaîne publique en raison de son accoutrement jugé «islamiste», alors qu’il n’en est rien. Rachida Dati a mis à nu, en tout cas, les sanctions à géométrie variable. Malheureusement, ce n’est pas demain la veille que cette injustice vécue par les musulmans de France va cesser.
Un dernier mot ?
Oui. Je voudrais saluer tous ceux qui m’ont fait l’honneur de m’accueillir chez moi en Algérie, avec toujours la même gentillesse et la même sincérité. Je dis à mes compatriotes que, moi qui suis arrivé de France après une absence relativement longue due à mes occupations en tant que recteur de la mosquée de la Paix, à Nîmes, et de vice-président du CFCM, j’ai vu les choses évoluer dans le bon sens, j’ai vu une Algérie qui avance résolument et une société algérienne dynamique et solidaire. C’est cette union qui fait la force de l’Algérie, il faut la préserver et ne pas se laisser entraîner par le chant des sirènes ni céder aux provocations qui émanent d’outre-mer.
Propos recueillis par Abdelkader S.
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