Le protégé de la CIA Anouar Haddam en mission commandée en Algérie ?
Par M. Aït Amara – Celui qui, en janvier 1995, applaudissait des deux mains, à partir de son exil doré à Washington, le sanglant attentat commis par le GIA contre le siège de la Sûreté de wilaya, au boulevard Colonel-Amirouche, à Alger, s’est adressé aux Algériens dans un enregistrement vidéo, dans lequel il annonce que ce ne sera pas le dernier. L’ancien membre de la direction du parti religieux extrémiste du FIS, qui prend les aises de l’acteur politique important qu’il n’est pas, explique les raisons de son retour en Algérie, «après 33 ans d’absence», et fait savoir qu’il compte «participer à l’essor que connaît le pays grâce à son président et à ses services de sécurité constitués de jeunes» – le mot jeunes, ici, a toute sa signification.
A une question sur les raisons qui ont fait qu’il ne soit retourné en Algérie que maintenant et qu’il s’est posée à lui-même, Anouar Haddam donne une réponse évasive et alambiquée. Une loi d’amnistie a été promulguée dès 1999 et les citoyens l’ont approuvée par référendum. Pourquoi cet ancien chef du parti islamiste dissous n’y a-t-il pas adhéré en son temps, à l’instar des milliers de terroristes qui ont rendu les armes et se sont réintégrés dans la société après que les Algériens leur eurent pardonné ?
La réponse à cette question se trouve, sans doute, chez le journaliste algérien que la MBC avait chargé de couvrir la rencontre de Sant’Egidio, à Rome, en janvier 1996, à l’issue de laquelle un document appelé «Contrat de Rome» avait été signé par les participants, parmi lesquels se trouvait le réfugié de Washington. Ce journaliste de la chaîne saoudienne a révélé qu’Anouar Haddam était escorté par des agents de la CIA, qui ne l’ont pas lâché d’une semelle durant tout son séjour romain, jusqu’à son retour aux Etats-Unis. Cette information revêt une importance capitale, en ce qu’elle indique que cet islamiste, qui a le sang des victimes algériennes du terrorisme barbare sur les mains, entretient des relations directes avec les services de renseignement américains, connus pour leur stratégie de déstabilisation qui a détruit plus d’un pays arabe.
La véritable question qui se pose, dès lors, est la suivante : pour quelle mission la CIA a-t-elle (r)envoyé son agent en Algérie ? Un agent auquel l’agence américaine a monté un «institut d’études stratégiques» pour lui servir de canal de propagande et, ainsi, distiller les messages que ses officiers traitants veulent faire passer auprès de l’opinion publique algérienne. Personne n’est dupe de la stratégie américaine qui consiste à adouber les mouvements islamistes, comme c’est le cas en Syrie, où un chef terroriste, Abou Mohammed Al-Joulani, hier inscrit sur la liste des hommes à abattre, aujourd’hui porté au pouvoir et présenté par Washington comme «le sauveur de la Syrie libérée du tyran Bachar Al-Assad».
Il n’y a pas de doute qu’Anouar Haddam est en mission commandée en Algérie. Les desseins cachés derrière le retour de ce personnage intrigant, qui a fait partie de la sombre machination orchestrée dans les officines secrètes françaises, américaines, marocaines et saoudiennes dans les années 1990, laquelle a conduit à la terrible décennie noire, finiront par transparaître au travers des prochains sermons que l’acolyte d’Ali Benhadj a été chargé de diffuser à travers les réseaux sociaux.
Quand on se rappelle que le bureau de l’ancien «conseiller politique» à l’ambassade des Etats-Unis à Alger – le Xavier Driencourt américains Robert Ford –, qui occupera lui-même le bureau de l’ambassadeur quelques années plus tard, était transformé en salle de réunion pour les nervis du FIS et du GIA, il est normal de se demander si la CIA ne s’emploie pas à réhabiliter le FIS, comme elle vient de le faire avec Al-Nosra, appendice d’Al-Qaïda, en Syrie.
Tout finira par se savoir.
M. A.-A.
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