Par Mohamed K. – Le dossier du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2007, s’apparente de plus en plus à une zone grise où se mêlent argent sale, diplomatie occulte et raison d’Etat. Ce qui devait être une simple enquête judiciaire s’enlise dans un tourbillon de morts suspectes, de rétractations douteuses et de manipulations médiatiques à peine voilées. Le dernier épisode en date, la disparition mystérieuse de Ziad Takieddine, fait froid dans le dos.
Homme-clé du dossier, intermédiaire notoire entre le régime de Kadhafi et les tenants du pouvoir en France, Ziad Takieddine avait affirmé à plusieurs reprises que des valises d’argent avaient bel et bien transité entre Tripoli et Paris. Ses déclarations mettaient en cause Nicolas Sarkozy, mais aussi l’architecture même de l’Etat français : ministères, services de renseignement, appareils de campagne. Or, au moment où la justice française s’apprêtait à l’entendre à nouveau, ce témoin gênant meurt soudainement dans des circonstances troubles. Accident, vraiment ? La question mérite d’être posée.
Ziad Takieddine n’est pas le premier acteur clé à disparaître ou à se rétracter étrangement. Une logique d’effacement semble se dessiner. Une logique de protection, non pas d’un homme, mais d’un système. L’implication potentielle de hauts responsables français, de tous bords politiques, dans un financement illicite venu d’un pays livré aux milices mettrait à nu les rouages d’une diplomatie française complice, hypocrite et cynique.
Il n’y a qu’à rappeler les aveux de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sur le soutien de facto de la France au groupe terroriste Al-Nosrah en Syrie. Là encore, au nom d’intérêts étroits, la République semble s’accommoder de l’inavouable. Et l’on voudrait nous faire croire que ces compromissions n’ont aucun lien avec les pratiques mafieuses de certaines campagnes électorales ?
L’affaire libyenne, bien loin d’être un fait divers politique, révèle une vérité plus profonde. Le pouvoir en France, qu’il soit de gauche ou de droite, pactise trop souvent avec l’ombre. Pourtant, aussi épais que soit le voile d’ombre qui tente d’étouffer la vérité, celle-ci finira inexorablement par jaillir au grand jour. L’histoire regorge d’exemples où le silence imposé par la peur a été brisé par la force des faits et le courage des survivants. Alors, le pouvoir français corrompu devra rendre des comptes, car rien ni personne ne pourra éternellement étouffer la voix de la vérité.
M. K.