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Lecornu au volant, Darmanin sur la voie, Retailleau sans voix : la France en panne d’essence

Une contribution d’Abdelkader Boumezrag – On croyait la droite française en convalescence. Elle est en coma artificiel. 2027 approche, et le camp des «républicains raisonnables» s’agite dans un embouteillage d’ambitions. Au volant, Sébastien Lecornu, technocrate à sang tiède, promu Premier ministre pour sa docilité plus que pour sa vision. Sur la voie de dépassement, Gérald Darmanin, toujours prêt à appuyer sur le klaxon de l’autorité. Et derrière, Bruno Retailleau, coincé sur la bande d’arrêt d’urgence avec ses valeurs d’un autre siècle et un mégaphone à pile.

Le moteur politique de la droite tousse, mais tout le monde prétend entendre le rugissement d’une voiture de sport. C’est qu’à défaut d’élan, il reste le bruit.

Lecornu, le pilote automatique

Sébastien Lecornu, c’est l’homme qui ne renverse jamais rien, pas même une idée. Il conduit le gouvernement comme on manœuvre une Clio de fonction : sans excès, sans panache, mais toujours avec la ceinture bouclée. Polyvalent, loyal, inodore : l’homme idéal pour un président fatigué des fortes têtes.

Sa spécialité ? La stabilité. Son talent ? L’oubli immédiat. On dit qu’il rassure les cadres et apaise les préfets, deux catégories d’électeurs qui, hélas, ne suffisent pas à gagner une élection. Lecornu incarne cette génération d’élus qui confond gouverner avec maintenir l’ordre du PowerPoint. Il parle de «cohésion nationale» comme on évoque une réunion de service.

Pendant ce temps, la France s’ennuie, le gouvernement s’use et les électeurs bâillent. Lecornu au volant, c’est la promesse d’un voyage sans incident : pas de virage, pas de vitesse, pas de destination.

Darmanin, le klaxon permanent

À droite, quand le silence devient gênant, on appelle Darmanin. Lui ne manque jamais de décibels. Il fonce, s’agite, prend la pose, cite De Gaulle à chaque virage, et serre la main à tout ce qui bouge. Le ministre de l’Intérieur s’est autoproclamé «candidat du bon sens» : formule magique pour parler beaucoup sans rien dire.

Darmanin est un peu la version turbo du politicien contemporain : communicant de jour, polémiste de nuit, généraliste de tout. Son carburant ? L’ambition pure, distillée à haute pression. Sa mécanique ? Simple : plus le pays va mal, plus il hausse le ton.

Il rêve d’incarner «la droite populaire», celle qui «parle vrai». Mais à force de parler fort, il finit par ne plus s’entendre lui-même. L’ordre, la sécurité, la laïcité : il recycle les mêmes mots comme un DJ en fin de soirée. Et quand on lui demande un programme, il répond «autorité», comme d’autres répondent «fromage» à un photographe.

Sa trajectoire rappelle celle de ces conducteurs pressés qui doublent tout le monde avant de se retrouver coincés au même feu rouge que les autres. Sauf que lui, il klaxonne en plus.

Retailleau, le passager fantôme

Et puis il y a Bruno Retailleau. L’homme qui croit encore que le mot «droite» désigne une direction et pas une nostalgie. Dans un monde politique obsédé par l’image, il persiste à penser qu’un discours vaut mieux qu’un tweet. Malheureusement, à l’heure des punchlines, les homélies morales peinent à passer la quatrième.

Le sénateur vendéen prêche la rigueur et la morale comme un curé de campagne face à une génération qui confond foi et forfait mobile. Il parle à la France des clochers, mais la France regarde Netflix. Son diagnostic n’est pas toujours faux, mais son vocabulaire sent la naphtaline.

«Retailleau sans voix», c’est plus qu’un jeu de mots : c’est un constat clinique. Dans le concert des ego, il ne reste plus qu’un écho.

Trois droites pour un seul virage raté

Ces trois-là résument l’impasse : Lecornu la tiédeur, Darmanin le vacarme, Retailleau la prière. Trois styles, un même vide.

Ils prétendent incarner la relève, mais ressemblent à un comité de gestion du passé.

A force de se réinventer, la droite a perdu le sens de la direction : elle tourne en rond dans le rond-point Macron, coincée entre nostalgie et opportunisme.

Pendant ce temps, les électeurs se détournent, fatigués des promesses recyclées. Le clivage gauche-droite s’est transformé en clivage crédible-pas crédible. Et la droite, elle, s’obstine à commenter sa propre panne au lieu de réparer le moteur.

La France, passagère résignée

La vraie victime de cette comédie mécanique, c’est la France elle-même.

Coincée à l’arrière, sans ceinture ni chauffeur digne de ce nom, elle regarde défiler les mêmes visages, les mêmes discours, les mêmes promesses.

On lui dit que la voiture avance, mais le paysage reste le même : inflation, précarité, fatigue démocratique.

Le pays roule au cynisme, carburant bon marché et inépuisable. Les Français n’y croient plus, mais ils regardent encore – par réflexe, par habitude, comme on suit une série qu’on a cessé d’aimer.

La politique est devenue une saison 8 interminable : mêmes personnages, mêmes intrigues, audience en chute libre.

La panne générale

Quand tout le monde veut être capitaine, plus personne ne tient la barre.

Lecornu maintient le cap de l’immobilisme élégant, Darmanin rêve de podiums, Retailleau récite son bréviaire.

Leur problème n’est pas seulement l’absence d’idées, mais l’absence de doute.

Ils parlent comme si la France était une voiture à réparer, sans jamais se demander où elle veut aller.

La droite cherche son moteur dans le coffre de la République, mais il n’y a plus que des outils rouillés : la sécurité, la morale, la gestion.

Des concepts d’entretien, pas de voyage.

Alors oui, Lecornu conduit, Darmanin double, et Retailleau médite – mais le GPS politique affiche toujours «recalcul de l’itinéraire».

La France, elle, reste sur le bord de la route, un peu groggy, regardant passer les cortèges électoraux comme on regarde passer une dépanneuse : avec résignation, mais sans illusion.

On dit souvent que la politique est un moteur qui tourne à l’espoir.

Aujourd’hui, il tourne à vide.

Entre les pleins d’ego et les vides d’idées, la France s’essouffle, en panne d’essence démocratique.

Et pendant que nos apprentis conducteurs se disputent le volant, le pays se demande simplement quand quelqu’un pensera enfin à remettre de l’huile dans la machine.

En France, on confond souvent le plein d’ego avec le plein d’essence.

A. B.

3 Commentaires

  1. L’automobile politique que conduit Sébastien Lecornu a eu droit à un contrôle technique gouvernementale défavorable. On va voir s’il va réussir à la faire passer lors de la contre-visite.

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  2. Ça y est, la France a son nouveau gouvernement. Sans Retailleau mais avec Darmanin toujours à la justice. Lecornu 2, on recommence à zéro … Sans véritable cap et encore à la recherche d’un budget.

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  3. Pour payer une dette ce n’est pas difficile pourtant ?

    Que la France prenne exemple sur la Norvège ou la Suisse ?

    Ces deux pays misent des milliards sur les actions américaines dans l’IA comme NVIDIA ou Oracle et dégagent des plus values folles permettant un remboursement de dettes par anticipation.

    Vous avez aussi l’or qui a grimpé fortement car beaucoup achètent de l’or pour revendre à d’autres qui achètent à leur tour de l’or faisant boule de neige.

    Ainsi, avec son stock et les plus values réalisées de + 275 % sur l’once d’or fin, la France pourrait solder la dette de la Mairie de Paris de 07 milliards d’€.

    De cette façon, les taxes foncières pour les parisiens et parisiennes diminueraient fortement et il n’y aurait plus d’intérêts de la dette (charge financière).

    Toutefois, la France préfèrera garder son or et laisser cette charge financière aux citoyens et citoyennes qui devront payer advitaernam.

    En vrai, rien de nouveau, des incompétents remplacent des incompétents jusqu’à 2027 où le RN risquera de sortir du chapeau en raison d’une lourde fiscalité pesant sur les ménages qui devront sans arrêt éponger les carences de leurs élus et où la Mairesse de Paris (Anne Hidalgo) vient de dire qu’avec 4900 € par mois, c’est difficile de vivre à Paris.

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