Une contribution de Khider Mesloub – S’il fallait une preuve de l’orientation sécuritaire et militariste publiquement affichée par le Premier ministre Lecornu, elle nous est fournie par la primeur de sa visite réservée aux policiers et de sa détermination d’accélérer le réarmement de la France.
En effet, le chef du gouvernement français, Sébastien Lecornu, ex-ministre des Armées, a estimé, lundi 13 octobre, «indispensable» l’augmentation prévue du budget militaire face au «durcissement du monde». «Le 13 juillet dernier, le chef de l’Etat a annoncé un nouvel effort pour accélérer notre réarmement. Il est indispensable. Je veillerai à ce que cette parole soit respectée», a affirmé dans un message aux Armées Sébastien Lecornu.
Le samedi 11 octobre, la veille du dimanche dominical, dès sa reconduction à Matignon, le miraculé Lecornu II, ressuscité après sa perdition ministérielle, s’est rendu, non pas dans une église pour prier Dieu afin de sauver la France agonisante, mais dans un commissariat pour implorer les policiers de protéger les tout-puissants de la finance hexagonale, l’ordre bourgeois français. Pour rappel, Lecornu, le très catholique nouveau Premier ministre, a confié avoir un temps songé à rentrer dans les ordres pour devenir moine bénédictin. Il a finalement préféré rentrer dans les ors des palais ministériels pour se vouer au culte du veau d’or et à la défense militaire de l’ordre bourgeois. Il a troqué la messe contre le mess. L’autel d’église des provinces contre les hôtels particuliers de Paris.
Au cours de ce déplacement, Sébastien Lecornu a réaffirmé sa détermination de remettre la «sécurité» au centre du programme de son gouvernement. La sécurité (professionnelle et sociale) des prolétaires ? Ou la sécurité financière et gouvernementale des puissants et des dirigeants ?
Par son déplacement médiatisé dans le commissariat de la ville de Lay-les-Roses, l’ex-ministre des Armées Lecornu vient d’assumer en public l’orientation répressive de son gouvernement en voie de formation. De divulguer ses inclinations martiales. De dévoiler la véritable politique réactionnaire de son gouvernement. Une politique fondée sur la défense inconditionnelle de l’ordre établi, y compris par le déploiement massif de forces de police. Le réarmement de la gendarmerie. La mobilisation de l’armée.
Illustration de ce tournant sécuritaire et de la militarisation planifiée, l’ordre protocolaire des différents ministères a changé et place l’Intérieur et l’Armée en 1er et 2e. En revanche, l’éducation et la santé sont classées en 9e et 11e places. Cet ordre protocolaire dévoile la priorité qu’accorde le nouveau gouvernement à la défense inconditionnelle de l’ordre intérieur et à la poursuite des interventions militaires extérieures. Sur le chapitre de la défense extérieure, la priorisation de l’armée constitue un signal envoyé à la grande bourgeoisie, soucieuse de préserver son rang impérialiste à l’internationale fortement malmené, notamment dans son pré-carré de la Françafrique où elle a subi de sérieux revers militaires et diplomatiques. De toute façon, la bourgeoisie française est en perte de vitesse. Pourtant, la France cocardière rêve toujours de recouvrer son hégémonie. Y compris par la force militaire. La militarisation de l’économie.
Comment un pays qui a perdu la guerre économique peut-il relever le défi de l’instauration d’une économie de guerre ? La France n’a ni les capacités de production ni le financement.
Aujourd’hui, tous les dirigeants politiques des partis classiques, de droite comme de gauche, rivalisent d’efforts pour s’approprier les thématiques sécuritaires lepénistes, mais avec la ferme volonté gouvernementale de les appliquer. C’est ce que confirme Lecornu, à peine renommé Premier ministre. «Il va falloir aussi mettre tous les moyens pour lutter contre l’insécurité», a martelé Lecornu lors de son déplacement dans le commissariat de Lay-les-Roses. Comment ? Par l’augmentation massive des effectifs policiers.
A l’instar du Rassemblement national, le nouveau Premier ministre place dorénavant l’insécurité fantasmée, instrumentalisée outrancièrement par les médias et la classe politique, au centre de sa gouvernance cocardière, policière et guerrière.
Sans surprise, lors de son déplacement dans la ville de Lay-les-Roses, il n’était nullement question de cette réelle et cruelle insécurité protéiforme, l’insécurité sociale, dont souffrent des millions de prolétaires de France : chômage, précarité, inflation, paupérisation, exclusion sociale.
Cela étant dit, cette sortie sécuritaire médiatique de Lecornu vise surtout à réaffirmer l’autorité de l’Etat bourgeois, sa ferme volonté d’assumer pleinement son rôle gouvernemental en matière de répression policière.
En tout cas, cette offensive sécuritaire s’inscrit également dans le prolongement de l’orientation militariste impulsée par la macronie. Cette orientation militariste cocardière est défendue sans ambages par le Premier ministre Lecornu.
«Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de la liberté, par des phrases sonores d’avocat, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours», a écrit Auguste Blanqui.
Avec le nouveau Premier ministre, les prolétaires de France connaîtront toujours la même misère sociale, endureront toujours la même exploitation salariale, la même oppression étatique et subiront toujours la même répression policière. Voire écrasement militaire, s’ils s’avisent à vouloir secouer le joug de l’exploitation et de l’oppression bourgeoises.
K. M.
sébastien lecornu même premier ministre n’oublie pas qu’il a été ministre des armées près de 3 années et demi. De plus, il s’inscrit dans la droite ligne du président emmanuel macron qui est dans une logique de guerre.