Par Houari A. – Au Maroc, la société glisse dangereusement vers une fracture morale et psychologique. Une association de défense des droits de l’enfant tire la sonnette d’alarme en révélant qu’un nombre croissant d’enfants naissent hors mariage dans les grandes villes, après qu’un rapport du ministère de la Santé a révélé que près de 49% des Marocains souffrent de troubles psychiatriques.
Selon une évaluation conduite par des ONG, environ 80 enfants naissent chaque jour au Maroc hors mariage, ce qui correspond à près de 30 000 naissances illégitimes par an. Ces chiffres montrent un phénomène massif : des mères célibataires dans une société dépravée, souvent victimes de viol ou forcées à la prostitution par leurs parents, qui peinent à inscrire leurs enfants à l’état civil et à leur garantir des droits fondamentaux.
Derrière ces naissances hors mariage, ce sont les défis sociaux, économiques et juridiques qui explosent au grand jour. Ces enfants peuvent se retrouver sans enregistrement légal, car certaines mères refusent ou n’osent pas faire la démarche administrative, ces «enfants illégitimes» subissant des discriminations persistantes, dénoncent ces ONG.
A côté de cela, un autre fléau tout aussi grave se dessine. Le ministère de la Santé et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) rapportent qu’environ 48,9% des Marocains âgés de 15 ans et plus présentent des symptômes de troubles mentaux : dépression, anxiété, troubles psychotiques, schizophrénie, addiction à la drogue, etc.
Les moyens pour prendre en charge cette détresse collective sont cruellement insuffisants. Le Maroc compte moins de 0,1 psychiatre pour 100 000 habitants, bien en deçà de la moyenne mondiale, selon les chiffres d’institutions internationales.
Ces deux chiffres – 30 000 naissances hors mariage par an, et près de la moitié de la population souffrant d’un trouble mental – sont plus que des alertes. Ils sont le symptôme d’une crise plus large, morale et sanitaire. Pour y répondre, la société marocaine semble avoir besoin d’un sursaut impossible sous le régime monarchique archaïque entretenu par la France.
Les spécialistes s’accordent à exiger une protection des enfants nés hors mariage, indépendamment de la situation familiale de leur mère.
La crise de la santé mentale, elle aussi, exige une réponse ambitieuse. Les professionnels se plaignent de l’absence d’investissements dans ce secteur délaissé au profit des stades de football et des nombreux festivals, financés par le régime à coups de milliards de dollars de dette pour donner une fausse image de développement dans un royaume qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans une crise inextricable.
H. A.


