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Les néo-tirailleurs 

Par Mrizek Sahraoui – L’histoire se répète toujours deux fois : il y eut l’époque des tirailleurs enrôlés pour l’invasion de l’Algérie, voici venue l’ère des néo-tirailleurs recrutés, eux, pour la discréditer, la dénigrer et la salir. Au juste, ils sont un petit nombre dont les agissements ne font que renforcer la cohésion de la diaspora algérienne, elle, plus que jamais attachée aux racines. 

Contentons-nous d’évoquer les plus visibles d’entre les mercenaires qui, sous d’oripeaux d’intellectuels libres, mènent une guerre médiatique totale contre notre pays. Au premier rang desquels figure leur doyen : Boualem Sansal, le triple agent du Mossad, de la DGSE et de la DGED, d’autant plus soldat d’Elnet. Elnet, le puissant lobby sioniste et non moins pierre angulaire du dispositif d’influence pro-israélien en Europe, avec lequel, en privé, Sansal ne fait pas mystère de ses accointances, selon plusieurs sources. 

Depuis qu’il est revenu sur le sol français, le 18 novembre dernier, après la grâce humanitaire décidée par le président Tebboune, le triple agent est reçu partout. Le jour même, il est accueilli à l’Elysée, puis, il a multiplié les interviews, toutes estampillées «exclusives», dans lesquelles il a laissé libre cours à ses turlutaines habituelles. Des sorties sûrement payées au prix fort par les médias français. Médias français qui, bien sûr, se chargent de relayer la parole d’évangile du nouveau prophète. 

L’ancien condamné est reçu partout avec les honneurs. Même l’Académie française lui a dédié sa séance solennelle annuelle, le 4 décembre dernier, en le faisant son invité d’honneur – quel honneur ? Séance au cours de laquelle il lui est remis le Prix mondial Cino Del Duca, doté de 200 000 euros. Ça paye bien chez eux. 

Cependant, au cirque médiatique et les invitations tous azimuts, doit, en principe, s’ajouter les honneurs de la nation. Alors, la question est qu’attend la panerée d’intellos parigots qui constituent son comité de soutien pour demander qu’on lui attribue l’Ordre national du Mérite, réclamer dans la foulée son entrée au musée Grévin, et, enfin, de lui réserver une place au Panthéon, le moment venu ? 

C’est une suite d’une logique indiscutable. Car, quelqu’un qui dit revenir de «l’enfer», prétend avoir été «otage», se dit être désormais une «légende», et est, de surcroît, qualifié de «trésor national» par les experts-bourriquots de CNews, un tel palmarès mérite naturellement et amplement la reconnaissance de la nation et toutes les hautes distinctions et décorations qui vont avec. 

Rien d’indu dans cette affaire. Boualem Sansal a rempli sa mission. Outre les services rendus aux officines chez qui il émarge, il a permis d’attirer pendant une année complète l’attention et de focaliser le débat public sur l’Algérie et ses institutions. Cette manœuvre a totalement occulté les multiples problèmes de la France, détourné les regards des Français, inutilement occupés par une fausse affaire. Au regard de tout cela, ce sera une immense injustice de priver Sansal, le Voltaire des temps modernes, comme ils disent, de la gratitude nationale. 

Mais le narratif déroulé par Boualem Sansal peine à résister à l’analyse. Le storytelling bien cousu présente, en effet, des failles. Il a, par exemple, répété à l’envi avoir été «otage du régime», met admet dans le même temps avoir été suivi par des médecins spécialistes qui l’ont totalement guéri de son cancer de la prostate.

En règle générale, le statut d’otage implique des séquelles physiques et psychiques profondes. Après une captivité et à sa libération, un vrai otage entame un processus de rétablissement souvent long et complexe, nécessitant un accompagnement spécifique et spécialisé. A l’évidence, l’apparence physique et même morale de Sansal lors de ses sorties médiatiques contraste fortement avec celle d’un vrai otage. Visiblement, il se porte comme un charme, et beaucoup disent même qu’il a rajeuni de plusieurs années. 

Les contradictions et les évidentes incohérences ne s’arrêtent pas là. Un détail significatif : le triple agent, érigé en héros par la fachosphère et les nostalgiques de l’Algérie française, a affirmé sans ciller sur France 2 n’avoir subi aucun briefing des services de renseignement français. Une assertion pour le moins surprenante, tant il est établi que tout «otage», une fois libéré, passe nécessairement par cette étape cruciale. 

Boualem Sansal n’est donc pas le héros que l’on veut bien nous présenter, mais un mégalomane, dont les sponsors orchestrent l’éphémère quart d’heure warholien médiatique avant l’oubli.

M. S.

2 Commentaires

  1. Bof ! Une seule certitude, et une grande performance en même temps : nos médecins et nos coiffeurs ont vraiment du talent pour lui avoir rabiboché sa prostate et pour lui avoir rattrapé son hideuse queue de cheval…de Troie. Dans tous les sens du terme.
    Allez, on zappe, c’est très bientôt la date de péremption de ce margoulin.

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  2. « L’histoire se répète toujours deux fois : il y eut l’époque des tirailleurs enrôlés pour l’invasion de l’Algérie, voici venue l’ère des néo-tirailleurs recrutés, eux, pour la discréditer, la dénigrer et la salir. » avance M. S..

    En lisant cette phrase, je me suis souvenu d’un célèbre phrase de K .Marx dont M. S. semble s’être inspiré:

    « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages historiques se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce. Caussidière pour Danton, Louis Blanc pour Robespierre, la Montagne de 1848 à 1851 pour la Montagne de 1793 à 1795, le neveu pour l’oncle. »

    Wa el fahem yefhem

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