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L’APN s’apprête à débattre d’une loi historique sur la criminalisation du colonialisme français

Par Farida O. – L’Algérie s’apprête à franchir une étape symbolique majeure dans le traitement du dossier mémoriel lié à la période coloniale française. La semaine prochaine, l’Assemblée populaire nationale (APN) examinera en séance plénière un projet de loi visant à criminaliser le colonialisme français en Algérie. Il s’agit d’une première dans l’histoire des débats publics parlementaires sur cette question sensible.

Selon un communiqué de l’APN, publié à l’issue d’une réunion du bureau présidée par son président Ibrahim Boughali, la séance consacrée à l’examen de ce texte se tiendra le 21 décembre. Elle comprendra la présentation officielle du projet de loi, la lecture du rapport préliminaire ainsi que les interventions des présidents des groupes parlementaires représentant les différentes formations politiques.

Ibrahim Boughali a souligné que cette initiative répond à un consensus national dépassant les clivages partisans. «Cette démarche intervient en écho à l’unanimité de toutes les sensibilités politiques, en hommage à la mémoire de nos glorieux aïeux, du mouvement de résistance à la Révolution de libération», a-t-il déclaré. Le président de l’APN a également indiqué que la commission chargée de l’élaboration du texte a bénéficié de tous les moyens nécessaires, notamment l’appui d’experts, de juristes et de spécialistes des questions mémorielles et des crimes commis durant la période coloniale.

Le projet de loi sera soumis au vote le 24 décembre, conjointement avec d’autres textes législatifs. Sa discussion publique marquera la première fois que le Parlement algérien débat, en séance ouverte, d’une proposition de loi consacrée à la criminalisation de 132 années de colonisation française.

La rédaction du texte a été confiée à une commission parlementaire composée de sept députés, dont six issus des principaux groupes parlementaires et un député indépendant. Cette commission a été officiellement installée le 23 mars dernier sous la supervision du président de l’APN, dans le cadre d’une journée parlementaire dédiée à cette question.

Cette initiative intervient dans un contexte diplomatique particulièrement tendu entre Alger et Paris. Les relations bilatérales traversent l’une de leurs périodes les plus délicates, notamment depuis la reconnaissance par la Emmanuel Macron du plan d’autonomie marocain pour le Sahara Occidental, invention néocoloniale française pour piller les richesses sahraouies.

Plus largement, les relations algéro-françaises restent fragilisées par les contentieux hérités de la colonisation. L’Algérie reproche à la France son refus d’assumer pleinement les conséquences humaines, historiques et environnementales de cette période marquée par des crimes contre l’humanité qui trahissent la nature barbare de la France coloniale.

F. O.

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