De l’humilité, voyons !
Par M. Aït Amara – «Nous vivons dans l’opulence et nous ne le savons pas !» s’écriait un septuagénaire à qui son ami demandait comment il allait. Toute une philosophie. Opulents, nous ? Oui, opulents !
Retirons nos mains avec lesquelles nous nous voilons les yeux pour ne pas regarder la réalité en face. Ces mains qui nous empêchent de voir la misère d’outre-mer pour que nous continuions d’être les témoins de familles entières qui embarquent sur les radeaux des temps modernes et offrent leur chair aux requins sous prétexte que rien ne va de ce côté-ci de la Méditerranée.
Allons, allons ! Un peu d’humilité, voyons ! Ces Algériens qui courent à l’ambassade du Canada pour obtenir le sésame vers «l’Eden» nord-américain, que font-ils avant de faire leurs valises pour quitter la «géhenne» algérienne ? Ils se ruent vers nos dentistes qualifiés pour se faire reluire la devanture, les soins dentaires au Canada étant hors de prix ; ils se ruent vers nos cliniques et nos dispensaires gratuits pour se faire établir un bilan général car, au Canada, il faut un an au moins pour pouvoir consulter un médecin.
Que font nos émigrés avant de reprendre le bateau pour Marseille une fois qu’ils ont déversé leurs trottinettes usagées sur le marché du toc algérien ? Ils repartent les valises pleines de mille et un gadgets flambants neufs achetés à des prix jusqu’à cinq fois moins cher qu’en France.
Signe des temps, au moment où les populations se révoltent en Tunisie, au Soudan et ailleurs pour un morceau de pain, en Algérie, c’est pour exiger un prix «acceptable» pour un fruit exotique, la banane, que les citoyens, logés gratis, motorisés, climatisés l’été et chauffés l’hiver, s’insurgent jusqu’à inciter l’Etat à prendre des mesures urgentes avant que la situation dégénère.
Allons, allons ! Un peu d’humilité, voyons ! Un peu de respect pour cette terre nourricière qui supporte nos égarements et sur laquelle nous crachons sans honte, elle qui porte en son sein la noblesse de ceux qui l’ont arrosée de leur sang pour qu’elle redevienne nôtre.
M. A.-A.
Comment (33)