Le vendredi du doute
Par Nazim Maiza – Malgré les dizaines d’arrestations dans la ville d’Alger, cernée par les éléments de la police nationale, les Algériens continuent à défiler massivement ce 14e vendredi consécutif que connaît le soulèvement incontestablement pacifique.
En effet, les marcheurs continuent, bon an, mal an, de réclamer le départ des figures toujours au pouvoir en plus de l’annulation de la présidentielle prévue pour le 4 juillet.
La mobilisation n’a pas faibli et ce, malgré l’incommodation relative au Ramadhan. Les rues du centre d’Alger étaient noires de monde hier après-midi. En même temps d’importantes marches se déroulaient dans plusieurs autres grandes villes, dont Oran et Constantine pour ne citer qu’elles.
A Alger, dans la matinée du vendredi 24 mai, la police a interpellé systématiquement toute personne arborant une pancarte ou tout autre objet de contestation «ostentatoire» ; pis encore, certains témoins affirment avoir été délestés de leur drapeau, pourtant national et officiel.
Tôt dans la matinée de ce 14e vendredi, devant la Grande Poste, nous pouvions observer un alignement impressionnant de fourgons de police appuyés, en renfort, par un cordon inaccoutumé de policiers antiémeutes.
Les manifestants ne devaient en aucun cas accéder à l’escalier de la Grande Poste, cela semble avoir été le mot d’ordre des forces de sécurité.
Ce revirement dans le traitement des marches hebdomadaires ainsi que les multiples arrestations sont manifestement les signes avant-coureurs d’une véritable escalade vers une probable répression, nettement plus musclée dans les jours à venir, les étudiants, mardi prochain, en seront, malheureusement, les premiers témoins.
Néanmoins, personne ne peut expliquer ces soudains agissements dans le contrôle des manifestations, les Algériens ont pourtant prouvé de façon claire qu’ils ne pouvaient nullement représenter un quelconque danger pour la sécurité de l’Etat.
Force est de constater que les choses actuellement vont à l’encontre du dernier discours du chef d’état-major de l’ANP, une contradiction qui pourrait, elle aussi, inquiéter fortement les Algériens en ces temps d’incertitudes.
L’incompréhension des Algériens envers la dualité que représentent les discours de l’ANP avec la réalité du terrain dans le traitement sécuritaire des manifestations citoyennes auront pour effet une singularité qui se traduira par un scepticisme dominant.
Si le peuple n’a plus confiance en aucune institution nationale, cela marquera une rupture telle qu’aucun interlocuteur ne pourra prétendre être le représentant de l’Etat.
A ce moment, nous comprendrons, à nos dépens, la véritable signification du chaos.
N. M.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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