L’ancienne ministre ripoue Houda-Imane Feraoun placée sous contrôle judiciaire
Par Houari A. – L’ancienne ministre de la Poste et des TIC, Houda-Imane Feraoun, a été placée sous contrôle judiciaire. «Le juge d’instruction près du pôle spécialisé du tribunal de Sidi M’hamed a décidé de placer Houda Feraoun en liberté provisoire après l’avoir inculpée pour des faits liés à sa fonction de ministre des Télécommunications», rapportent nos confrères du Soir d’Algérie qui se réfèrent à des sources proches du dossier.
L’ex-ministre avait été convoquée en janvier 2020 par la brigade économique de la Gendarmerie nationale, dans le sillage des enquêtes par lesquelles elle est visée. Elle était, depuis, frappée d’interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Houda-Imane Feraoun est impliquée dans des affaires liées à des avantages accordés à des hommes d’affaires et des marchés octroyés à des entreprises étrangères, notamment un gros marché dont a bénéficié une société chinoise des télécommunications.
La mise sous contrôle judiciaire de l’ancienne ministre va sans aucun doute ouvrir la boîte de Pandore. Car, estiment des sources informées, il n’est pas possible que Houda-Imane Feraoun ait pu gérer le secteur sensible qui lui avait été confié sans qu’elle en eût référé à des cercles avec lesquels elle travaillait en étroite collaboration. Quelles que soient les charges pour lesquelles l’ex-ministre sera jugée, ceux-ci impliqueront de fait toutes les parties auprès desquelles elle devait obtenir le feu vert, sans quoi elle ne pouvait agir.
Des sources informées avaient indiqué à Algeriepatriotique que cette ancienne protégée de Saïd Bouteflika et de Gaïd-Salah avait tenté de quitter le pays par l’aéroport de Constantine mais qu’elle en avait été empêchée. Elle avait échoué à se rendre en France une première fois via l’aéroport d’Alger, dès la passation de consignes avec son successeur. Selon ces sources, l’ancienne ministre, qui faisait déjà l’objet d’une enquête judiciaire, «a de solides réseaux à Paris» où elle comptait se rendre pour profiter d’une retraite dorée sans être inquiétée. Ces sources indiquent aussi que Houda-Imane Feraoun bénéficiait d’une couverture en Algérie.
Des sources médiatiques avaient fait état, en décembre 2019, de la destruction de pièces à conviction par Houda-Imane Feraoun et avaient révélé que ce n’est pas tant la culpabilité, de toute façon avérée, de l’ancienne ministre qui était en question, mais l’implication de tout un système dans une opération de sabotage de l’économie du pays. Si la ministre, avec la complicité de l’ex-président-directeur général d’Algérie Télécom, s’était empressée, dans un mouvement de panique ou sur conseil de ses mentors, d’effacer l’historique ses échanges téléphoniques avec les frères Kouninef avec lesquels elle est liée dans des affaires scabreuses, cela signifiait, à l’époque déjà, que sa convocation par la justice était imminente.
Le nom du général Abdelkader Lachekham, ancien directeur central des transmissions au ministère de la Défense nationale, a régulièrement été cité comme élément clé dans la gestion du secteur des télécommunications, ce dernier engageant des questions liées à la sécurité nationale. Or, les agissements de Houda-Imane Feraoun ont toujours suscité des interrogations, aussi bien en ce qui concerne les aspects purement économiques que ceux ayant trait aux fréquences et aux bases de données qui relèvent du domaine sécuritaire. Aussi, les accusations qui sont dirigées contre l’ancienne ministre ne peuvent épargner les cercles de décision sans l’aval desquels aucun projet ne pouvait être entrepris et aucune mesure n’était applicable.
Le secteur des télécommunications a connu une véritable opération de sabotage depuis la désignation de Zohra Derdouri à la tête de ce ministère névralgique par Saïd Bouteflika, avant que Houda-Imane Feraoun lui succède de la même manière, c’est-à-dire sur injonction directe du frère de l’ancien président de la République. Les deux ministres se sont distinguées par leur gestion catastrophique qui a relégué l’Algérie au dernier rang des classements mondiaux en matière de maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication et de débit internet. Le secteur est allé de mal en pis jusqu’à ce que notre pays soit classé récemment avant-dernier, juste devant la Palestine occupée.
Houda-Imane Feraoun et Zohra Derdouri avaient dans le collimateur les fournisseurs privés d’accès à Internet qu’elles ont poussés à la faillite l’un après l’autre jusqu’à ce qu’il ne reste sur le marché que deux opérateurs «récalcitrants» qui refusaient de se soumettre au diktat de la ministre et du directeur des transmissions au ministère de la Défense nationale. Ces entreprises seront fermées de façon arbitraire, mettant plusieurs centaines de travailleurs au chômage et laissant des centaines d’entreprises et d’institutions sans connexion du jour au lendemain.
Les responsabilités dans les affaires pour lesquelles Houda-Imane Feraoun sera jugée étant partagées, l’ancien directeur des transmissions au ministère de la Défense nationale ne pourra pas échapper à la justice, relèvent des sources qui maîtrisent on ne peut mieux ce dossier épineux qui est loin d’avoir révélé tous ses secrets.
H. A.
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