Pourquoi le Vatican est exaspéré par le président ukrainien Zelensky
De Rome, Mourad Rouighi – Arrivé hier à Rome pour convaincre, et surtout obtenir une rallonge d’armes de la part du gouvernement italien, le président ukrainien Volodymyr Zelenski avait prévu également de rencontrer le pape François pour l’inviter à appuyer les dix conditions de Kiev pour une fin de la guerre en Ukraine.
Or, de sources informées, tout a été bâclé dans l’attitude du leader ukrainien, le protocole, le code vestimentaire et les règles de bienséance à l’endroit du chef de l’église catholique dans le monde.
D’ailleurs, le pape, visiblement irrité, a rappelé dans son homélie du dimanche, que «ni les armes ni les guerres n’atteindront jamais la sécurité et la stabilité mais, au contraire, elles ruinent tout espoir de paix qui continuera d’être détruit».
Des mots très durs qui confirment la volonté du souverain pontife de continuer sur sa voie, également en ce qui concerne la guerre en Ukraine, malgré le niet catégorique opposé par Zelensky à toute éventuelle médiation, pas seulement avec le Vatican mais aussi avec la Russie.
En particulier, les déclarations du président ukrainien, qui ont sèchement repoussé l’offre de médiation que le pape a renouvelée lors de l’audience d’hier, avec un ton qui a fortement déplu au Saint-Siège. «Aucun pays au monde ne peut nous faire infléchir, nous demandons le retrait des troupes russes, la restauration des frontières, la signature par la Russie d’un traité pour l’intégrité territoriale de Kiev et un accord avec les pays occidentaux pour fournir des instruments de défense à l’Ukraine», a-t-il en effet tonné.
En somme, le pape a dû écouter Zelensky répéter son lot de conditions, balayant par la même occasion l’initiative diplomatique que la diplomatie s’attelle à peaufiner. Une posture qui a fortement irrité ses proches conseillers et ce n’est pas un hasard si, lors de la rencontre avec Zelensky, le secrétaire d’Etat et ministre des Affaires étrangères, le Cardinal Pietro Parolin, a préféré se rendre au Portugal plutôt que se joindre à cette rencontre.
Un choix, nous dit-on à Rome, qui confirme que le pape François 1er, dans ses démarches d’aboutir à une médiation dont l’objectif premier est le cessez-le-feu et un retour à la table des négociations avec la Russie, est décidément esseulé.
Quant aux milieux proches du Saint-Siège, très à cheval sur la forme, ils estiment que cette sollicitude du pape argentin vis-à-vis du conflit en cours est partagée à Pékin, à Washington et même à Moscou et que le président ukrainien serait bien avisé de la prendre en compte et surtout de la respecter.
M. R.
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