Instruments de torture de Meyssonnier : la vente aux enchères suspendue
Les associations de défense des droits de l’Homme auraient eu le dernier mot : la vente aux enchères des instruments de torture légués par l’ancien bourreau français Fernand Meyssonnier n’aura finalement pas lieu comme prévu mardi prochain à Paris. Elle n’aura probablement jamais lieu. La large indignation qui a suivi l’annonce de cette vente pas comme les autres semble avoir dissuadé la maison Cornette de Saint-Cyr d’aller au bout de son «œuvre macabre». Dans un souci d’apaisement, cette maison de vente a décidé de suspendre l’opération. La collection d'armes de l'ancien bourreau d’Alger devait être mise en vente à la demande de la famille. Intitulée assez chastement «peines et châtiments d'autrefois », la collection a de quoi effrayer le visiteur. Elle est faite de 350 objets de torture qui rappellent l’horreur du colonialisme français en Algérie : une guillotine de 4 mètres de haut de 1897, une corde de pendaison dédicacée, une baignoire qui recevait les têtes coupées, une malle en osier destinée aux corps décapités, des écrase-mains, des écrase-pouces… La liste est longue. Fernand Meyssonnier, décédé en 2008, a procédé à 198 exécutions judiciaires en Algérie entre 1957 et 1962. Cette mise en vente de l’horreur a choqué de nombreuses personnalités. Henri Pouillot, du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), a sonné le tocsin. Cet ancien appelé de la Guerre d’Algérie, qui lutte depuis contre la torture, se demande «à qui est destinée cette vente ? Qui va acheter cette collection ? Des vampires ? Des fous ? Des barbares ou des gens normaux comme vous et moi ?». Le Mrap, Amnesty International, l’historien Gilles Manceron, Acat-France (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) et bien d’autres personnalités ont vivement dénoncé l’aspect ignoble et macabre d’une telle vente. Ces organisations comptent exiger que ces objets soient préemptés par le ministère de la Culture, afin qu’ils ne tombent pas entre les mains de fous. La maison Cornette de Saint-Cyr avait déjà tenté, en 2005, de vendre cette collection, toujours à la demande de la famille du bourreau. Sans y parvenir. Aujourd’hui, en 2012, date du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, elle remet le couvert. Mais la résistance est encore là…
Sofiane B.
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