L’indice du coût de la construction, une nécessité impérieuse

Le droit à un logement digne est une revendication inscrite dans l'accès «aux droits humains fondamentaux» et constitue un objectif intangible de développement durable. Eu égard au rôle qu'il joue dans la vie de toute personne, le logement est de toute évidence une condition sine qua non pour l'émancipation, la promotion et l'épanouissement de l'homme ; un moyen et une finalité de toute entreprise de progrès. Et il ne fait pas de doute que le logement conditionne profondément toute forme pouvant revêtir la vie socioéconomique du citoyen. Par les temps qui courent, la demande de logements est, certes, de plus en plus importante, la raison en est, non seulement une démographie galopante au taux de croissance de 0,96% (bien qu'il soit le plus bas en en Afrique), mais aussi et surtout une certaine sensibilisation, voire même une conscientisation du citoyen par le biais des médias. L'offre est, également, de plus en plus importante, ce qui dénote, d'abord, un engagement infaillible et témoigne, ensuite, d'un nouveau regard porté sur le secteur de l'habitat, et nous sensibilise, enfin, sur l'importance de l'effort colossal et inlassable déployé par l'État en matière d'habitat, depuis voilà des décennies, aux fins de réaliser un bond prodigieux au double plan qualitatif et quantitatif, à même de satisfaire les besoins, notamment ceux des économiquement faibles. C'est à ce titre qu'on observe aujourd'hui une évolution du taux de croissance du nombre de logements qui atteint 2,95% au moment même où ce taux ne dépasse pas 1,75% s’agissant de l'évolution du nombre de ménages. Décidément, cette démarche ne tient pas au hasard – sinon elle sera vide de sens – tant il est vrai qu'elle est le résultat d'une conviction profonde que le secteur de l'habitat occupe une bonne place, voire l'avant-scène dans les priorités de tous les citoyens – sans exclusive – et qu'il ne peut y avoir de progrès, si l'on ne garantit pas à l'homme les conditions élémentaires d'une vie décente où le logement figure en bonne place. Toutefois cela ne veut pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Loin de là. Assurément, il est également admis que le secteur de l'habitat n'est pas directement productif sur le plan économique, et la crise monétaire américaine de 2008 en est l'exemple type. A cet égard, d'ores et déjà, le marché immobilier français dévisse et la chute est rapide : les prix des logements anciens, tous biens confondus, ont reculé d'environ 3% et demeurant encore tirés vers le bas. C'est dire que l'activité du secteur de l'habitat n'ayant pour but que la promotion sociale de l'individu qui est, fin et fonction moteur, dans la dynamique du développement. Néanmoins, ce secteur est, tout de même, le leitmotiv de l'économie tunisienne, marquée par l'expansion des petites et moyennes entreprises. L'effet d'entraînement de ce secteur sur les autres secteurs est résumé de façon concise dans l'adage bien connu de tous : «quand le bâtiment va, tout va», du fait des divers facteurs qui concourent à l'acte de construire. Il est alors nécessaire de pouvoir connaître l'évolution des coûts du secteur de l'habitat, afin de prévoir les charges économiques d'une part et l'effet d'entraînement qu'il peut avoir sur le potentiel productif de le la nation. Néanmoins, actuellement, et à ma connaissance, il n'existe aucun moyen d'appréhender l'évolution des coûts, ce qui ne manque évidemment pas de donner lieu à des spéculations. Ainsi, la confection d'un indice du coût de la construction, traduisant le plus fidèlement possible l'évolution des prix, s'avère plus que nécessaire ; je dirai même indispensable et urgente, c'est une nécessité impérieuse. Il s'agit là d'un instrument économique jouant le rôle d'un thermomètre, tant pour l'administration que pour le citoyen et devant être calculé d'une manière périodiquement régulière. Je signale en passant qu'à partir de 1976, date de mon entrée à l'administration, et sous l'impulsion du Premier ministre de l'époque, on m'a confié de confectionner , avec les moyens de bord d'antan, un indice annuel du coût de la construction durant cinq années de suite et depuis, il n'en est plus question. Alors qu'en France, cet indice est calculé trimestriellement et de façon continue depuis 1953. Cette carence se fait d'autant plus sentir que le poids relatif au secteur de l'habitat, dans l'ensemble des charges de la nation, augmente considérablement, compte tenu des mesures entreprises à l'effet d'améliorer et de développer les logements dits économiques, destinés pour les familles à revenus limités et pour les jeunes couples, et qui vivent ces temps-ci une véritable mutation tant qualitative que quantitative tendant à aplanir les difficultés qui les caractérisent. Difficultés qui sont, il est vrai, structurelles et non conjoncturelles. Il est à espérer que le résultat de cette mutation vécue par le secteur de l'habitat soit probant, à la hauteur des attentes et sacrifices financiers consentis par le citoyen moyen qui, parfois, court derrière une lueur d'espoir de posséder un logement décent sans jamais arriver à réaliser son rêve légitime et loin d'être ambitieux. Rêve, du coup, devenu aujourd'hui, un véritable casse-tête chinois, une chimère. Même si la conception du logement est restée indifférente aux changements du mode de vie et de mentalité, et même si ce logement est le plus souvent inadapté à la situation familiale du citoyen à qui les intervenants incontournables du secteur, qui sont les promoteurs et les banquiers, imposent leurs lois et leur diktat. C'est ce qui explique que les prix des logements sont toujours orientés à la hausse d'une manière accélérée. Une telle situation me laisse, bien évidemment, songer à mille et une questions auxquelles on a point de réponses. Néanmoins, j'ai bon espoir et je crois de bon ton que la situation du secteur de l'habitat s'améliorera dans un contexte sociétal et spatial indéniablement en pleine mutation.
Fethy Haboubi, ingénieur statisticien
 

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