Des agressions islamophobes passées sous silence en France
Les agressions successives perpétrées ces derniers jours contre des femmes voilées à Argenteuil, une commune de la banlieue nord-ouest de Paris, ne semblent susciter aucune émotion dans la presse hexagonale, habituée pourtant à ruer dans les brancards à la moindre chamaille dans laquelle un juif est cité. L’information est passée presque comme un fait divers sur lequel il ne faut surtout pas s’attarder. L’islamophobie et le racisme ne suscitent pas la même réaction dans la presse française, notamment les médias audiovisuels, que les actes d’antisémitisme. Pourtant, les faits, très graves au demeurant, méritent qu’on s’y attarde. On savait que l’islamophobie, alimentée par le discours d’une partie de la classe politique française et des médias, commence à devenir «acceptable» dans une bonne partie de l’opinion. Mais de là à occulter une telle violence contre des femmes dont une a malheureusement perdu son bébé suite à une agression, il y a un pas que les pires xénophobes n’oseront pas franchir. Le ministère de l’Intérieur français a d’ailleurs reconnu la gravité des faits en affirmant «la détermination des autorités à retrouver les auteurs de ces agressions extrêmement graves», tout en promettant que «tous les moyens d'enquête seront mis en œuvre» pour cela. Le parquet de Pontoise a, entre temps, ouvert une information judiciaire sur cette affaire qui avait, rappelons-le, provoqué la colère des habitants des quartiers d’où sont issues les femmes agressées. La première victime, une jeune femme de 17 ans, a été agressée dans la rue, le 20 mai. Selon l'Observatoire national français contre l'islamophobie, elle a été jetée par terre, rouée de coups et traitée de «sale Arabe». La seconde, âgée de 21 ans, assure avoir été agressée par deux hommes le 13 juin, également dans la rue. Enceinte de quatre mois, elle a fait une fausse couche lundi dernier.
Amine Sadek
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