Soixante-dix professeurs de médecine défient Sellal
L’instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur l’application de l’âge légal du départ à la retraite dans la Fonction publique n’a pas trouvé son écho. Du moins pas dans le secteur de la santé. Pas moins de soixante-dix professeurs de médecine, recensés dans l’Algérois, refusent de quitter leur poste, a-t-on appris d’une source proche du dossier. Ces professeurs, nommés pour la plupart par décret en 1970, ont été destinataires de correspondances des directeurs des établissements hospitaliers sur ordre du ministère de la Santé. En vain. Constitués en lobby puissant, ces professeurs, dont l’âge dépasse les 70 ans, défient ainsi Sellal en remettant en cause son instruction «qui n’obéit à aucune logique médicale». Face à ces professeurs qui tirent leur puissance de leurs réseaux de connaissances de personnalités influentes au sein des différentes institutions de l’Etat, le Premier ministre s’avère impuissant. Sinon, comment expliquer que plusieurs mois après sa diffusion, l’instruction sur leur mise à la retraite n’ait toujours pas été appliquée ? Malgré la signature par l’ancien ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, de la circulaire relative à leur départ à la retraite, ils sont toujours en poste qu’ils veulent apparemment garder ad vitam ad aeternam. Pourtant, une exception a été faite pour cette catégorie de cadres du secteur en repoussant l’âge de leur départ à la retraite à 70 ans, avec possibilité de rester comme collaborateur du (nouveau) chef de service. Un arrangement qui n’a pas été offert aux autres catégories de travailleurs du secteur dont le départ à la retraite est systématique dès 60 ans. Pourquoi n’applique-t-on pas les textes en vigueur sur ces professeurs ? Qu’est-ce qu’ils ont de si puissant pour qu’ils défient l’autorité de l’Etat de cette manière ? Pour de nombreux observateurs, en cas de recul de l’Etat sur la question, il y a bien un risque que les autres catégories de travailleurs prennent exemple sur ces professeurs. Abdelmalek Sellal ira-t-il jusqu’au au bout de son instruction ou va-t-il capituler face à la détermination de ces professeurs intraitables ?
Hani Abdi
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