Une professeure d’anglais à la tête d’un lycée de… maths
Annoncée par l’ancien ministre de l’Education, Boubekeur Benbouzid, pour la rentrée scolaire 2012/2013, l’ouverture du nouveau lycée d’enseignement des mathématiques à Kouba a été retardée jusqu’à la semaine prochaine, a-t-on appris d’une source sûre. La direction de l’établissement aurait justifié ce report par l’absence de la quasi-totalité des élèves. «Il y avait une poignée d'élèves élèves présents sur les 150 inscrits, tous de l’intérieur du pays», a précisé notre source, ajoutant que même les professeurs n’étaient pas tous au rendez-vous. Cela commence mal pour ce lycée d’excellence qui veut devenir une référence en Afrique et dans le monde arabe. Premier du genre dans le continent, cet établissement dédié aux génies des maths – l’accès étant conditionné par une très bonne moyenne, plus de 16 sur 20 dans cette matière – peine ainsi à démarrer. Les observateurs avisés craignent ainsi que tous les efforts et l’argent mis dans ce projet soient «perdus», ou que le lycée soit détourné de sa vocation initiale. Ces craintes, ils les justifient d’abord par le choix des gestionnaires qui suscite des interrogations. La proviseure de ce lycée est une professeure d’anglais, ancienne proviseure du lycée Cheikh-Bouamama, ex-Descartes, dont la gestion n’était pas reluisante, nous confie notre source. De plus, confier un lycée spécialisé dans les mathématiques à une professeure d’anglais semble tout de même décalé, d’autant plus que l’Algérie ne manque pas de génies en la matière. La censeure, numéro deux dans la hiérarchie du lycée, est également issu des sciences humaines, puisqu’elle enseignait la langue arabe. Ce choix de responsables qui n’ont rien à voir avec la science enseignée soulève des interrogations dans le milieu scolaire et au sein des syndicats des enseignants de l’éducation nationale. Comme, d’ailleurs, la non-utilisation de toutes ses capacités. Comptant 1 000 places pédagogiques avec, bien sûr, un internat, ce lycée n’accueillera que 150 élèves au moment où les autres lycées à travers presque l’ensemble du territoire national sont pleins à craquer.
Sonia B.
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