Contrer l’offensive néolibérale et défendre les acquis des travailleurs
Par Noureddine Bouderba – Les partisans du libéralisme économique, confortés par le triomphe du capitalisme international et le recul des syndicats, mènent depuis deux décennies une offensive bien orchestrée contre les acquis des travailleurs obtenus après de grands sacrifices depuis plus d’un siècle. Partout dans le monde, les travailleurs et leurs syndicats subissent les assauts répétés des libéraux appuyés par la finance internationale et ses instruments : le FMI, la Banque mondiale, l'OCDE, l'Union européenne. Précarisation de l'emploi, mobilité du travailleur, plus de pénibilité et moins de protection en matière d'hygiène, de sécurité, de médecine du travail, fin de la sécurité sociale par répartition, individualisation des salaires et remise en cause de la négociation collective, des libertés syndicales et du droit de grève. Les pays en voie de développement comme l'Algérie sont mis en concurrence en matière de précarité et de baisse du coût du travail, ce qui se traduit par un nivellement par le bas des prétentions des travailleurs.Voilà résumés les axes d'attaque qui caractérisent cette offensive néolibérale à l'échelle planétaire. C'est dans ce cadre que s'inscrit le «nouveau contrat social» pour reprendre des termes du FMI. Termes repris par les représentants du patronat à plusieurs reprises (débats sur l’avant-projet du Code du travail, la Constitution…). Au plan national, le capitalisme spéculatif adossé à la rente a pris le dessus sur les forces productives et affiche clairement ses visées sur les richesses nationales, ambitionnant de prendre les commandes du pays et de contrôler tous les secteurs y compris ceux relevant de la souveraineté nationale. Le défi qui se pose aux travailleurs, à leurs syndicats et à toutes les forces nationales est la mise en échec de la politique qui consiste à remettre en cause le contrat social en vigueur qui est le produit du mouvement de libération nationale qui a vu les travailleurs et les syndicalistes consentir les plus grands sacrifices pour l’édification d’un Etat national souverain, fort et indépendant où règne la justice sociale. Ces mêmes sacrifices ont été renouvelés durant la décennie noire pour maintenir l’Algérie républicaine debout. Selon le FMI, la Banque mondiale et leurs relais nationaux, ce contrat social ne cadre plus avec le contexte actuel caractérisé, selon eux, par l’éclatement de la condition salariale et l’érosion par la mondialisation de toute politique nationale du travail à l’ombre du déclin de la syndicalisation qui relativise le rôle de la négociation collective et fait apparaître la nature non syndiquée de la relation de travail. Ainsi, ils nous proposent ou plutôt veulent nous imposer une révision radicale de la condition salariale en Algérie où le droit du travail protecteur du salarié sera transformé en droit du travail protecteur du capital. Cela passe par la généralisation de la précarité de l’emploi, par une individualisation des salaires pour les tirer vers le bas et par une limitation plus accrue des droits collectifs des travailleurs, notamment le droit syndical, de grève et le droit à la négociation collective. Cette remise en cause englobera la politique de protection sociale des couches défavorisées, le droit à la santé et ce qui reste de la médecine gratuite, le droit au logement et à l’éducation. Enfin, le système de sécurité sociale par répartition basé sur les principes de la solidarité est appelé à être démantelé pour être remplacé par un système par capitalisation soumis aux aléas des marchés financiers.
N. B.