Ali Benflis : «Nous ne suivrons pas la voie de l’injure»

Le président de Talaï El-Houriat, Ali Benflis, refuse d’aller sur le terrain de l’insulte et de l’invective qu’il considère comme le sport favori de ses détracteurs. «La modernité d’un parti politique se définit d’abord par la modernité de son projet politique», a-t-il souligné lors de sa conférence de presse aujourd’hui à Alger. L’ancien chef du gouvernement faisait allusion aux attaques virulentes du secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, contre lui et sa nouvelle formation politique. «Pour nous, la politique est d’abord une éthique : une éthique de comportement et une éthique de proposition. Elle est une somme de principes, de convictions, de valeurs et d’engagements sur la base desquels sont formulées des idées, des alternatives et des solutions», a-t-il précisé, refusant ainsi de suivre ses détracteurs «sur le chemin de l’invective et de l’injure car ce chemin n’est pas le nôtre, et nous l’éviterons jusqu’à notre dernier souffle». «Nous ne répondrons pas à nos détracteurs car nous aurions aimé leur faire face sur le terrain des idées, des propositions, des solutions et des projets politiques. Mais ils n’ont en pas», a-t-il soutenu. «Lorsque nous parlons de modernité politique au sein de Talaiou El-Houriyet dans d’autres endroits du paysage politique national, l’image qui est offerte de la politique et du politique ne sert qu’à les rabaisser et à les décrédibiliser davantage», a-t-il affirmé en s’adressant indirectement à son ancienne famille politique, le FLN de Saïdani. Ali Benflis veut ainsi rester sur le terrain des idées et des confrontations, des programmes et des projets politiques pour faire sortir le pays de la crise actuelle. «Nous ne permettrons jamais que notre attention soit détournée des véritables problèmes du pays : les périls qui pèsent sur l’Etat national, la gravité de la situation économique et la fragilisation de la société algérienne», a-t-il relevé, assurant qu’il va continuer à «parler de la République en péril, de la nation menacée dans sa cohésion et de la société dévitalisée et en perte de repères». Pour le président de Talaï El-Houriat, «le régime politique en place et tous les réseaux clientélistes qu’il a constitués autour de lui sont dans un état d’incertitude quant à l’avenir et de désarroi face à tous les problèmes qui s’accumulent et qui échappent de plus en plus à leur contrôle». Ali Benflis rappelle avoir fait le constat de la vacance du pouvoir au lendemain de la présidentielle d’avril 2014. «Je vous avais dit dès le 18 avril de l’année dernière, dans une conférence de presse comme celle-ci, que l’élection présidentielle n’avait pas servi à l’élection d’un président de la République mais à la reconduction d’une vacance du pouvoir ; cela est un fait aujourd’hui bien établi. Je vous avais ensuite dit que cette vacance du pouvoir allait avoir un effet boule de neige et (qu’)elle entraînerait une cessation d’activités des institutions et de l’administration publiques ; ce résultat est sous vos yeux, et rares sont ceux qui le contestent encore», a-t-il souligné. «Tout le monde constate que des forces intruses et occultes ont bel et bien pris possession du centre de la décision nationale aux lieu et place de son titulaire constitutionnel», a-t-il poursuivi, considérant que «ce scénario tragique pour notre pays s’est déroulé comme il le devait inévitablement, et il en est aujourd’hui à son ultime phase». L’ancien rival du président Bouteflika estime que cette vacance est devenue «difficile à gérer ; la quasi-cessation d’activité des institutions et de l’administration publiques n’est plus tenable, et ceux qui ont pris possession de fait du centre de la décision nationale se sentent en position d’imposer leur propre solution de la crise de régime dont la longue vacance du pouvoir a été le déclencheur et dont elle est responsable». Interrogé sur les propos du président français sur la santé de Bouteflika et ses capacités à continuer à diriger le pays, Ali Benflis a indiqué que les Algériens n’ont pas besoin d’un diagnostic d’un responsable étranger pour comprendre que le poste du «président de la République est vacant depuis plus d’une année». Pour Benflis, cette vacance est vécue quotidiennement par les citoyens.
Rafik Meddour
 

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