Un front pro-Bouteflika : Saïdani court-circuite Ouyahia
Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saïdani, lève le voile sur son initiative de soutien au chef de l’Etat. Une initiative qu’il a annoncée au lendemain de la proposition faite par Ahmed Ouyahia pour ressusciter la défunte «Alliance présidentielle». Le patron du FLN dessine ainsi les contours de «son» initiative qu’il présente comme bien plus importante qu’une «simple» alliance de partis politiques. Pour ce chef de l’ex-parti unique, le front de soutien au président Bouteflika doit être plus large que le strict périmètre partisan. Dans une allocution à l’ouverture des travaux du comité central aujourd’hui à l’hôtel El-Aurassi, Amar Saïdani assure vouloir «rassembler les forces vives du pays autour d'une même dynamique». Le FLN propose, explique-t-il, «la formation d’un nouveau front de soutien au programme du président de la République sous forme d'initiative politique nationale qui s’adresse à tous les partisans du dialogue et de la concertation en tant que moyens de règlement de nos différends et de resserrement de nos liens nationaux». Autrement dit, contrairement à l’appel du chef du RND, Amar Saïdani dit tendre la main même à l’opposition partisane du dialogue et de la concertation. Une opposition, faut-il le rappeler, à laquelle il a déjà tourné le dos. Le cas de l’initiative du FFS pour une conférence nationale du consensus reste édifiant. Aussi Amar Saïdani a-t-il rejeté l’offre d’une alliance présidentielle proposée par Ahmed Ouyahia. Comment Saïdani compte-t-il unir toutes «ces forces vives» dont il parle ? Selon lui, «cette initiative est ouverte à tous les partis politiques agréés, aux organisations syndicales et professionnelles, au patronat, au mouvement associatif, aux médias, à la société civile et aux personnalités nationales indépendantes». Elle s’adresse également à tous ceux qui désirent contribuer – avec l'Etat et sous sa coupe – au développement de l’Algérie. Amar Saïdani signifie ainsi que les initiatives qui ne se déroulent pas sous la coupe de l’Etat ne sont donc pas les bienvenues. Ce front, s’il voit le jour, va contribuer à «la préservation de la paix et de la stabilité, la poursuite du processus de réconciliation nationale et la consolidation de la justice sociale». Et Amar Saïdani tient aussi à sa proposition faite au président de la République de consacrer la journée du 29 septembre «Journée de réconciliation nationale et d’espoir». Autre sujet évoqué par le SG du FLN, la révision de la Constitution. M. Saïdani a indiqué que les propositions de son parti sur ce projet avaient pour objectifs le renforcement l’Etat de droit «à travers des dispositions visant à assurer l’équilibre des forces au sein des institutions, consolider l'indépendance de la justice et élargir les prérogatives du Parlement et des instances de contrôle». Pour lui, le chef de l’Etat est décidé à consacrer son 4e mandat à l’instauration d’«un véritable Etat civil». Sans expliquer comment il compte faire, lui qui a déjà gouverné pendant quinze ans. Le secrétaire général du FLN n’a cependant pas commenté, dans son allocution, l’actualité politique et économique nationale. Il n’a pas évoqué les changements au sein de l’armée, à laquelle il a consacré une phrase par laquelle il vantait «les efforts consentis par l'Armée nationale populaire (ANP) en vue de s’adapter aux nouvelles exigences et de développer les moyens matériels de défense du pays». Peut-être le fera-t-il lors de la conférence de presse prévue pour ce soir…
Rafik Meddour