Rebrab politise son conflit avec le gouvernement et incite ses travailleurs à manifester dans la rue
Réuni mercredi à Béjaïa, le comité de participation du groupe agroindustriel Cevital a appelé les travailleurs de toutes les unités, à travers le territoire national, à des marches pacifiques pour exprimer leur soutien au PDG du groupe, Issad Rebrab, a appris Algeriepatriotiquede sources sûres. Ce comité composé de délégués des travailleurs des deux principales raffineries du groupe, sises à Béjaïa, a pris cette décision sur instigation de la direction, en réponse à la menace d’arrestation évoquée mardi dernier par Issad Rebrab, lui-même, lequel avait parlé de l’existence d’un mandat d’arrêt lancé contre lui par les autorités algériennes. Accusation qui a été démentie le jour même par des membres du gouvernement et le directeur général de la Sûreté nationale. Le comité de participation de Cevital compte battre le rappel des troupes au niveau de toutes les wilayas où se trouvent des unités du groupe, mais n’a pas encore fixé de date. Selon nos sources, instruction a été donnée aux travailleurs mobilisés pour cette action inédite de porter, pendant les manifestations, des casquettes distinctives de Cevital afin d’éviter toute intrusion et de repérer ainsi d’éventuels perturbateurs. Considéré comme le premier groupe agroindustriel d’Algérie et d’Afrique, Cevital compte au total plus de 14 000 travailleurs en Algérie. Nous apprenons que des marches sont programmées principalement au chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, qui abrite la plus grande unité du groupe qui emploie près de 6 000 travailleurs, mais aussi à Tizi Ouzou, à Alger, siège de la direction centrale, Bouira, Sétif, Constantine, Bordj Bou-Arréridj et Oran. Algeriepatriotique révélait, en juin 2012, que ce magnat du sucre avait l’intention de se lancer dans la politique, en se présentant à la présidentielle d’avril 2014. Notre site se référait à des indiscrétions qui avaient affirmé qu’Issad Rebrab avait déjà constitué le noyau de son équipe de campagne formée de plusieurs personnalités, dont d’anciens ministres. Des observateurs avaient interprété, alors, la parution de sa biographie écrite par le professeur à l'Ecole des hautes études commerciales de Montréal, Taïeb Hafsi, et publiée par une maison d’édition dont il est proche, comme un signe de sa volonté d'entrer dans le monde politique. «L'ouvrage ressemble plus à un programme de candidat qu’à un livre de chevet», avaient ironisé ces observateurs. Mais Rebrab ayant compris que le quatrième mandat était acquis au candidat sortant, il a préféré attendre que les conditions lui soient plus favorables pour briguer la plus haute fonction de l’Etat. Propriétaire d’un quotidien francophone, Issad Rebrab aurait racheté récemment un journal électronique pour renforcer sa présence médiatique, peut-être en prévision des prochaines échéances. En forçant ses 14 000 travailleurs à battre le pavé, Issad Rebrab veut ainsi montrer qu'il peut occuper la rue, dans un contexte de vide politique qui fait craindre le pire et dont les conséquences risquent d’être périlleuses pour le pays.
Karim Bouali