Lamamra au journal Le Monde : «L’Algérie tient au principe de non-intervention hors de ses frontières»
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, exclut toute velléité interventionniste dans la région au nom de la sécurisation de ses frontières bien minées par la menace terroriste grandissante avec le chaos libyen. Dans une interview accordée au quotidien français Le Monde, au terme de sa visite de travail à Paris, le chef de la diplomatie algérienne souligne que rien ne va faire revenir l’Algérie sur ce principe bien établi et respecté depuis son indépendance. «C’est un principe bien établi et respecté par l’Algérie. Cela ne signifie pas que l’Algérie n’a pas d’autres moyens d’action que de déployer des unités militaires de combat à l’extérieur de ses frontières», a souligné Ramtane Lamamra, selon lequel l’Algérie a un réseau d’amitiés et elle coordonne son action tant au niveau de la diplomatie que de ses services de sécurité. «La sécurité nationale de l’Algérie est servie par l’Armée nationale populaire, qui est mobilisée au prix d’un effort gigantesque déploiement tout au long de nos frontières, mais aussi par ses relations suivies avec un certain nombre de pays amis», a ajouté le chef de la diplomatie algérienne. Le MAE algérien estime que l’Algérie connaît trop bien les affres du terrorisme pour en sous-estimer la menace. «Nous avons perdu trop de vies humaines pour nous permettre de sous-estimer la menace terroriste. Il fut un temps où beaucoup de personnes sortaient de leur maison le matin sans savoir si elles y reviendraient», a-t-il dit, ajoutant que «le terrorisme constituait alors une menace à la sécurité nationale». «Il peut aujourd’hui y avoir des incidents terroristes, même graves, mais cela reste limité dans l’espace, dans le temps et dans l’impact que cela peut avoir sur la vie de la nation», a-t-il poursuivi. «J’en suis persuadé. L’Algérie est un pays qui n’a pas seulement vécu le terrorisme mais l’a défait par ses propres moyens. Aujourd’hui, l’Algérie est mieux écoutée et souvent plus suivie», a-t-il insisté. Ramtane Lamamra est revenu sur la situation en Libye qui impacte directement la sécurité dans toute la région. Il considère que l’échec, jusque-là, du dialogue interlibyen sous l’égide des Nations unies est dû à de multiples facteurs : les égoïsmes, les incertitudes, les frustrations… M. Lamamra estime que ces sentiments doivent pouvoir laisser la place à un sentiment plus fort : le patriotisme. «Sauver la Libye, voilà la boussole qui doit guider les uns et les autres. Je ne veux faire la leçon à personne mais l’heure est grave. Et les Libyens ont cette possibilité de se retrouver pour construire l’avenir», a-t-il martelé. Les efforts, selon lui, vont se poursuivre pour ramener la paix dans ce pays et dans toute la région et le Sahel. Ramtane Lamamra a relevé, par ailleurs, la qualité du partenariat d’exception et multidimensionnel entre l’Algérie et la France. Bâti sur la qualité du dialogue politique, ce partenariat touche à tous les domaines. «Jamais nous ne nous sommes autant vus, jamais nous ne nous sommes parlé de façon aussi approfondie. L’économie a sa part. Il y a beaucoup de projets de partenariats qui se mettent en place. Sur le plan sécuritaire, nous avons des contacts fréquents, des visites, du ministre de la Défense M. Le Drian, des chefs d’état-major», a-t-il conclu.
Rafik Meddour