L’Arabie Saoudite a formé la «coalition antiterroriste» sans avertir les pays concernés
Les médias arabes ont révélé que le Pakistan n’était pas au courant qu’il faisait partie de la coalition de 34 pays musulmans mise sur pied par le régime saoudien pour combattre «tous les terrorismes». Les dirigeants pakistanais ont salué la formation de la coalition tout en signalant qu’ils n’ont pas été consultés sur cette initiative et qu’ils n’en ont pris connaissance qu’après son annonce par Riyad, une annonce qui les a d’ailleurs surpris, et qui, semble-t-il, ne les engage pas. Selon d’autres sources, la Malaisie également a été mise devant le fait accompli. Ce pays musulman jeté dans le sac des «34» par le régime saoudien a démenti être partie prenante de la coalition. Cette information est révélatrice du mépris des Saoudiens pour leurs «obligés», tous ces pays musulmans et arabes que l’Arabie Saoudite «nourrit» et desquels elle attend un renvoi d’ascenseur «sans discuter» et «sur le champ» ! Riyad a, donc, constitué son alliance sans même avoir auparavant consulté les pays qui la composent ! Cette coalition est de toutes les façons vouée à l’échec et c’est la véritable raison du refus de l’Algérie d’en faire partie. De plus, l’Algérie n’a pas l’habitude de recevoir des ordres ou d’être commandée par un autre pays, qui plus est, lorsque celui-ci est pourvoyeur de terroristes et propagateur de wahhabisme, cette doctrine religieuse extrémiste, source de tous nos maux. Le régime saoudien a donné le ton en précisant que sa coalition est dirigée contre tous les terrorismes, dans le but évident de semer la confusion et de produire un amalgame qui sert les visées de Daech et Al-Qaïda. Cette manœuvre rappelle celle qui avait été adoptée par les promoteurs du «qui tue qui» qui avaient commencé par se dire opposés à «la violence d’où qu’elle vienne». La suite, on la connaît. Cette thèse a été détruite par les faits qui ont fini par éclairer l’opinion publique sur la réalité du terrorisme et permis de distinguer entre les criminels qui agissent en son nom et les forces anti terroristes qui le combattent. On sait que le régime saoudien et ses alliés du Golfe, en particulier le Qatar, veulent faire passer des pays comme l’Iran, l’Irak et la Syrie comme «terroristes», c’est d’ailleurs l’argument avancé par les Saoudiens pour justifier leur absence de la coalition. Et comment expliquer l’absence de l’Algérie sur la liste des coalisés ? Les «experts» qui parlent au nom de Riyad restent muets sur ce point, et leur prudence se comprend : l’Algérie est un pays indépendant, une indépendance chèrement conquise, et sa politique étrangère, en particulier quand elle concerne la défense, est mûrement réfléchie sur la base de principes dont l’expérience a montré qu’ils sont immuables. Cela dit, l’Algérie est résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme à travers l’éradication de ses résidus sur son territoire et la coopération internationale établie avec ses partenaires. Le rôle déterminant de l’Algérie dans ce domaine est reconnu par tous les pays qui sont confrontés au terrorisme. A quoi va servir la coalition saoudienne, si ce n’est, dans les faits, à chercher à neutraliser les véritables forces antiterroristes ? En inscrivant dans sa démarche, un volet idéologique (le wahhabisme en parallèle au volet sécuritaire (renseignement et action militaire), Riyad confirme sa volonté de dénaturer la lutte antiterroriste. Enfin, il n’est pas exclu que l’intention du régime saoudien, derrière sa coalition, soit de «légaliser» le mercenariat et de le propulser à une échelle plus grande.
Kamel Moulfi