Ahmed Ouyahia en campagne post-Constitution sur fond de guerre froide avec le FLN
Ahmed Ouyahia ne se contente plus de conférences de presse et de regroupements organiques prévus dans les statuts. Le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND) décide d’intensifier son activité politique, en allant sur le terrain au contact des militants du parti mais aussi de la population. Ainsi, le 20 février prochain, Ahmed Ouyahia ira dans la wilaya de Skikda pour animer un meeting populaire où il parlera de la situation nationale, à la fois du point de vue politique, économique, sécuritaire et social. L’actuel directeur de cabinet de la Présidence de la République est à sa première sortie sur le terrain depuis son retour, inattendu, à la tête du RND le 10 juin 2015. Ce premier meeting d’Ahmed Ouyahia intervient dans un contexte politique marqué par une véritable guerre froide entre le RND et le FLN. Le premier responsable de l’ex-parti unique avait promis de «s’occuper» d’Ahmed Ouyahia après l’adoption de la nouvelle Constitution. La nouvelle loi fondamentale a été, en effet, adoptée par le Parlement le 7 février. Et l’équipe d’Amar Saïdani n’a pas trop attendu pour tirer à boulets rouges sur le directeur de cabinet de la Présidence de la République. Sadek Bouguetaya, membre du bureau politique et chargé de l’organique, a affirmé dans une déclaration à la chaîne de télévision d’expression arabe El Bilad que le FLN, base et direction, refuse que le Premier ministre soit Ahmed Ouyahia, en réponse à la rumeur selon laquelle le secrétaire général par intérim du RND va succéder à l’actuel chef de l’Exécutif, Abdelmalek Sellal, lors d’un éventuel remaniement qui aurait lieu après la promulgation de tous les textes relatifs à la nouvelle Constitution. La guerre des mots et de positionnement entre le FLN et le RND, qui a commencé depuis le retour d’Ahmed Ouyahia à la tête de son parti, risque ainsi de s’accentuer. On se rappelle encore les échanges acides entre les responsables de ces deux formations politiques au pouvoir sur les résultats des élections partielles au Sénat mais aussi sur le fameux article 51 de la nouvelle Constitution qui exige la nationalité algérienne exclusive pour l’accès à certaines hautes fonctions de l’Etat. Malgré les explications d’Ahmed Ouyahia, en sa qualité de directeur de cabinet de la Présidence de la République et le meneur des consultations sur la révision de la Constitution, Amar Saïdani ne cesse de critiquer cette disposition. Mais la guerre des mots entre les deux hommes, qui est symptomatique d’un manque de cohésion au sein du sérail, ne remonte pas à la révision de la Constitution. Le retour sur un tapis rouge d’Ahmed Ouyahia à la tête du RND a été mal perçu par Amar Saïdani et sa clique. Homme des grands dossiers, qui a roulé sa bosse dans les institutions de l’Etat, Ahmed Ouyahia a vite redonné de la voix à un RND presque inaudible sous Abdelkader Bensalah. En multipliant les conférences de presse, Ahmed Ouyahia s’est vite attiré les foudres de son rival, Amar Saïdani, qui enchaîne les attaques contre lui. Il est allé jusqu’à l’accuser de confondre sa fonction à la Présidence de la République et celle de chef de parti politique. Le fait que le RND ait pu préserver ses sièges au Conseil de la nation a beaucoup attiré les tensions entre ces deux formations déjà en compétence ouverte en prévision des échéances électorales futures. Les sorties d’Ahmed Ouyahia sont à mettre sur ce registre. Même si le secrétaire général par intérim du RND est en pleine préparation du congrès du parti qui aura lieu en mai prochain. Autrement dit, Ahmed Ouyahia, qui a évité de polémiquer avec son rival du FLN, semble ainsi passer à l’offensive au moment où Amar Saïdani disparaît des radars !
Sonia Baker